Le récit pathétique et passionnant de la conversion d’un jeune Français : Vincent LMon grand-père venait de décéder alors que j’effectuais la prière avec eux, le plus étrange dans cette affaire, c’est qu’après le ‘taslim’[3], j’avais le sourire. Après que les Musulmans furent sortis de la cellule (la salle de prières), j’accompagnais celui qui m’avait lavé les pieds dans sa cellule et me dit : « Tu as le choix, soit tu continues et tu t’apercevras que c’est une très belle religion, ou tu fais comme les autres qui s’initient puis qui lâchent au bout de quelques jours, quelques mois ou après leurs sorties.» J’ai hésité à lui répondre car ce qu’il avait dit était véridique. Il ne connaissait rien de moi et de mon passé, mais nous avons tous eu des moments très critiques dans notre vie, c’est pour cela que nous étions incarcérés. Je lui ai brièvement répondu que si cette religion pouvait me donner un plus dans ma vie, pourquoi pas ! Il m’écrivit les piliers fondamentaux de la foi ainsi que les actes d’adoration, il me prêta un livre pour apprendre l’ablution et la prière. Ce frère m’a surtout demandé de bien réfléchir sur ce que je voulais entreprendre. C’était l’heure de la fermeture des portes, je repartis dans mon aile. J’ai passé la nuit à méditer tout en écoutant mon voisin, nous nous parlâmes par la fenêtre, il me réconforta. Je pris la décision de me lancer dans cette voie et d’être sincère envers moi. Pour la première fois de ma vie, je pouvais clôturer les pages noires de mon passé pour m’en servir dans la reconstruction d’un nouvel avenir. Le diable (mon âme), bien sur, me questionna : qu’est ce que tu es en train de faire ? Crois-tu que cela t’apportera quelque chose de gratifiant ? Les jours qui passèrent, je pratiquais la prière avec eux. Les détenus qui venaient de ma région (certains étaient Musulmans non pratiquants) furent au courant de ma conversion, ils étaient très heureux. Il y en a un qui m’avait dit : « c’est une belle religion, Vincent, mais c’est dur d’être pur. » Tous les soirs, l’infirmière venait avec un surveillant me donner mon traitement. Mon « frère » entendait, bien sûr, l’infirmière à ma porte. Le lendemain, il me demanda de cesser cette souillure pour mon âme. Je lui ai répondu que je prenais ces substances depuis l’âge de 19 ans et que depuis cette période, il était impossible pour moi d’arrêter cela, j’avais 24 ans. Il m’a répondu : « demande à Allah. ». Moi, dont la vraie foi n’avait pas pénétré ma personnalité, j’ai ressenti sa réponse très bête et incohérente ! Moi, qui venais de faire l’attestation de foi, qui pratiquais à peine, comment Allah que je ressentais à peine dans mon cœur, pouvait-il m’aider ? (Qu’Allah me pardonne par ces mots !). Je n’arrivais pas à comprendre cela. J’ai quand même arrêté de prendre certains médicaments, sans que le médecin et l’infirmière ne le sachent. J’avais passé trois nuits blanches. Pendant ces nuits, j’avais demandé à Allah: « Si Tu existes vraiment, aide-moi car tout seul je ne pourrais rien faire. ». A la place de tuer le temps en regardant la télé, j’apprenais certaines Sourates pour les prières, ces glorifications et ces invocations (je ne pouvais les faire tout seul car je ne parlais pas arabe.) Je faisais des va-et-vient dans mes 20 mètres carrés en essayant d’entrer ceci dans ma tête, ce n’était pas évident pour moi car je devais assimiler en français ce que je prononçais en arabe (et surtout maîtriser la prononciation). Puis la troisième matinée, je fus tellement fatigué que je me suis écroulé sur mon lit. J’ai senti que je j’ai été libéré. Et depuis cette époque je n’ai plus jamais repris de médicaments. J’ai réellement pris conscience de Son Existence ce jour-ci. Par la suite, je passais mes nuits, la tête a travers les barreaux, en train de méditer sur ce qui m’entourait. C’est vraiment une extase de ressentir que nous ne sommes pas tout seuls ! Je commençais à prier avec les frères et soudainement de nouveaux ennemis apparaissaient alors qu’avant, ils étaient corrects avec moi : les surveillants et les chefs de détention. Je ne leur avais rien fait, mais du jour au lendemain, ils sont devenus différents, pour tout vous dire, moi aussi. Plusieurs questions me trottinaient, donc les plus importantes furent le ‘hijab’ et les Talibans, à cette époque le culte des Talibans fut très médiatisé. Je voulais quelques réponses mais ils (les frères) m’ont répondu de ne pas me précipiter car par la suite, j’aurais des éléments de réponses.
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