L'HISTOIRE DE LA PALESTINEÀ l'époque de cette déclaration, la communauté juive rassemble 10% de la population de la Palestine mandataire. En 1920, le gouvernement anglais nomme au poste de haut commissaire Herbert Samuel, un des artisans de la déclaration Balfour et un pilier du mouvement sioniste. Lui et ses collègues n'ont qu'une idée: inciter les Arabes palestiniens à quitter la Palestine et encourager les Juifs à acheter des terrains. Diverses législations sont adoptées en vue de favoriser l'établissement d'un Foyer national juif. Le gouvernement de Londres approuve toutes ces actions, comme s'il n'avait aucune obligation envers la communauté arabe. En 1933, plusieurs Arabes palestiniens manifestent à Jérusalem contre les Anglais qui permettent l'entrée des Juifs venant d'Allemagne où Hitler, déjà au pouvoir, les maltraite. Craignant que la guerre n'éclate entre les Palestiniens et les Juifs, les Anglais invitent, en 1939, les chefs de tous les pays arabes à se réunir à Londres. Les Britanniques leur proposent un livre blanc, dans lequel ils s'engagent à limiter l'immigration juive, et promettent un État fédéral dans lequel vivraient Arabes et Juifs, avec une majorité arabe pour dix ans. Satisfaits de ces propositions, les Arabes de Palestine, alors majoritaires, mettent fin à leur révolte en août 1939, juste avant le début de la Deuxième Guerre mondiale. Pendant la persécution nazie des années 1940, il devient urgent de trouver aux Juifs un refuge. À cette époque, l'Angleterre, le Canada et les États-Unis ferment, sous toutes sortes de prétextes, leurs portes à l'immigration juive. Churchill prie les Canadiens et les Américains d'encourager les Juifs allemands à venir s'installer en Palestine. Les Européens partagent la même opinion. Les Arabes condamnent les crimes nazis, mais se demandent pourquoi ils doivent faire les frais de la barbarie nazie et accepter une vague d'immigrants que de vastes pays comme les États-Unis ou le Canada auraient pu accueillir et intégrer sans difficultés majeures. Sous cet afflux de réfugiés, la Palestine voit la population juive passer de 80.000 en 1917 à 600.000 en 1946. Le nombre de colonies juives avoisine les 300 à la fin de la guerre, et représentent 8% des terres. Alors que les Britanniques, qui depuis quelques années payent le prix fort pour le maintien de leurs troupes en Palestine, envisagent de se retirer, les sionistes bénéficient des circonstances les plus favorables, par le consensus inespéré des Américains et des Soviétiques. Les premiers entendent contrôler la Palestine au départ des Britanniques, et le poids des organisations juives américaines pour la réélection de Truman est déterminant. Les Soviétiques voient quant à eux dans le départ des Britanniques un moyen d'en limiter les visées impérialistes dans la région. Les propositions pour un État fédéral sont systématiquement repoussées par l'Agence juive, et les traits d'un partage se dessinent. Définissant les futurs états de taille à peu près égale, la proposition fait montre cependant d'un déséquilibre flagrant en faveur du futur État juif: alors que les Juifs représentent moins d'un tiers de la population et possèdent moins de 6% de la terre, ils se voient attribuer 57% du territoire total de la Palestine, 80% des terres céréalières et 40% de l'industrie de Palestine. En 1947, la proposition de partage est entérinée lors du vote à l'Assemblée générale des Nations Unies, le 29 novembre. La proclamation de l'État d'IsraëlLe 14 mai 1948, sir Alan Cunningham, le septième et dernier haut commissaire britannique en Palestine, s'embarque à Haïfa. Le jour même, l'État d'Israël déclare son indépendance. L'État arabe, prévu lui aussi par l'ONU, ne voit pas le jour. La spirale fatale des conflits israélo-arabes commence. Le 15 mai, au matin, les armées de Transjordanie, d'Égypte et de Syrie, aidées de contingents libanais et irakiens, entrent en Palestine.
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