Oumar, le deuxième calife"Le Calife blessé fut transporté dans sa famille, et le soleil étant sur le point de se lever, `Abdul-Rahmân B. `Awf dirigea la prière à la place de `Omar, en se contentant de lire les deux plus courtes sourates. On apporta à `Omar du vin de datte dont on lui fit boire. Il ressortit à travers la blessure, et on ne pouvait pas le distinguer du sang. Puis, on lui fit avaler du lait, qui ressortit lui aussi à travers sa blessure. On lui dit, pour le rassurer : "Vous n'avez rien de bien grave". La Désignation des Electeurs et du Mode d'Election du Successeur
`Omar fit venir `Abdul-Rahmân, lequel s'appliqua à étancher ses blessures. Puis il convoqua `Alî, `Othmân, Zubayr et Sa`d B. Abî Waqqâç et leur dit qu'il avait choisi six parmi les Compagnons du Prophète pour élire l'un d'entre eux comme son successeur. C'étaient, `Abdul-Rahmân B. `Awf, `Othmân B. `Affân, `Ali B. Abî Tâlib, Sa`d B. Abî Waqqâç, Zobayr B. `Awwâm et Talha B. `Obaydullâh. Ce dernier étant absent de Médine sur le moment, `Omar demanda aux autres de l'attendre trois jours, et de procéder à l'élection entre eux, s'il ne se présentait pas dans ce délai. Entre-temps, dit-il, Sohayl dirigera les prières publiques. Lorsque les personnes convoquées repartirent, il appela Miqdâd B. Aswad Kind, un Compagnon vétéran du Prophète, et lui demanda de réunir les électeurs dans un endroit après sa mort. En même temps, il ordonna à Abû Talha Ançâr, un guerrier d'un certain renom, de prendre position à la porte dudit endroit avec cinquante hommes afin d'empêcher quiconque, excepté son fils `Abdullâh Ibn `Omar, de s'approcher des électeurs, et il donna des instructions précises pour que l'élection ne durât pas plus de trois jours. Puis, s'adressant à son fils, le Calife dit : "Sois vigilant, `Abdullâh ! Tu dois avoir une voix dans l'élection. Au cas où ils seraient en désaccord, sois avec la majorité, ou si les voix étaient à égalité, tu devrais choisir le groupe qui comprendrait `Abdul-Rahmân; et si la minorité résistait, elle devrait être décapitée sur-le-champ". Remarque : Tous ces faits laissent penser qu'il s'agissait d'un étonnant plan du Calife mourant, `Omar, pour liquider `Ali ! En effet, Sa`d et `Abdul-Rahmân étaient des cousins, et le dernier étant marié à la soeur de `Othmân, était devenu son allié. Ces trois étaient donc des alliés sûrs qui se soutenaient mutuellement. `Abdullâh Ibn `Omar, se rangeant selon la volonté de son père du côté de `Abdul-Rahmân, était destiné à former la majorité prévue par `Omar. De la minorité `Alî étant le seul prétendant éprouvant une amère déconvenue, on pouvait logiquement s'attendre à ce qu'il résistât et fût par conséquent décapité sur-le-champ. `Alî fit part, à son oncle al-`Abbâs, de sa certitude d'être écarté du vote dans le conclave. Al-`Abbâs lui conseilla de ne pas participer à la fausse élection, mais `Alî ne l'écouta pas, voulant éviter d'être blâmé de s'être abstenu et de négliger de revendiquer son droit au bon moment. La foule s'était rassemblée aux portes de la maison du Calife blessé, et il était maintenant permis de venir le voir. Selon un récit, Ibn `Abbâs eut une longue conversation avec `Omar, pendant laquelle il essaya de convaincre `Omar des droits de la famille du Prophète au Califat, mais le Calife ne voulait voir dans cette revendication qu'une question de jalousie. Cela montre que l'inclusion du nom de `Alî dans le conclave n'était pas par bienveillance envers lui, mais seulement dans l'intention de créer une occasion d'en finir avec lui une fois pour toutes. `Omar était connu comme un avocat acharné de la vengeance et comme étant de tempérament féroce et impatient. Il était toujours prêt à dégainer son épée pour mettre à mort un prisonnier. Les gens se mirent à faire l'éloge du Calife blessé, en lui disant : "Tu étais ceci et cela", mais il répondait : "Cependant par Allah, j'aurais aimé pouvoir m'échapper du Jugement avec ceci pour richesse : je ne dois rien et on ne me doit rien, et que la compagnie du Messager de Dieu soit une sécurité pour moi". Puis Ibn `Abbâs le loua, mais `Omar dit : "Si je possédais la totalité de la terre en or, je le donnerais sûrement pour ne pas subir la terreur du Jour de la Résurrection". Parfois `Omar s'exclamait : "J'aurais voulu que ma mère ne m'ait pas mis au monde", ou "J'aurais préféré être un brin d'herbe". `Omar avait été poignardé le mercredi 26 Thilhaj de l'an 23 et fut enterré le dimanche ler Moharram de l`an 24 A.H. Il avait environ soixante-trois ans au moment de sa mort. Sohayl pria sur la civière avec quatre Takbîrs. `Omar fut enterré à côté de son ami Abû Bakr, près du tombeau du Prophète. II régna pendant dix ans, six mois et quatre ou huit jours. Il rapporta cinq cent trente-neuf hadiths du Prophète. L'Apparition de `Omar dans les Rêves après sa Mort
Ibn Sa`d rapporte, de Salim Ibn `Abdullah Ibn `Omar, qu'il dit avoir entendu un homme des Ançâr raconter qu'il avait prié Dieu pour qu'il revoie `Omar en rêve, et qu'il l'avait vu effectivement, dix ans après : Il transpirait du front. Il lui avait demandé : "Ô Prince des Croyants, que faisais-tu ?" `Omar lui aurait répondu : "C'est tout juste maintenant que je me suis libéré du jugement, et sans Miséricorde de Dieu, j'aurais péri". Selon Zayd B. Aslam, `Abdullah B. `Amr al-`Âç avait vu `Omar dans un rêve et il lui avait dit : "Tu es parti si tôt !" `Omar lui aurait répondu : "Depuis combien de temps vous ai je quitté ?" Il dit : "Depuis douze ans". `Omar de répondre : "C'est seulement maintenant que je me suis libéré du jugement".
|