Le récit pathétique et passionnant de la conversion d’un jeune Français : Vincent L



Une seule personne a réussi à changer sa politique, c’était mon éducateur de la juge d’application des peines. Il me suivait depuis l’âge de dix-huit ans, il me connaissait très bien (j’avais à cette époque vingt-deux ans) et comme j’étais interné par décision judiciaire, il était là pour superviser l’évolution. Il n’est venu qu’une fois en un an et lorsqu’il m’a vu, il est resté bouche bée. Pour la première fois, je pouvais rester seul avec quelqu’un d’influant et qui pouvait changer les choses, nous eûmes une pièce à nous tous seuls. La première chose que je lui ai dit, fut qu’il fallait que je parte de cet endroit, les médicaments me causèrent énormément de dégâts. Il est allé voir un responsable, lui demandant sur-le-champ la psychiatre, laquelle rappliqua, et se présenta accompagnée d’infirmiers. L’éducateur leur avait dit très clairement : Â« je suis  là pour faire un rapport au juge et le jeune homme qui est devant moi n’est plus le Vincent que je voyais dans mon bureau avant. Vous avez deux solutions, soit : vous lui réduisez sur-le-champ ces prises de médicaments pour qu’il obtienne un poste-cure ou je fais un rapport qui vous causera des problèmes. Â»  C’était la seule fois où il prit ma défense ! Grâce à lui, l’entourage psychiatrique s’est rendu compte qu’il y avait une autorité au-dessus d’eux.

 

Enfin bref, après cette mauvaise période, je suis sorti grâce au remplaçant de ma psychiatre (ouf ! Elle était partie à la retraite), c’était un homme compréhensif : grâce à un faux certificat d’embauche écrit par un ami patron pécheur, j’ai pu sortir, mais dans quel état !

 

 

De retour en prison

 

Mon petit frère se suicida, il n’avait que dix-huit ans. C’est à partir de ce moment que j’ai dérivé vers la toxicomanie de tout genre, tout en prenant diverses substances médicamenteuses (je les connaissais presque toutes.) Spirituellement, j’étais réduit à l’état d’un coucou, ma mère m’avait chassé de chez elle, elle me reprochait son suicide. Moi, de mon côté cela allait de pire en pire. J’étais devenu plus agressif, invivable, même mes propres amis d’enfance m’esquivaient.

 

Mon sort finira encore en prison, j’étais quand même soulagé car j’appréhendais que le juge signe une autre hospitalisation d’office. Curieusement ce que les gens pouvaient en déduire, c’est que ces détenus qui me connaissaient très bien, avaient en face d'eux un autre homme. La psychiatrie m’avait transformé, je ne prenais plus de substances médicamenteuses pour me droguer, mais pour un besoin, une fatalité. Aujourd’hui encore, je leur reproche d’avoir abusé de ma santé.



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