L’ISLAM , UNE RELIGION DES FRANCS AU 7e SIECLE



Comment l’Islam se vit-il quand il n’est pas majoritaire ?

1 - Pluralité d’Islam(s)

1.1 Arabes & arabisés :Iraniens, Turcs, Indiens, Chinois, Malais, Somalis, Ethiopiens et Soudanais
1.2 Quatre aires culturelles avec affinités civilisationnelles : Arabes et berbères, Irano-Indiens, Turcs, Malais et Noirs.
1.3 Articlesité constatée au pèlerinage de La Mecque (les drapeaux indiquent plus de 100 nationalités): ·         Arabes d’Orient ; ·         Des gens du Machreck : Égyptiens, Syriens, Jordaniens, Soudanais, Palestiniens, Libanais, Irakiens, Koweitiens, Saoudiens, Yéménites ; ·         des musulmans orientaux non arabes : Turcs, Iraniens, Afghans et Kurdes). Dans ce dernier groupe peuvent aussi figurer la majorité des musulmans de l’exURSS :Ouzbeks, Kazakhs, Azéris, Turkmènes et Kirghizes, de même que les Ouïgours de Chine, tous turcophones ; ·         Des Maghrébins : Algériens, Marocains, Tunésiens, Mauritaniens, Libyens, lesquels sont soit arabes soit berbères : Kabyles, Chleuhs, Rifains, Mozabites... ·         des Noirs d’Afrique : Nigérians, Sénégalais, Nigériens, Maliens ; ·         des Asiatiques : Pakistanais, Bangladeshis, Indiens, Chinois, Indonésiens, Malais ; NB : Le ministère du hajj saoudien classe les pèlerins en 6 secteurs principaux : États arabes, États du Sud-Est asiatique, pèlerins de Turquie et musulmans d’Europe et d’Amérique, États de l’Asie du Sud, pèlerins iraniens et États de l’Afrique non arabe. Seul sous le vêtement du pèlerin (irhâm) tous sont égaux dans la soumission (islam) égaux pour les pratiques à observer, égaux dans les paroles arabes à prononcer (comme Allah akbar) et dans la récitation du Coran.

2. LES TRAITS COMMUNS AUX SOCIÉTÉS ISLAMIQUES

2.1   Islam savant et islam populaire
Divorce. Le peuple a introduit des superstitions, des cultes, des élans, des maîtres, une confrérie, la vénération de personnages religieux, des cultes envers des " saints ", capables de faire des " miracles " !

2.2 Le culte des saints
" L’homme de religion " = cheikh, marabout, mollah, faqih... a toujours une influence. Sont vénérés ceux qui connaissent le Coran et les sciences religieuses. Chaque village a son école coranique et son savant qui connaît le Coran par cÅ“ur... Cela n’est l’islam de l’époque abasside ! Le peuple veut un islam qui parle à l’imagination, au cÅ“ur, alourdi de superstitions et de folklore : les tombeaux des saints et leur baraka : entre amour et magie ! Mysticisme populaire : attente d’un sauveur – mahdi- qui conduirait les opprimés à la victoire !

2.3 Les confréries (tariqa) C’est  une évasion populaire à la fois collective et personnelle, dès le XVe sicècle.
Leur influence n’est pas seulement religieuse, amis aussi politique (Libye, Algérie).
La confrérie est une organisation sous l’autorité d’un maître spirituel, le cheikh, considéré par se adeptes comme l’intermédiaire pour atteindre Dieu et possédant un pouvoir absolu de père spirituel. Après le travail, les gens se rendent à des réunions de dhikr : on y répète sans relâche de formules comme Allah Akbar, accompagnées de danses, par ex. ; ou bien de prise de hachîch.
Exemples : la Qâdiriyya, du XIIe s. ; la Moulaviya, du XIIIes. ; la Tijâniyya ; la Rahmaniyya, au XVIIIes. en Kabylie... etc. En Afrique du Nord et en Afrique noire, les cheikhs sont appelés marabouts : ils instruisent leurs disciples (yaalibe), les préparant à la vie future. Au Sénégal, la confrérie des Mourides.
Tous les membres des confréries s’appellent frères (ikhwân)

2.4 Islam fondamentaliste et Islam moderniste ·         L’islam intégriste conservateur.
Au XVIIIe s. : Muhammad ibn Abd al-Wahhâb = mouvement intégriste de retour aux sources, qui devient la doctrine wahhabite en Arabie Saoudite : ce fondamentalisme s’étend à toute l’Arabie, et jusqu’en Inde au XIXe s. Au XXes. naissent les Frères Musulmans, fondés en 1928 par Hassan al-Bannâ. La position est claire : le Coran doit être la seule constitution des états islamiques. En 1954, Hassan al-Bannâ est assassiné. C’est pourtant sous leurs balles que tombera Anouar el-Sadate, en 1981. Hafez al-Assad noiera le mouvement dans le sang en 1982.
Ce mouvement est fortement structuré, intransigeant, profondément masculin et xénophobe : l’Occident, c’est Satan ! ·         La Salafiyya, ou l’islam moderniste réformateur.
L’islam moderniste pense que ce n’est pas les armes et la guerre sainte, mais la réflexion qui redonneront à l’islam son prestige et son rayonnement universels. L’Afghan Jamâl al-Dîn Al-Afghanî (+ 1897), et ses disciples, l’Égyptien Muhammad Abduh (+ 1905), le Syrien Rachîd Rîda (+ 1935), le Tunisien Fâdil ben Achour (+ 1970), l’Algérien Ben Bâdis (+ 1940), le Marocain Allal al-Fâsî.
Pour eux l’islam est tolérant et rationnel ; il n’est pas hostile au progrès, il accepte les innovations techniques de l’Occident, et même les devance : cf. la période entre le VIIIe et le XIIe siècle !
La tendance moderniste n’est actuellement pas la plus forte. D’ailleurs réactualiser la foi des Anciens (salaf) supposerait de purifier l’islam vécu du poids des superstitions et des traditions ! ! ! ·         L’islam, un mode de vie et une éthique.
Un ensemble de conduites rituelles, de plus de 13 siècles d’âge : un style de vie, des techniques de réalisation artistique, un cadre urbain qui font qu’un musulman est immédiatement  reconnaissable. Long apprentissage d’habitudes corporelles et mentales rigoureusement reproduites grâce à une éducation rigide, avec l’autorité du père, et la prééminence de l’homme sur la femme. o        L’obsession de la pureté corporelle : la propreté fait partie de la foi ! o        La haine du célibat : le couple humain est l’idéal de l’existence. o        La femme : un  corps d’abord. La sexualité est toujours présente. La femme doit être "  blanche , grasse, molle...et lisse " ! o        Un savoir-vivre (adab) contraignant : un code. o        Prescriptions islamiques et rites de la vie quotidienne : morale de groupe et de société close. Solidarité et générosité. o        La tenue des femmes. o        Les interdits alimentaires.

3. L’ISLAM ET LES SOCIÉTÉS NON ISLAMIQUES

·         Les minorités musulmanes faisant intégralement partie des ces sociétés : hindouiste et bouddhiste (Inde , Sri Lanka, Birmanie), juive (Israël), catholique (Philippines) ou dans les états communistes (ex URSS et Chine) . Problème, car rien n’est prévu pour les minorités musulmanes " hors du domaine de l’islam " De même dans les sociétés à majorité chrétienne (Angleterre, USA, France, Allemagne) . ·         L’immigration maghrébine est devenue un vrai problème pour la société française ; indienne et pakistanaise pour la société anglaise ; et turque pour la société allemande. : minorités non européennes et musulmanes. ·         Les minorités musulmanes émigrées : l’islam en France, par ex. : 2ème religion de France. Cela soulève une série d’interrogations : laïcité, culture de la " mort de Dieu ", groupe dominé, défavorisé, réduite au silence politique... L’islam de l’émigration doit être discret et vécu dans une certaine " honte ". Or un islam sans vie publique et sans communauté est un islam contre nature ! C’est soit le black-out, soit la revendication bruyante : qui devient vite un islamisme, une idéologie. ·         Il y a aussi l’islam des convertis : oiseaux rares dans la société française : Roger Garaudy, Maurice Béjart, le petit-fils de Maurice Thorez. Certains convertis sont devenus des spécialistes de l’islam : Michel Chodkiewicz, ancien directeur de la maison d’édition Le Seuil (trad. des écrits spirituels de l’émir algérien Abd-elQader, et spécialiste du mystique Ibn-Arabî). Eva de Vitray-Meyerovitch a publié une anthologie du soufisme). ·         En revanche les orientalistes spécialistes de l’islam se convertissent rarement, Vincent Monteil étant une exception.
Louis Massignon, Henri Corbin, René Guénon, qui s’intéressent au mysticisme et à la spiritualité..., eux, n’intéressent absolument pas le musulman moyen !

VI - LES DÉCHIREMENTS DUS À LA MODERNITÉ

1. PROBLÈMES PSYCHOLOGIQUES

·         La peur de l’occidentalisation : elle couperait les peuples orientaux de leurs racines, de leurs valeurs, de leur passé. Pour la 1ère fois une modernité (l’européo-américaine) s’universalise, et les autres cultures la reçoivent comme un don vénéneux... Il y a une opposition absolue entre les conceptions fondamentales des deux mondes, européen et oriental... ·         Individualité contre famille ; progrès contre tradition ; libre pensée contre obéissance ; abstraction contre humanité ; objectivité contre passion. L’angoisse existentielle est un mal occidental ! Si l’occidentalisation fait tellement peur, c’est qu’elle aboutit à une définition  nouvelle de l’homme, celle d’un homme sans liens familiaux, autonome et libre. ·         La peur de perdre son identité : l’influence modernisatrice de l’Occident provoque dans le monde musulman des résistances, et suscite des échappatoires : o        Soit on se réfugie frileusement dans le passé, o        Soit on se réfugie frileusement dans le passé, o        Soit on se précipite dans un modernisme effréné, o        Soit on se précipite dans un modernisme effréné, o        Soit on se lance à corps perdu dans la politique, o        Soit on se lance à corps perdu dans la politique ; ·         Le monde de l’islam est un monde de la certitude où le doute est exclu, où le mystère est voulupar Dieu : la pensée reste ainsi à l’abri des grands chocs de l’histoire. Le regard des musulmans sur le monde est hémiplégique : l’islam ne voit pas ses propres abus, mais perçoit clairement ceux de l’occident et de la chrétienté... Paralysie de survie : pour conserver l’identité culkturelle, vitale poiur éviter une confrontation mortelle avec la réalité. ·         La réalité, c’est la victoire de l’Occident avec sa modernité triomphante, pour laquelle les musulmans éprouvent une répulsion mais aussi de la fascination. Nécessaire complexe de supériorité ! Névrose lors du choc de l’Islam avec la technologie occidentale.

2. PROBLÈMES ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX

·         La plupart des pays musulmans font partie du Tiers Monde. ·         Pays musulmans pauvres et pays musulmans riches : mais tous les pays musulmans ne sont pas pauvres. Qui dit pétrole, dit arabe ! Il faudrait plutôt dire musulman ! La moitié du pétrole global ! Les Émirats Arabes Unis : Koweit, Abu Dhabi, Oman, Qatar, Bahrein ! Spéculation et villes champignons. Pétro-monarchie et main-d’œuvre étrangère d’origine asiatique ! ·         Création du Fonds Arabe de Développement Économique et Social et de la Banque Islamique du Développement. Le Fonds Saoudien du Développement, le Fonds d’Abu Dhabi : AUMÔNE, l’un des piliers de l’Islam ! Aider à la conversion : la Banque arabe pour le développement économique en Afrique noire ·         Le problème des jeunes : remise en question de l’adab, avec la confrontation de l’art de vivre occidental ! Les moins de 20 ans représentent plus de 60 % de la population. En Indonésie 2 ½ de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. ·         Importance des mass media et des émissions venues d’ailleurs ; démocratisation de l’enseignement ; scolarisation des filles, mixité. Savoir lire fait lire les journaux ! Contestation ou militance politique ! désaccord avec les familles traditionnelles ·         La question de la femme : toutes les conséquences de l’évolution et de la désacralisation de la famille, du mâle et de la sexualité. L’islam ne permettra jamais à la femme de disposer de son corps !

3. PROBLÈMES POLITIQUES

- Entre 1950 et 1970 phénomène nouveau : l’importance grandissante de la technologie. Développement des sciences. Ce sont les technocrates qui vont s’opposer aux idéologues. Les Islamistes vont relever la tête : Pakistan, Iran, Égypte, même dans le Mahgreb (Algérie,aujourd’hui) !
- Comment séparer le politique du religieux ?



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