L'histoire et la philosophie de la cérémonie d'Achoura



B - Évolution du Aza

Les musulmans et plus particulièrement les shiites ont répondu à cet appel avec l’instauration du aza-e-Houssayn (as). Avec chaque larme que nous versons pour lui est notre gage de résistance contre l’injustice, l’immoralité, iniquité et le mensonge. Chaque fois que nous levons la main pour frapper notre torse durant les maatam nous exprimons notre « labbaik, labbaik ya Mawla Â» à notre Imam, Houssayn (as), le petit-fils du Saint Prophète (saww).

Le  Aza-e-Houssayn a longtemps été exclusivement utilisé en rapport avec les cérémonies de commémoration du martyr d’Imam Houssayn (as). Le aza-e-Houssayn inclut les rassemblements de deuil, de lamentation, de maatam et toutes les actions exprimant les émotions du deuil, de colère, et par-dessus tout, de répulsion contre tout ce que Yazid représentait. Ces émotions, malgré tout, restent futiles et hypocrites à moins qu’elles soient accompagnées d’une volonté de réformer sa personne et la communauté.

Le terme majlis a un sens grammatical et un sens en rapport avec le aza-e-Houssayn. Dans son sens technique, un majlis est une réunion, une session ou un rassemblement. Ce mot pris dans le contexte du aza-e-houssayn signifie rassemblement pour pleurer Imam Houssayn (as) et ce sens fut utilisé la première fois par notre sixième Imam, Ja'far Sadiq (as).

On relate qu'un jour, son compagnon al-Fadhayl ibn Yasaar vint voir le Saint Imam (as) pour lui témoigner son respect. Après l'échange des politesses usuelles, l'Imam demanda à al-Fudhayl: « est ce que vous autres organisez des madjlis en souvenir du martyr d’Imam Houssayn? Â» Al-Fudhayl, les larmes coulant de ses yeux répondit: « Yabna Rasoullillah, en effet, nous le faisons. Â» L'Imam dit alors: « Qu'Allah te bénisse. J'approuve fortement ce genre de madjlis. Â»

À une autre occasion, le poète Ja'far ibne Iffaan récita pour notre Imam al-Sadiq (as) un poème sur la tragédie de Karbala. L'Imam commença à pleurer abondamment. Il s'adressa alors au poète en ces termes:

« Ã” Iffaan ne t'imagine pas que ce sont uniquement ceux que tu vois ici qui écoutent ton poème. En réalité les anges les plus proches d'Allah sont présents ici à ce madjlis et eux aussi sont en train d'écouter ta récitation et eux aussi pleurent et se lamentent. Qu'Allah te bénisse pour ce que tu as récité. Incha'allah, Il te récompensera en notre nom avec le paradis pour tes efforts. Â»

L'aza-e-Houssayn est un phénomène qui a saisi la conscience musulmane immédiatement après la tragédie de Karbala.

Le premier madjlis-e-Houssayn fut récité sur la place du marché de Kufa par une dame de la tête de qui le voile a été arraché, dont les espoirs et les espérances ont été détruits, sur le sable ensanglanté de Karbala mais dont l'esprit indomptable s'est exprimé afin de libérer de l'étreinte de la tyrannie et de l'oppression les valeurs islamiques. Elle a été la première à répondre à l'appel de Houssayn (as).Assise sur son chameau sans selle, elle regarda vers cette multitude de personnes se réjouissant de la victoire de Yazid. Mais en la voyant, tous se turent car ils avaient la sensation qu'un épisode historique était en marche à Kufa. Regardant fermement vers eux, la fille d’Ali (as) leur lança:

« Que la misère soit vous ô peuple de Kufa. Est ce que vous réalisez quelle partie du coeur de Muhammad vous avez déchirée! Quelle promesse solennelle vous avez rompue! Le sang de qui vous avez fait coulé! L'honneur de qui vous avez violé! Ce n'est pas seulement le corps sans tête non enterrée de Houssayn (as) qui est allongé sur le sable de Karbala. C'est le coeur du Saint Prophète (saww). C'est véritablement l'âme de l'Islam. Â»



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