L’initiation d’Adam aux noms de la part de Dieu« Il n’est rien [littéralement : aucune chose] dont Nous ne possédions les réserves, et Nous n’en faisons rien descendre que selon une mesure déterminée. » (sourate Al-Hijr, nom de lieu, 15 : 21) Dieu, exalté soit-Il, nous informe dans ce verset, que les êtres désignés par le terme « chose » (shay’) et que nous nous représentons par l’imagination, existent dans des réserves (khazâ’in), qui sont auprès de Dieu, qui sont en quantité inépuisable, que l’on ne peut comparer selon aucun critère, qui sont illimitées et indéfinies - car la mesure et l’évaluation ne concerne que les choses qui « descendent » -, qui viennent dans ce monde de la création. En outre, la quantité qui se trouve dans ces réserves ne relève pas de la quantité numérique, car la quantité numérique est sujette à estimation et évaluation ; c’est donc une quantité qui relève de la station et du degré de l’être. En résumé, nous pouvons affirmer que les êtres doués de vie et de science que Dieu a énoncés aux anges sont des êtres sublimes et préservés auprès de Dieu, qui se trouvent derrière le voile de l’Invisible des cieux et de la terre. Et Dieu a voulu que ce soit par la bonté et la bénédiction de ces êtres, de la lumière et de la splendeur de ces êtres que procède tout nom « descendu » c'est-à -dire créé dans ce monde, et que procède tout ce qui existe dans les cieux et sur la terre. Bien qu’ils soient nombreux, ces êtres ne sont pas évalués ni concernés par la quantité numérique. Ils sont nombreux de par leur rang, leur fonction, leur nature. Ils ne sont pas tels que leur personne soit différente de l’un à l’autre et leur "descente" dans ce monde relève de la même modalité. « Et Je sais ce que vous divulguez comme ce que vous cachez. » (sourate Al-baqara (La vache) ; 2 : 33) Ce que les anges montrent et ce qu’ils cachent sont deux parties de l’Invisible relatif, c'est-à -dire une partie des invisibles des cieux et de la terre ; et c’est pour cette raison que dans le texte coranique, cette phrase intervient après le segment de verset suivant et est mise en opposition par rapport à lui : « Ne vous ai-Je pas dit que Je connais les mystères des cieux et de la terre ? » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 33), et cela afin que le verset entier embrasse les deux parties de l’invisible ou du mystère, à savoir l’invisible à l’intérieur du monde terrestre et céleste, et le mystère externe à cela. La signification des Noms divins dans les sciences divines Les noms ne sont pas des termes ni des notions, étant donné que la relation des termes avec les notions est une relation subjective et conventionnelle. Or la station de proximité divine (ladunn) auprès de Dieu n’est pas le lieu adéquat pour employer des termes et notions acquises ou pour fixer par convention un nom pour désigner une signification. Dans ce niveau de la Présence divine, les Noms sont des réalités, et c’est pourquoi nous disons que les noms divins sont d’institution divine[2], fixés par Dieu (« suspensifs », tawqîfî). Dire que les noms divins sont suspensifs au sens de la gnose et de la philosophie revient à dire qu’il s’agit de réalités concrètes ; et pour la théologie et la jurisprudence, les noms sont des termes et des notions. Les noms que Dieu - exalté soit-Il - a enseigné à l’homme parfait sont des réalités et des connaissances universelles et non des mots et des notions comme en témoigne le verset déjà mentionné : « Il apprit à Adam tous les noms puis les énonça aux anges » (sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 31). L’emploi du pronom masculin pluriel « eux » (hum) indique qu’il s’agit de réalités concrètes et non de notions mentales. Et comme chez les maîtres de la connaissance, le nom est une essence déterminée de façon particulière et que la détermination est appelée elle-même une qualité ou caractéristique, la question a été posée de savoir si le nom est le dénommé lui-même. Autrement, personne ne se demanderait si le nom conventionnel (prononcé) est le dénommé ou non, ou si la notion d’une chose est la réalité même de la chose. Ce que nous venons de dire, à savoir que le nom est d’un côté le dénommé lui-même, et d’un autre côté, il est autre que le dénommé, s’explique par le fait que le propos ne porte pas sur le mot ni la notion.
|