L'histoire et la philosophie de la cérémonie d'AchouraLe premier madjlis toucha et émut la population de Kufa si profondément qu'il entraîna la naissance du mouvement des Tawwabun et la quête vengeresse d'al-Muktar. Dix jour après Karbala, un messager de Yazid nommé Abd al-Malik ibne Harith al-Sulamee arriva à Médine. Il venait annoncer au gouverneur de Médine, Amr bin Said al-Aas, qu’Houssayn ibne Ali (as) a été tué à Karbala. Le gouverneur, plus conscient de l'état d'esprit de la population, répondit qu'il ne pouvait annoncer publiquement la nouvelle. Mais s'il le désirait, Abd al-Malik pouvait se charger de faire cette annonce publique. Le messager s'acquitta donc de cette tâche après les prières du matin. Il y eut des pleurs et des lamentations si intenses venant de la demeure des Banu Hashim dont tous les murs du masjidul-nabawi commèrent à trembler. Zaynab, Umme Luqman, la fille de Aqeel ibn Abi Talib sortirent en criant: « Que répondrez-vous lorsque le Prophète (saww) vous demandera: vous ma dernière Ummah, qu'avez-vous fait à ma descendance et à ma famille après que je les ai laissés? » Certains parmi eux sont prisonniers et d'autres gisent assassinés, maculés de sang. Quel genre de ajr-e-risaalah est là que de me désobéir en oppressant mes enfants? » Fatimah binte Huzaam, plus connu sous le titre d'Ummul Baneen, porta son jeune petit-fils Ubaidullah ibne Abbas et se prépara à sortir. Lorsqu'on lui demanda où elle allait, elle répondit qu'elle emmenait l'orphelin d’Abbas présenter ses condoléances à la mère de Houssayn. Marwan ibne Hakam rapporte que tous les après-midi, hommes et femmes se réunissaient à Jannat-ul-Baqee où des commémorations de la tragédie de Karbala avaient lieu et les pleurs et les lamentations pouvait être entendu à des lieux à la ronde. Lorsque les prisonniers furent finalement libérés par Yazid, ils demandèrent la possibilité de faire une cérémonie de commémoration à Damas. Une maison fut mise à leur disposition et un aza-e-Houssayn eu lieu durant toute la semaine. Tout comme Hazrat Mussa Kalimullah fût élevé dans le palais de Firaun, l'ennemi d'Allah (swt), bibi Zaynab (ahs) jeta les fondements de l'aza-e-Houssayn dans la capitale même de l'assassin de Houssayn (as). Sur le trajet de retour vers Médine, bibi Zaynab (ahs) pris en charge le leadership de l'aza-e-Houssayn dans la ville du Saint Prophète (saww). Cela suscita une émotion si forte dans la population et une telle révulsion à l'égard de l'oppresseur qu’Amr ibn Said ibn al-Aas écrivit à Yazid afin de demander l'exil de Médine de bibi Zaynab (ahs). Cela sera fait au début de l'année 62 AH. Bibi Zaynab (ahs) décéda peu de temps après. Nos 4e et 5e Imams (as) ont fortement encouragé les aza-e-Housayn. À ces époques-là , l'aza-e-Houssayn était fait de manière secrète puisque les régimes étaient opposés à toute forme de souvenir de la tragédie de Karbala. Les poètes qui composaient des élégies et les shias dévoués qui assistaient aux rassemblements où ces élégies étaient récitées le faisaient au péril de leur vie. Malgré tout, les poètes continuaient à répandre leurs émotions à travers leur poésie. Certains de ces poèmes ont traversé le temps jusqu'à nous et chacun peut apprécier la foi et la tristesse que portent en eux les mots de ces poètes. Peu à peu, l'institution de la zyarah se mit en place. Les gens commencèrent à visiter les tombes des martyrs et accomplirent là l'aza-e-Houssayn. Nos Imams (as) ont écrit pour eux des zyarahs à réciter. L'un de ces zyarah, connu sous le nom de Zyarat-e-Waritha, est récité par nous de nos jours. Lorsque l'on examine la Zyarat-e-Waritha, on ne lit pas seulement le témoignage de la grandeur d’Imam Houssayn (as) et l'expression ferme de son sacrifice pour la cause d'Allah (swt), mais aussi un serment solennel et un engagement par le récitant: « Et j'ai pris à témoin Allah, Ses anges, Ses prophètes et Ses messagers du fait que je crois en Imam Houssayn (as) et dans le fait que vers Allah que je retournerai. J'ai également foi dans les lois d'Allah (swt) et dans les conséquences des actions humaines. J'ai assujetti les désirs de mon coeur à ceux du sien (celui d’Imam Houssayn) et je me soumets sincèrement à lui et promets de suivre ses commandements. » Très clairement, cette entreprise n'a jamais été considérée par nos Imams (as) comme étant un rituel vide de sens. La récitation de la ziarat-e-Waritha est une adhésion à la cause d’Imam Houssayn (as), formulée en présence d'Allah (swt), des anges, des prophètes et des messagers et dans la prise de conscience absolue de la responsabilité des actes humains. Une personne doit toujours réfléchir sur la solennité et la gravité de cet engagement.
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