L'histoire et la philosophie de la cérémonie d'Achoura



Jusqu'à la fin de la ghaibat-e-kubra, nous savons que nos Imams (as) ont toujours encouragé l'aza-e-Houssayn. Ils y voient non seulement l'expression du chagrin pour Imam Houssayn (as) et pour les martyrs de Karbala mais aussi le renouvellement du sermon d'obéissance à l'égard d'Allah et de Ses lois telle qu'elles sont exposées dans le Qur'an et les hadith.

Il existe des traces des dires des représentants (Naibs) durant le ghaibat-e-sughra expliquant et encourageant les aza-e-Houssayn. De 329 AH et avant, les fuqaha et les ulemas ont pris sur eux afin de propager le message de Karbala.

Shaykh Ibne Babawayh-al-Qummi, plus connu sous le nom de Shaykh as-Suduq qui est mort en 381 AH, a été le premier érudit à introduire la prose comme moyen de véhiculer le message de Houssayn (as). Il s'asseyait sur un pupitre et parlait de manière improvisée tandis que de nombreux étudiants assis à ses côtés notaient son discours. Ces discours ont été préservés jusqu'à ce jour et sont connus sous le nom de Amali (dictées) de Shaykh Suduq.

La première démonstration publique de la lamentation a eu lieu en 351 Ah. Le 10 Muharram, il y a eu une procession spontanée dans les rues de Baghdad et des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants sortirent dans la rue en criant « Ya Houssayn! Ya Houssain! Â», frappant leurs torses et récitant des élégies. La même année, une procession similaire eue lieu en Egypte. Le régime tenta tant bien que mal de maintenir serrer les liens qui entravaient l'expression du aza-e-Houssayn. Mais il échoua. Très vite l'aza-e-Houssayn va devoir une institution avec des racines profondes dans le coeur des musulmans. Les madjlis vont évoluer vers une institution dédié à l’amr bil ma'ruf et le nahya anal munkar en plus d'être un rappel de ces évènements tragiques.

En même temps que l'Islam s'est répandu, diverses cultures ont adopté différentes formes du aza-e-Houssayn. Les « Taimur lang Â» introduiront l'institution du tabut et des alam en Inde. En même temps que l'Islam s'est développé dans le sub-continent, la forme du aza-e-Houssayn va évoluer pour prendre en compte les influences culturelles locales comme la représentation du message de Karbala avec pour objectif une meilleure compréhension par les populations locales, aussi musulmanes que non musulmanes.

Au début du XIXe siècle, il n'y avait pas un coin du monde, depuis l'Espagne jusqu’à la péninsule Indochinoise, où l'on ne pouvait pas observer une forme de commémoration le 10 Muharram. Les formes variaient selon les pays. En Iran, la forme la plus populaire est des pièces de théâtres passionnées comme moyen de transmettre le message de Karbala en plus des madjlis depuis les minabir. En Inde, la procession de Ashura est devenue partie intégrante de la culture islamique indienne. Même des Hindus participaient à ces processions. Le maharajah de Gwalior a toujours été vu marchant derrière le 'alam de Hazrat Abbas, pieds nus et sans aucun signe de son rang élevé. Les marthiyas et les madjlis avaient une  influence si forte sur la population musulmane, qu'elle ne les ont pas seulement aidés à renforcer leurs croyances islamiques mais aussi leur ténacité politique.

L'histoire rapporte que même Gandhi lors de sa fameuse marche de protestation contre l'oppression du British Raj, pris avec lui 72 personnes, en s'inspirant dans ce choix de la protestation d’Imam houssayn (as) contre l'oppression de Yazid.

C - Importance du Aza

Le passage suivant, extrait des dernières volontés et testament de feu Ayatullah Ruhullah Khumayni (ar), est très particulièrement relevant et touchant:

« La mémoire de ce grand événement épique (Ashura) doit être gardé vivant. Rappelez-vous les cris de damnation et toutes les malédictions qui sont exprimées,   avec raison, contre la cruauté des califes des Bani Unayyah à l'égard des Saints Imams (as), sont reflétées dans les protestations héroïques contre les despotes cruels par les nations à travers les siècles. C'est la perpétuation de ces formes de protestations qui brisent l'oppression et la cruauté. Il est indispensable que les crimes des tyrans, à chaque époque et en chaque lieu, soient mis en valeur à travers les cris de lamentation et la récitation des élégies dédiés aux Saints Imams (as). Â»



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