Le récit de la conversion originale d'un globe-trotter français



J’avais appris, après le résultat d’un prélèvement sanguin, que je souffrais de l’hépatite C.

En raison de ce résultat, je fus convoqué chez le médecin, je partis m’installer dans la salle d’attente et là-bas j’ai vu une personne très étrange, je n’avais jamais un look aussi spécial. Il avait les cheveux presque rasés, une barbe d’au moins quinze centimètres et un trait noir foncé sur chaque sourcil. Normalement, en prison, tu essaies de discuter avec des personnes lorsque vous vous trouvez enfermés ensemble. Mais avec celui-là, je suis resté bloqué. Je me demandais pourquoi cet accoutrement ? Puis, c’est lui qui m’interpella, nous avons discuté de tout et de rien et il m’a posé une question, que jamais personne ne m’avait demandé auparavant : « est-ce que tu crois en Dieu ? Â»

Je lui ai répondu que j’allais tous les dimanches à l’aumônerie pour des besoins personnels, qu’il y a sûrement quelque chose là-haut mais dire vraiment que j’avais cette certitude, cela était du domaine du doute. Pour les français, les seuls moments où ils vont à l’église sont les mariages et les décès et pour se recueillir lorsque rien  ne va pas. La spiritualité, en France commence et s’arrête là.

 

Je ne connaissais rien du tout de cet homme, ni de sa religion alors que j’ai grandi dans des quartiers où il n’y avait que des musulmans ! J’ai passé plusieurs années, enfermé avec eux, sans que je ne connaisse les fondements de l’Islam. La seule connaissance qui m’était acquise d’eux avec certitude, c’est qu’il fallait que je m’en méfie, ils se mentaient entre eux, trichaient, aimaient les embrouilles, volaient etc... et par expérience, je les connaissais bien. Je ne sais pas pourquoi ils sont comme cela mais c’est ainsi ! Cet homme était très différent de ce que je voyais des Musulmans, il était calme, il ne prononçait aucune grossièreté dans ces phrases, il était très serein. Il m’avait très surpris par sa question. Il logeait dans l’autre bâtiment.

 

 

Le surveillant ouvrit la porte de la salle d’attente et m’appela pour mon entretien. Notre discussion s’arrêta là. Compte-tenu des années de toxicomanie, des prises de neuroleptiques, d’alcool... etc., le médecin ne me cacha pas la vérité. Se basant sur les résultats, si je continuais, il y a des chances que l’hépatite s’aggrave. L’hépatite C, est par définition une maladie  virale. A ces mots, je n’avais rien à ajouter si ce n’est qu’en cessant certains aliments acides (le vinaigre, le soda) ou mon traitement peut-être, cela diminuerait le développement du virus. Il m’a répondu que non, mais pour le traitement, il fallait que je voie le psychiatre. Lors de notre entretien, il le diminua un tout petit peu mais m’engagea à faire attention si je diminue successivement le traitement ou l’arrêtait brusquement, il m’informa que ces médicaments n’avaient aucun effet négatif sur l’évolution de l’hépatite.

 

Plusieurs semaines se sont écoulées après ma rencontre avec ce Musulman, nous ne nous sommes plus revus. J’allais tous les dimanches à l’aumônerie, pendant ces matins, il y avait un violeur qui était toujours le premier à tout savoir, remettant en cause les paroles du prêtre. Il agaçait tout le monde, moi en particulier. La majorité des intervenants n’étaient que des violeurs, je les détestais, ils me sortaient des yeux. Pire encore, le prêtre nous promettait que nous irons tous au Paradis et que nous étions liés par la fraternité. J’avais du mal à accepter cela. Comment moi, qui n’ai fait que des délits mineurs, je serais classé au même rang qu’un violeur ? Et que lui irait avec moi au Paradis, sous prétexte qu’il croit au Christ.



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