La vie de son Excellence Maryam (as) avant la naissance de son Excellence le Masîh (as) selon le CoranL’histoire (26) relate que le père de Maryam (27) (as), Imrân (as), ferme les yeux sur ce monde avant sa naissance, et que sa mère l’apporte à sa naissance à la Maison sacrée (28) pour la présenter aux savants et théologiens juifs (29) . Elle leur tient alors ce discours : « Cet enfant est un don offert à la Maison sacrée, que l’un d’entre vous assume sa tutelle, car les traces de la majesté sont présents sur son visage, et elle est née au sein d’une famille convenable. » Quelques savants se disputent sa prise en charge, car chacun d’eux, qui sont des oulémas parmi les Banî Isrâ’il (30) , désire que lui revienne l’honneur d’assumer la tutelle de Maryam (as). Ils optent finalement pour le tirage au sort, qui désigne Zakariyyâ (31) (as) : « et Il la confia à Zacharie. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 35). Le verset suivant : « Ceci fait partie des récits concernant le mystère que Nous te révélons. Tu n’étais pas parmi eux lorsqu’ils jetaient leurs roseaux pour savoir qui d’entre eux se chargerait de Marie. Tu n’étais pas non plus parmi eux lorsqu’ils se disputaient. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 44) dévoile un autre aspect de l’histoire de Maryam (as). En effet, celui-ci nous indique : « Ce que Nous te rapportons à propos de la biographie de Maryam (as) et de Zakariyyâ (as) sont des nouvelles de l’inconnaissable que Nous te révélons. Car ces détails, sous cette forme (c'est-à -dire authentiques et dénués de toute forme d’altération), ne sont décrits dans aucun des Livres antérieurs, ils sont absents et leur seule chaîne de transmission est le Livre céleste, le Coran. » Voici comment se déroule le tirage au sort. Les prétendants à la tutelle de Maryam (as) se réunissent au bord d’un cours d’eau, chacun ayant apporté son calame ou un morceau de bois devant servir à l’opération, et sur lequel est écrit son nom. Les calames sont jetés à l’eau. Ceux qui coulent ne sont pas choisis. Le seul calame qui demeure à la surface de l’eau porte le nom de Zakariyyâ (as). Aussi, la tutelle de Maryam (as) lui revient. En vérité, il est bien celui qui en est le plus digne, car en plus de posséder la dignité de prophète, il est le mari de la tante de Maryam (as). Le tirage au sort est l’ultime voie permettant de régler le différent A partir de ce verset accompagné des versets de la sourate Al-Sâfât (Les rangés, sourate 37) révélés à propos de Yûnus (32) (as), on peut déduire que pour régler un problème et/ou en cas de querelle et de dispute, lorsque les choses se retrouvent dans une voie sans issue et qu’il n’existe aucun moyen de mettre un terme à la querelle, il est possible de recourir au tirage au sort. Ces mêmes versets, joints aux hadiths des Imâms (as) de l’islam, font que la méthode du tirage au sort est dès lors considérée comme une méthode légale issue du Livre de l’islam, et se trouve soumise à la discussion. Cependant, comme cela vient d’être dit, le tirage au sort est l’ultime recours. Par conséquent, dès lors qu’il existe une autre manière de régler l’affaire, on ne peut recourir au tirage au sort. La modalité du tirage au sort ne comporte pas de forme particulière en islam. Il est possible d’utiliser des bâtons aiguisés, des petits cailloux, du papier ou autre chose, à condition qu’aucune collusion ni arrangement ne puisse s’immiscer. Il est évident qu’en islam, il ne saurait être question de tirage au sort permettant de gagner ou de perdre au jeu. Car là , il n’est pas question d’un problème dont la seule solution consiste à recourir au tirage au sort, en effet il s’agit là d’une façon de gagner un revenu illicite. Il est également nécessaire de rappeler que le tirage au sort n’est pas réservé aux querelles et aux différends qui opposent les gens, mais qu’il peut également être utilisé pour débloquer d’autres problèmes insolubles, comme cela apparaît dans les hadiths. Des nourritures célestes à la table de Maryam (as) Plus Maryam (as) grandit, plus les traces de la majesté et de la beauté se font jour en elle. Ceci en arrive à un point tel que le Coran dit à son propos : « Chaque fois que Zacharie allait la voir, dans le Temple (33) , il trouvait auprès d’elle la nourriture nécessaire, et lui demandait : ‘Ô Marie ! D’où cela te vient-il ?’ Elle répondait : ‘Cela vient de Dieu : Dieu donne, sans compter, Sa subsistance à qui Il veut.’ » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 37). Le mihrâb est un lieu spécial, il est réservé à l’imâm du lieu de culte ou à des personnes particulières. Plusieurs conditions sont déterminées pour qu’un lieu puisse s’appeler « mihrâb », et les meilleures sont les trois conditions suivantes : la première est que le mot mihrâb / Ù…Øراب provient du mot haraba / Øرب qui signifie « guerre », ainsi les croyants, en ce lieu, doivent livrer bataille contre Shaytân (34) et contre les désirs rebelles. Ensuite, il se trouve que mihrâb / Ù…Øراب signifie à l’origine « au-dessus de l’assemblée », et que le mihrâb doit être situé au-dessus du niveau général du lieu de culte pour prendre ce nom. Cela dit, rappelons cependant que le mihrâb, qui était à l’époque celui des Banî Isrâ’îl, diffère de celui que les musulmans connaissent aujourd’hui, car les Banî Isrâ’îl l’établissaient plus haut que le niveau du sol, de telle manière que pour y accéder, on devait monter quelques marches. De plus, ce mihrâb-ci était entouré de murs formant une pièce qui l’isolait des fidèles. Ainsi, ceux qui se tenaient dans le mihrâb jouissaient d’une certaine intimité vis-à -vis de l’extérieur (35) . Troisièmement, le mot mihrâb / Ù…Øراب s’applique à l’ensemble du lieu de culte qui, dans son intégralité, symbolise le lieu du combat contre les désirs de l’âme et contre Shaytân. Maryam (as) grandit donc sous la tutelle de Zakariyyâ (as). Elle s’absorbe tellement dans l’adoration et le service divin que selon Ibn ‘Abbâs, lorsqu’elle atteint l’âge de neuf ans, elle jeûne les journées et passe les nuits en adoration. Elle fait tant de progrès en matière d’abstinence et de connaissance de Dieu qu’elle va jusqu’à dépasser les savants vertueux de son époque. Lorsque Zakariyyâ (as) se rend auprès de son mihrâb pour lui rendre visite, il voit tout près de celui-ci des nourritures particulières qui provoquent son étonnement. Un jour il lui demande : « D’où apportes-tu cette nourriture ? » Maryam (as) lui répond : « Elle me vient de la part de Dieu. Il offre à qui Il veut son pain quotidien, sans compte. » Mais de quelle sorte de nourriture s’agit-il et d’où l’apporte-t-on à Maryam (as) ? Ceci n’est pas précisé dans le verset. Cependant, à partir des nombreux hadiths rapportés dans le Tafsîr ‘Ayyâshî et ailleurs dans des ouvrages tant shiites que sunnites, il est possible de comprendre qu’il s’agit d’une variété de fruit paradisiaque qui sur l’ordre de Dieu est déposé auprès du mihrâb de Maryam (as). Aussi, il n’y a pas lieu de s’étonner que Dieu offre une telle chose à sa dévote vertueuse. Le fait que le mot rizqân / رزقا désigne une nourriture paradisiaque peut également être déduit à partir des indices que l’on trouve çà et là dans le verset. Car premièrement, le mot rizqân / رزقا est sur le mode indéfini, ce qui montre qu’il s’agit d’une nourriture spéciale et inconnue de Zakariyyâ (as). Deuxièmement, la réponse de Maryam (as) disant que cela vient de la part de Dieu constitue un autre signe allant dans le même sens. Troisièmement, l’émotion qui touche Zakariyyâ (as) et la prière qu’il adresse à Dieu à propos d’un fils et qui est rapportée dans le verset suivant, peuvent être considérées comme un indice supplémentaire. Cependant, certains exégètes (dont l’auteur d’Al-Manâr) prétendent que le mot rizqân / رزقا désigne une nourriture terrestre ordinaire, parce que Ibn Jarîr rapporte que les Banî Isrâ’îl connaissent une famine et que Zakariyyâ (as) n’est pas en mesure de subvenir aux besoins quotidiens de Maryam (as). Alors ils tirent au sort et le sort tombe sur un charpentier qui a ainsi l’honneur de nourrir Maryam (as) grâce à ce qu’il gagne. Ainsi, lorsque Zakariyyâ (as) se tient auprès du mihrâb de Maryam (as), il s’étonne d’y trouver de la nourriture vu la conjoncture si difficile. Quand Maryam (as) répond à sa question en lui disant : « Cela vient de la part de Dieu », cela signifie que Dieu a fait qu’un homme de foi se plaît à rendre ce service malgré la conjoncture. Dans cette phrase, rizqân / رزقا est écrit sans alif ni lam (36) , ce qui indique que la nourriture en question n’est pas ce que les gens consomment ordinairement. Certains précisent même qu’à chaque fois que Zakariyyâ (as) rend visite à Maryam (as), il voit auprès d’elle des fruits d’hiver en été et des fruits d’été en hiver. De ce qui précède, il est donc confirmé que si la nourriture susmentionnée faisait partie de ce que les gens mangent ordinairement à l’époque, et si elle était de saison, ce n’est pourtant pas pour autant ce qu’induit le nom rizqân / رزقا sans article défini, alors que Zakariyyâ (as) ne voit jamais la pièce de Maryam (as) dénuée de nourriture, bien au contraire, il en trouve systématiquement auprès d’elle. Dans ce cas également, il ne se serait pas contenté de la réponse de Maryam (as). En effet, la réponse de Maryam (as) indique que cette nourriture lui vient de la part de Dieu, mais le fait que la nourriture vienne de Dieu n’est pas propre à la nourriture de Maryam (as) : la nourriture de tout le monde vient de la part de Dieu. Aussi, Zakariyyâ (as) aurait pu l’interroger de nouveau et lui demander : « Cette nourriture qui te vient de la part de Dieu, qui te l’apporte ? » Parce qu’il est possible qu’une personne allant et venant dans le temple la lui apporte, tout en visant par cet intermédiaire un objectif divin ou un but satanique. Cependant, nous voyons bien que Zakariyyâ (as) se satisfait de la réponse de Maryam (as) ; aussi, il est clair que la nourriture susmentionnée n’est pas une nourriture ordinaire. En sus, l’invocation que Zakariyyâ (as) fait après avoir entendu la réponse de Maryam : « Mon Seigneur ! Accorde-moi, venant de Toi, une excellente descendance. » (sourate Âl-i ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 38), atteste qu’il considère le fait de trouver cette nourriture auprès de Maryam (as) comme un miracle de Dieu, un fait extraordinaire. C’est pourquoi il en déduit qu’il peut également demander à Dieu le Très-Haut, au titre de subsistance, un fils parfait. Par conséquent, il est clair que la nourriture en question est de nature à prouver que Maryam (as) suscite un miracle de Dieu. La phrase qui contient : « Ô Maryam !... », nous donne elle aussi une information à propos de ce qui vient après. Dans ce verset, alors que Dieu dit : « … il trouvait auprès d’elle la nourriture nécessaire, et lui demandait : ‘Ô Marie ! D’où cela te vient-il ?’ … », sans que la lettre waw / Ùˆ / et, soit utilisée (37) pour jouxter deux séquences, cela indique qu’Il veut ainsi faire comprendre que Zakariyyâ (as) dit toutes ces paroles à Maryam (as) d’un seul tenant, et qu’elle lui donne aussitôt une réponse qui le satisfait, qui lui donne la certitude que ces nourritures correspondent à un miracle que Dieu octroie à Maryam (as). Dès lors, ayant ainsi goûté lui-même au miracle divin, il demande à son Seigneur un fils parfait. Le Tafsîr ‘Ayyâshî rapporte un hadith de l’Imâm al-Bâqer (as) qui dit en substance ceci : « Un jour, le Prophète (s) se rend chez Fâtima al-Zahrâ (as). Cela fait plusieurs jours qu’il n’a pas vu de nourriture chez elle. Mais ce jour-là , il aperçoit auprès d’elle une nourriture abondante et particulière. Il lui demande : ‘D’où vient cette nourriture ?’ Fâtima (as) lui répond : ‘Elle vient de Dieu, car Il offre à qui Il veut le pain quotidien, sans compte.’ Le Prophète (s) dit : ‘Cette affaire est comme l’affaire de Zakariyyâ (as), qui venant auprès du mihrâb de Maryam (as) y avait vu une nourriture particulière et lui avait alors demandé : Ô Maryam ! D’où vient cette nourriture ? Elle lui avait répondu qu’elle venait de Dieu.’ » La bonne nouvelle de l’élection de Maryam (as) apportée par les anges
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