Le récit pathétique et passionnant de la conversion d’un jeune Français : Vincent L En entrant en prison, mes codétenus, qui me connaissait déjà avant, voyaient un autre homme, une sorte d’épave, d’après eux j’avais vieilli de quarante ans ! J’étais dans une cellule, avec un Turc et un Marocain, ce Turc avec qui j’avais fait connaissance auparavant, était triste de me voir dans cet état. Un jour, il m’avait dit qu’il serait comme mon grand frère et qu’il s’occuperait de moi. Vu le nombre de médicaments que j’absorbais par jour et le changement radical en seulement une année de psychiatrie, il me fit cesser cette saleté par la contrainte et le sport. C’était la première fois que je faisais une cure, ‘subhanallah’ (Gloire à Dieu), elle commença en prison ! J’étais tous les matins, en prise à des spasmes (des gestes incontrôlés) des bras et des jambes. J’ai eu peur de moi et de ce qu’il m’arrivait. Il était impossible que je boive un café en entier, la moitié finissait sur ma main ou sur la table. J’avais du mal à mettre une cigarette dans ma bouche, je tremblais tellement ! Je n’avais pas froid mais c’était mes nerfs que je ne contrôlais plus. Si je vous ai parlé, auparavant, de ce directeur de poste-cure et de mon éducateur, c’était seulement pour vous faire comprendre que je ne prenais pas conscience de la gravité de mon état. Pour mes codétenus, ils s’en apercevaient. Normalement, c’est à la médecine de guérir et de s’occuper de la santé des gens mais là curieusement ce sont ces exclus qui firent le travail à leur place. Ils ne m’ont pas demandé mon numéro de sécurité social, ma carte vitale ou la mutuelle, avant de me demander où est-ce que je souffrais, contrairement, maintenant, aux hôpitaux et chez les médecins ! Après plusieurs mois, je ne prenais que quelques cachets dans la journée, le matin pour arrêter les contractions brusques et involontaires d’un ou de plusieurs de mes muscles, ( un correcteur) et le soir, je prenais des somnifères. Il m’arrivait d’en prendre d’autres de temps en temps dans la journée Un soir, lors d’une émission télévisée sur les femmes toxicomanes, l’une d’elles fut questionnée sur les méthodes adéquates pour se débarrasser de cette maladie. Elle a répondu qu’il y avait trois solutions : - quitter la ville et les fréquentations d’où l’on vit - avoir un entourage familial soudé et structuré, qui vous encercle et vous oriente vers une nouvelle habilitation, - et l’autre c’est la foi. Avec du recul, elle disait vrai, j’espère que pour elle, cela a marché aussi.
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