Oumar, le deuxième calife



2. Te commande de n'entrer dans une maison que par la porte, et t'interdit notamment de l'introduire par l'arrière de la maison comme tu viens de le faire (Sourate al-Baqarah, 185);

3. t'enjoint de ne pas entrer dans une maison sans l'autorisation de ses occupants, et de les saluer une fois entré après avoir obtenu leur autorisation (Sourate al-Nûr, 27)". `Omar, se sentant honteux d'ignorer ces vérités coraniques, leur demanda pardon pour cette intrusion, en contrepartie, dit-il, du pardon qu'il leur accorda pour leur péché. L'homme promit avec repentir de ne plus recommencer, et le Calife, ayant obtenu leur pardon, partit.

Un jour, alors qu'il marchait dans la ville, `Omar vit un beau jeune homme robuste des Ançâr. Désirant entrer en contact avec lui, il lui demanda un peu d'eau à boire. Le jeune homme lui offrit un verre plein de sirop à base de miel. `Omar manifesta son indignation devant ce luxe en invoquant ce verset coranique : "Vous avez déjà dissipé les excellentes choses dont vous jouissiez durant votre vie sur la terre". Le jeune homme enchaîna tout de suite : "Et le Jour de ceux qui auront été incrédules seront exposés au Feu, on leur dira : "Vous avez déjà dissipé les excellentes choses dont vous jouissiez durant votre vie sur la terre" (Sourate al-Ahqâf, 20). Ainsi, rajoutant la première partie du verset cité par le Calife, il fit remarquer que le dit verset concerne les Infidèles et non les Croyants. `Omar, but alors la boisson et s'exclama : "Les gens connaissent mieux que moi les Commandements du Coran".

Un autre jour, du haut de la chaire, `Omar ordonna que les gens s'abstiennent de porter le montant de la dot d'une femme au-delà de quatre cents dirhams, sous peine de voir la somme excédante confisquée par l'Etat. Une femme se leva alors sur-le-champ et protesta contre cet ordre, disant : "Ô Fils de Khattâb ! Est-ce qu'il faut suivre la Parole de Dieu ou la tienne ?" `Omar répondit : "Non, ce n'est pas ma parole, mais Celle de Dieu", Là, la femme récita ce verset coranique : "Si vous voulez échanger une épouse contre une autre, et si vous avez donné un quintar d l'une des deux n'en reprenez rien. Le reprendre serait une infamie et ton péché évident" (Sourate al-Nisâ', 24). `Omar, là encore, reconnaissant que non seulement les hommes, mais les femmes aussi connaissent les injonctions du Coran mieux que lui, retira son ordre.

Le Sens du Jugement de Omar

`Abdul-Razzâq rapporte qu'une femme alla voir `Omar un jour et lui dit : "Mon mari se lève la nuit pour prier, et jeûne toute la journée". `Omar lui répondit : "Mais tu as beaucoup fait l'éloge de ton mari". Ka`b B. Siwâr s'étonna à cette réponse : "Mais elle est venue se plaindre de son attitude !" `Omar dit : "Comment ?" Il répondit : "Elle veut dire qu'elle n'a pas sa part de la compagnie de son mari". `Omar lui dit : "Si tu le crois juge donc entre eux". Ka`b fit : "Ô Prince des Croyants ! Le Seigneur lui a permis d'avoir quatre femmes, de consacrer à chacune un jour sur quatre et une nuit sur quatre"

Jabir Ibn `Abdullah se plaignit une fois devant `Omar du traitement que lui réservaient ses femmes. `Omar lui dit : "J'ai vraiment le même problème, au point que lorsque je demande quoi que ce soit, ma femme me dit : "'Tu cours seulement après les filles d'une certaine tribu, et tu les guettes".

Les Erreurs Judiciaires de Omar

Après la mort de `Otbah, le Gouverneur de Basra, `Omar nomma Moghîrah B. Cho`bah (l'un de ceux qui avaient apporté beaucoup d'assistance à `Omar et Abû Bakr lors de l'élection de la Saqîfah) à sa place en l'an l5 A.H. C'était un homme d'aspect repoussant, borgne, roux et aux manières rudes. Dans sa jeunesse, il avait commis un meurtre à Tâ'if. Son harem se composait de quatre-vingts femmes et malgré cela ses passions vagabondes n'étaient pas satisfaites. Om Jamîl, femme de Hajjâj B. `Atîq et fille d'Afqam, de Banî Amîr, avait l'habitude de rendre visite à Moghîrah, en privé. C'était une femme de mœurs relâchées, et on savait qu'elle avait des relations sexuelles avec quelques autres notables de Basrah. Etant donné que Moghîrah n'était pas aimé des gens à cause de ses mauvaises mœurs et de ses habitudes vicieuses, il faisait l'objet du mépris et de la haine de la petite noblesse qui surveillait sa conduite. Abû Bekrah, un notable important de Basrah, qui vivait en face de la maison de Moghîrah, était assis un jour chez lui avec quelques amis. Soudain le vent souffla et ouvrit la fenêtre. Lorsqu'il se leva pour la refermer, son œil tomba sur une scène révoltante qui se déroulait dans la chambre d'en face entre Moghîrah et Om Jamil. Il appela alors ses amis Nâfi`, Ziyâd et Chibel, qui devinrent eux aussi les témoins de l'adultère et identifièrent Om Jamil lorsqu'elle se releva. Tout de suite après, Moghîrah sortit pour diriger la prière publique comme d'habitude. Les témoins le traitèrent publiquement d'adultère et rapportèrent immédiatement le scandale au Calife `Omar, à Médine. `Omar convoqua Moghîrah pour répondre à des accusations dont il faisait l'objet. Devant `Omar il nia les faits et dit que c'était sa femme que les accusateurs avaient prise pour Om Jamîl. Les témoins, Abû Bekrah, Nâfi` et Chibel firent leur déposition de telle sorte qu'ils ne laissèrent aucun doute sur la culpabilité de l'accusé. Mais il fallait encore un quatrième témoin à charge pour que la preuve fût admise.

Il s'agissait de Ziyâd, auquel, dès qu'il se présenta (selon Ibn Khallakan), `Omar dit : "Voilà l'homme qui peut sauver un Moghîrah". Et lorsque ce quatrième témoin fit sa déposition, des failles y apparurent. Le Calife ordonna alors, et sans se soucier d'une erreur judiciaire, que les témoins qui avaient été à l'origine de l'accusation fussent fouettés conformément à la loi et que l`accusé fût relâché. "Frappe fort et réconforte mon coeur !", cria le coupable cynique à l'adresse du ministre de la loi, hésitant. "Silence !", lui dit `Omar. "Il s'en est fallu de peu que tu n'aies été déclaré coupable, et lapidé ensuite jusqu'à la mort comme adultère". "Le coupable se tut mais sans être confus".

Par la suite, `Omar dira à Moghîrah : "Chaque fois que je te vois, je crains que des pierres ne tombent sur moi du Ciel". En l'an 2l A.H. (6423 A.J.C.), Moghîrah fut nommé à nouveau par `Omar, Gouverneur de Kûfa.

Omar Surveille les Citoyens

Une nuit, alors qu'il effectuait son tour habituel dans la ville, `Omar entendit une femme arabe chanter : "Cette nuit, alors que les étoiles errent dans leur vaste voyage, je m'ennuie.



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