LA METHODE D'ACTION POLITIQUE DES AHL-UL-BAYT



C'est l'Imam 'Ali al-Redhâ qui succéda à l'Imam Mûsâ al-Kâdhim. Il devint vite un Guide en vue et un Dirigeant politique, qui imposa sa présence au pouvoir abbasside, en raison d'une part de sa forte personnalité et de sa popularité, et d'autre part de la montée de l'opposition. Pour essayer de conjurer le danger qu'il représentait pour le pouvoir, le calife abbasside al-Ma'mûn le contraignit à accepter le titre d'héritier présomptif. Même contraint et forcé, l'Imam n'accepta ce titre qu'en posant deux conditions :

1- il ne participerait pas aux affaires de l'Etat ;

2- il accéderait au Califat après la mort d'al-Ma'mûn.

Mais il mourut empoisonné en l'an 203 de l'hégire, alors qu'al-Ma'mûn était encore vivant.

Après sa mort en Martyr, c'est son fils, l'Imam Muhammad al-Jawâd, qui accéda à l'Imamat et à la Direction de l'opposition. Il vécut la partie finale du califat d'al-Ma'mûn, lequel le traita avec beaucoup de considération et le maria même à sa fille, Umm al-Fadhl, dans le but de s'attirer la sympathie de la Ummah et de contenter l'opposition dont il était le Chef spirituel. Mais cette opération de charme ne changea rien à l'attitude de l'Imam à son égard, et celui-ci se résolut à quitter Bagdad pour revenir à Médine, la ville de son aïeul, le Messager d'Allah -afin d'y poursuivre ses activités scientifiques et de Direction. Mais après la mort d'al-Ma'mûn et l'accession de son fils, al-Mu'taçim, au califat, celui-ci, craignant l'influence de l'Imam et ses activités, le convoqua à Bagdad pour le placer sous haute surveillance et l'éloigner de son fief et de sa base populaire.

Selon les historiens, l'Imam mourut l'année même de sa convocation dans la capitale califale, soit en l'an 225 de l'hégire.

Lorsque son fils 'Ali al-Hâdî accéda à l'Imamat, et donc à la Direction politique des affaires de la Ummah - en l'an 225 H.-, les autorités abbassides, sous le califat d'al-Mutawakkil -connu pour son penchant immodéré pour les divertissements, son impudence et son hostilité envers la Famille du Prophète- lui réservèrent un traitement encore plus sévère que celui qu'elles avaient fait subir à son père. En effet, ce calife haineux s'appliqua à éliminer les descendants de l'Imam 'Ali et leurs Partisans, à les pourchasser, à les proscrire, à les priver de leurs ressources et à empêcher les gens de les aider. Il avait une peur panique de l'Imam et de son influence.

Aussi ne tarda-t-il pas à suivre l'exemple de ses prédécesseurs en lui faisant quitter sa ville, Médine, pour Samarra', où il fut assigné à résidence. Le calife menaça à plusieurs reprises de le faire assassiner et de l'emprisonner. Sa résidence connut plusieurs descentes de police.

Il était souvent complètement assiégé, et privé de contacts avec ses compagnons.

Les historiens et les hagiographes ont souligné les raisons pour lesquelles al-Mutawakkil a tenu à faire venir l'Imam en Iraq. Contentons-nous de citer brièvement ce qu'a écrit Sebt ibn al-Jawziyyah à ce propos :

«Selon les hagiographes, si al-Mutawakkil a fait déplacer 'Ali al-Hâdî de la ville du Messager d'Allah [Médine] à Bagdad, c'est parce qu'il détestait 'Ali et sa descendance, et qu'il avait appris que l'Imam jouissait d'une haute position et d'une grande popularité à Médine. Il avait donc peur de le laisser là-bas.»

Après la mort de l'Imam 'Ali al-Hâdî, en l'an 254 H., à Samarra', son fils, l'Imam Abî Muhammad al-Hassan, qui avait été amené avec son père dans cette ville, poursuivit le rôle de son père et de ses grands-pères, et souffrit de la même répression. Ayant adopté la même attitude d'opposant à l'égard de la déviation abbasside, les autorités ne se montrèrent guère tendres envers lui. Le calife al-Muhtadî ibn al-Wâthiq le fit détenir dans une prison dont les geôliers étaient tristement célèbres pour leur cruauté et la terreur qu'ils inspiraient. Toutefois, l'Imam avait une personnalité si charismatique que même ces hommes sans coeur finirent par se réformer et par suivre le Droit Chemin.

L'Imam al-Hassan al-'Askarî se trouvait encore en prison sous le califat d'al-Mu'tamid. Mais un jour, ce dernier ayant un problème délicat concernant une affaire d'irrigation entre des Musulmans et des prêtres chrétiens, convoqua l'Imam pour l'aider à le résoudre. L'Imam ayant vite présenté la solution légale appropriée, le calife ordonna qu'on le libère ainsi que tous ses compagnons.

Ce bref exposé de l'histoire politique des Ahl-ul-Bayt et de leur lutte contre les gouvernants injustes de leurs époques respectives, est révélateur de l'homogénéité de leur Ligne et de leur action. Il est significatif aussi de leur Mission sacrée et du plan préétabli selon lequel ils ont accompli leur tâche et assumé leur rôle. Est-ce par un hasard fortuit que onze Imams se succèdent, et que chacun d'eux devient le Dirigeant de son époque, le Guide de la Ummah, et le plus érudit de ses contemporains ?

 



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