L'HISTOIRE DE LA PALESTINE



Les affrontements, en fait, ont débuté fin 1947: au lendemain de l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies, le 29 novembre, du plan de partage de la Palestine, c'est une véritable guerre qui s'engage entre Palestiniens et Juifs. Du côté palestinien, on refuse le partage et donc la création d'un État juif. Du côté juif, si l'on accepte la décision de l'ONU, on espère cependant l'«améliorer» au profit d'Israël qui pourrait occuper tout ou partie de l'État arabe, le reste revenant à la Transjordanie. C'est également l'objectif de Londres, qui mise sur le roi Abdallah pour maintenir sa propre influence sur la région - Londres a donc donné son feu vert à l'accord négocié sur cette base par Golda Meir avec lui.

Jusqu'en mars 1948, les combats tournent plutôt à l'avantage des Palestiniens et de leurs renforts de l'Armée arabe du secours: ils interrompent les voies de communication, encerclent des colonies juives et isolent de grandes villes, dont Jérusalem. Mais, fin mars, alors que l'on compte déjà 2.000 morts, les forces juives reprennent l'offensive. De véritables massacres se produisent, dont le plus célèbre ensanglante le petit village de Deir Yassine, où les hommes de Menahem Begin assassinent, le 9 avril 1948, 250 habitants, créant du même coup une panique qui gagna toute la communauté arabe de Palestine. La Haganah, l'organisation armée juive de l'époque, dégage la route de Jérusalem, et s'empare de Tibériade, Haïfa, Safed. Jaffa tombe le 12 mai, deux jours avant la proclamation de l'indépendance d'Israël.

Devenues «Forces de défense d'Israël» (Tsahal), les troupes juives bénéficient d'un commandement unique, d'effectifs doublés grâce à une mobilisation exceptionnelle, et surtout d'armes lourdes en provenance notamment, grâce à un pont aérien, de la base tchèque de Zatec. Les accords d'armistice signés par Israël et ses différents adversaires, du 23 février au 20 juillet 1949, entérinent l'agrandissement d'un tiers de l'État juif tel que le plan de partage en avait défini les frontières. Il passe de 14. 000 à près de 21.000 kilomètres carrés, obtenant notamment toute la Galilée, un couloir vers Jérusalem et le Néguev, jusqu'au port d'Eilat sur la mer Rouge. L'État arabe, lui, n'a pas vu le jour, Israël et la Transjordanie s'étant partagé la Cisjordanie, tandis que Gaza tombait sous la tutelle de l'Égypte. Mais surtout, 750.000 à 800.000 Palestiniens ont dû quitter leurs foyers. Comme le montrent les travaux des «nouveaux historiens» israéliens, cet exode, loin d'avoir été déclenché par des appels arabes à la fuite - il n'en existe nulle trace -, résulta des combats eux-mêmes, au fil desquels s'affirma, du côté israélien, une politique d'expulsion de la population palestinienne. Cette détermination se prolongera, à la fin de la guerre, par la destruction des villages arabes, ou l'implantation en leur sein de nouveaux immigrants juifs, ou bien encore la répartition de leurs terres entre les kibboutzim environnants.

Sur l'exode et la responsabilité d'Israël dans la création du «problème des
réfugiés», lire la synthèse de Paul Delmotte, Palestine 1947-1949 -
À propos d'une « faute originelle »

La guerre des Six-Jours

À partir de 1960, une succession d'événements contribue à faire monter la pression entre Israéliens et Palestiniens, notamment le détournement d'une partie des eaux du Jourdain. D'autre part, Israël traverse entre 1965 et 1967 une grave crise économique. La guerre de 1967, dite «des Six-Jours», qui oppose une nouvelle fois Israël à ses voisins arabes, est en réalité préparée par l'État hébreu cinq ans auparavant.

Dans le contexte des provocations verbales de Nasser, l'incertitude gagne les populations tant israélienne qu'arabe. Alors que les Syriens craignent une intervention sur leur sol de l'Etat hébreu, Nasser réaffirme la force et l'unité arabe en bloquant le golfe d'Aqaba (5% du commerce d'Israël se faisait par ce port). Il ne mesure pas les conséquences de cet acte, considéré comme casus belli par Israël.

Les forces juives rentrent en action le 5 juin et clouent en quelques heures l'aviation égyptienne au sol. Malgré lui et sous la pression populaire, le roi Hussein fait entrer la Jordanie dans le conflit, qui devient une cuisante défaite pour les nations arabes. Israël occupe à l'issue de la guerre toute la péninsule du Sinaï, la Cisjordanie, ainsi que le plateau du Golan syrien. Les efforts stratégiques sur ce dernier, contrairement à la version longtemps officielle, étaient davantage de récupérer de nouvelles terres pour les kibboutz israéliens que de mettre un terme aux attaques syriennes depuis la frontière.

La défaite de 1967 amène 200.000 nouveaux réfugiés dans les camps de Jordanie, de Syrie ou du Liban. L'intransigeance du premier ministre israélien Golda Meir bloque tout accord pendant de nombreuses années, notamment sur le Sinaï. La même année, Jérusalem-Est est annexé par Israël. En Cisjordanie, les Palestiniens sont maintenant sous l'occupation israélienne, après la période jordanienne qui, malgré ses contraintes, leur avaient permis de développer l'éducation, les structures d'urbanisation et d'habitation dans une bien plus grande mesure que les Arabes en Israël.

C'est dans cette période que les mouvements palestiniens prennent de l'importance. À l'origine, l'OLP (Organisation de libération de la Palestine), créée en 1964, était une tentative des dirigeants des régimes arabes du Moyen-Orient de contrôler les aspirations nationalistes palestiniennes. De petits mouvements s'opposaient déjà. Le Fatah, fondé par Arafat en 1959, voulait maintenir une lutte en Palestine alors que le Mouvement nationaliste arabe de Georges Habache (qui dirigera plus tard le FPLP) avait en théorie l'autre objectif d'évincer les régimes arabes. Par ses coups d'éclat, comme la bataille de Karameh en 1968, le Fatah parvient à prendre la direction de l'OLP. Accepter Yasser Arafat à la tête de l'OLP est un moindre mal pour les dirigeants arabes qui craignent davantage les mouvements susceptibles de renverser leur régime.

Septembre Noir

Agissant depuis la Jordanie, les fedayin (combattants palestiniens) menacent le pouvoir du roi Hussein. Le FPLP se lance quant à lui dans de spectaculaires attaques terroristes. La présence des milices palestiniennes sur le sol jordanien, l'hostilité avouée de certaines d'entre elles comme le FPLP à l'autoritarisme du régime politique ainsi que le soutien qu'elles recueillent des réfugiés, amènent le roi Hussein à précipiter les choses et à écraser en septembre 1970 ces groupes armés. La répression, nommée Septembre noir, fait vraisemblablement près de 3.500 victimes; les Palestiniens sont expulsés vers le Liban et la Syrie.

Même si la direction des mouvements palestiniens assure au Liban de ne pas se mêler de ses affaires intérieures, une menace est perçue lors de manifestations et de grèves à partir de 1973. Les fedayin et des Libanais pauvres s'assemblent en groupes armés et, après des intimidations comme celle de Saïda en février 1975, la droite libanaise ordonne une répression de prévention, qui tourne rapidement à la guerre civile.

L'invasion du Liban Sabra et Chatila

Après une première percée au Liban, qui avait créé un front dit «de sécurité», Israël s'engage en 1982 dans une véritable campagne de conquête qui débouche sur Beyrouth. Accompagnée du bombardement de tout le sud du pays, la guerre fait, selon les sources, entre 10.000 et 30.000 morts.

Si l'objectif d'Israël de «nettoyer» Beyrouth de l'OLP est atteint, puisque celle-ci est contrainte de quitter son quartier général sous la protection d'un contingent international, la tentative de mettre à la tête de l'État libanais un pouvoir qui soit lié à Israël échoue. En effet, après l'assassinat de Bechir Gemayel, son frère Amine devenu président préfère les garanties syriennes au rapprochement israélien.



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