L’impact de la connaissance de Dieu sur l'homme



- De l’ensemble des versets relatifs à l’espoir, il ressort que l’espoir est à l’origine de tous les efforts utiles et fructueux de l’homme, et il est la source de l’amendement des affaires de la création dans la société ainsi que la cause qui fait mériter aux hommes le bonheur éternel. Tout comme il est aussi vrai que le désespoir, la détresse à l’égard de Dieu et au Jour de la Résurrection sont la racine de toutes les corruptions sur terre, des actions viles et des malheurs. Dans certains versets, l’espoir (rajâ’) est pris dans son sens strict d’attente que se réalise ou que survienne quelque chose, que ce soit au bénéfice de l’homme ou à son détriment. Et dans toutes les occurrences de « l’espérance au jour de la résurrection Â», le mot semble prendre une signification de l’attente absolue. Au sujet des versets faisant mention de l’attente de la rencontre avec le Seigneur, deux possibilités se présentent : l’une est que l’intention en soit que la rencontre avec Dieu est un degré de la proximité divine qui ne s’obtient et n’est à la portée que des saints et saintes (awliyâ’) et l’autre, que l’intention en soit le face à face absolu de la rencontre avec Dieu qui se produira pour tout le monde et chacun individuellement. Dans ce dernier cas, le sens de « l’espoir de la rencontre avec Dieu Â» serait l’attente absolue de cet évènement qui se fonde sur la foi dans la résurrection finale et surtout l’idée que l’on s’en soucie.

Quelques remarques :

  • Si l’homme croyant est persuadé au fond de lui-même que le bien et le mal le concernant dépendent uniquement de la volonté de Dieu, il devrait dans ce cas ne craindre que Dieu et ne s’attacher qu’à Lui, et par conséquent, son espoir et sa crainte seront tous les deux suspendus à Lui.
  • La crainte de Dieu et l’espoir en Lui servent à celui qui désire la perfection comme deux qualités indispensables. Ne pas les avoir constitue une lacune dans les vertus humaines. La crainte et l’espoir sont en réalité deux ailes dont on se sert pour voler vers les sommets de la perfection, sans lesquelles l’homme n’arriverait nulle part.
  • La crainte et l’espérance doivent être équilibrées. Cette remarque peut se déduire des versets où les deux termes apparaissent côte à côte. Dieu dit :

« Celui qui a le souci de la vie dernière, aspire à la miséricorde de son Seigneur… » (Sourate Al-Zumar (Les groupes) ; 39 : 9), et Il dit aussi : « Ceux qui détachent leurs flancs de leur couche pour invoquer leur Seigneur dans la crainte et l’appétence, sur Notre attribution font dépense. » (Sourate Al-Sajda, (La prosternation) ; 32 : 16).

Dans les recueils de traditions, l’Imâm Impeccable (as) a dit : « Le serviteur de Dieu croyant n’est pas autre que celui qui possède dans son cÅ“ur deux lumières : l’une est la lumière de la crainte et l’autre la lumière de l’espoir, et s’il souhaitait évaluer chacune d’elle séparément, aucune ne l’emporterait sur l’autre. Â»

  • Ce qui s’oppose à la peur est d’une part, le sentiment de sécurité devant le châtiment de Dieu et d’autre part, l’impertinence (de se livrer à tous les péchés sans crainte de Dieu). Et ce qui s’oppose diamétralement à l’espoir est la déception, le désespoir de la bonté divine qui font partie tous les deux des péchés capitaux. La crainte et l’espérance sont deux choses existantes et aucune d’elles ne se trouve aux antipodes de l’autre, ni son contraire. En dépit de cela, elles interagissent l’une sur l’autre. Si la peur dépasse la limite raisonnable et nécessaire, elle affaiblira l’espoir dans le cÅ“ur de l’homme et inversement. C’est la raison pour laquelle l’Imâm Ja'far al-Sâdiq (as) a dit : « Espère en Dieu dans la proportion qui ne te rende pas impertinent au point de ne plus Lui obéir, et sois dans la crainte de Dieu dans la proportion qui ne te fasse pas désespérer de sa miséricorde. Â»

L’humilité (khushû‘)

Le sens de l’humilité est approximativement concomitant du sens de la peur et de la crainte et signifie quelque chose comme orgueil brisé. En français, l’humilité est de la même famille que le mot humus qui désigne le terreau. Etre humble a donc le sens imagé très oriental de réaliser que nous ne sommes que de la poussière, que nous retournerons à la terre, qui que nous soyons. Le cÅ“ur devient flexible et ne se laisse plus dominer par l’orgueil, comparé à la dureté du cÅ“ur de pierre et l’absence de réaction émotive du cÅ“ur. Le Noble Coran incite et encourage les croyants à l’humilité et à la modestie devant les Paroles divines, les signes divins, les Livres célestes révélés, la Vérité et la Réalité. Il attend d’eux qu’ils aient des comportements en totale adéquation avec ses enseignements divins. Il blâme les hommes aux cÅ“urs endurcis qui ont reçu la Torah mais qui ne l’ont pas appliquée dans leur vie, leurs cÅ“urs devenant encore plus durs, s’adonnant à la prévarication et à la scélératesse. « N’est-il pas l’heure pour les croyants que leur cÅ“ur s’humilie au Rappel de Dieu et à cette part du Vrai qui est descendue, et qu’ils n’imitent pas ceux qui précédemment reçurent l’Ecrit ? Le délai leur parut long, leurs cÅ“urs s’endurcirent, et beaucoup d'entre eux sont pervers. » (Sourate Al-Hadîd (Le fer) ; 57 : 16).

On peut conclure de ce verset que l’acquisition de la qualité de l’humilité dépend dans une certaine mesure de la volonté des hommes. On peut donc faire naître en soi cette qualité en accomplissant certaines Å“uvres et en réunissant certaines autres conditions préalables. Pour plus de lecture à ce sujet, on pourra consulter aussi les contenus des versets coraniques évoquant cet état louable aux sourates suivantes : Al-Ahzâb (Les coalisés) ; 33 : 35 , Al-Baqara (La vache) ; 2 : 46 , Al-Zumar (Les groupes) ; 39 : versets 22 à 27, Maryam (Marie) ; 19 : 58 , Al-Isrâ (Le voyage nocturne) ; 17 : versets 107 à 109.

La contrition et le renoncement

La contrition ou remords (tazarro‘) et la reddition ou soumission après résistance (istikâna) sont des états qui surviennent suite à la peur et l’effroi. Tazarro’ signifie étymologiquement (se) sous-estimer et (se) mépriser à force de regret, et il se manifeste par les pleurs et les lamentations. Même si aujourd’hui encore il continue à être employé dans cette acception, il désigne aussi la cause à l’origine de cet état qui consiste dans le fait de se voir faible et insignifiant devant la puissance des évènements et des difficultés de la vie et qui amènent les hommes à supplier le secours divin. La privation, la maladie, les inondations, les tremblements de terre et autres calamités ramènent l’homme à sa vérité, à se voir en face, hors de son image d’orgueilleux et d’indifférent à Dieu, et cet état de remords remonte à la surface. C’est pour cette raison que selon le Coran, pour faire manifester cet état louable, Dieu a soumis aux épreuves les anciennes communautés par les difficultés. Mais beaucoup d’entre elles avaient le cÅ“ur trop endurci pour manifester la moindre émotion et ne pouvaient se réveiller de leur orgueil. Il dit dans le Coran :

« Oui, Nous avons envoyé (Notre message) à des communautés d’avant toi ; et c’est pourquoi Nous les saisîmes par le malheur et la calamité, dans l’attente de leur contrition. Ah ! si, quand les toucha Notre rigueur, elles avaient témoigné de contrition ! Mais leur cÅ“ur s’endurcit. Satan leur parait leurs actes... » (Sourate Al-An’âm, (Les bestiaux) ; 6 : versets 42 et 43).



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