LA METHODE D'ACTION POLITIQUE DES AHL-UL-BAYTParmi les exemples merveilleux de ce type d'action politique est la position de l'Imam al-Kâdhim vis-à -vis d'al-Hussayn ibn 'Ali ibn al-Hassan, l'auteur du célèbre soulèvement de Fakhkh, qui eut lieu à Médine, au mois de Thî-l-Qa'dah de l'an 169 H. Selon différentes déclarations et divers documents historiques, l'Imam al-Kâdhim a appuyé le principe de ce soulèvement contre le gouvernant injuste, et il a soutenu de tout coeur les insurgés, bien qu'il ait émis des doutes quant à leurs chances de succès car il estimait que les conditions requises pour celui-ci n'étaient pas réunies. C'est pourquoi, s'adressant au dirigeant de ce soulèvement -qui lui paraissait bien déterminé à mener jusqu'au bout son action, il lui dit : «Tu seras tué ! Aiguise donc tes épées, car ces gens-là sont des pervers, ils extériorisent la Foi, mais ils cachent l'hypocrisie et "l'associationnisme". Nous appartenons à Allah et nous retournerons à Lui. C'est auprès d'Allah que je vous compterai parmi mes Partisans.» De même, l'Imam al-Jawâd, le petit-fils de l'Imam al-Kâdhim, a professé son soutien au soulèvement d'al-Fakhkh et aux insurgés, dans les termes suivants : «Nous n'avons pas eu, depuis al-Taf [la Tragédie de Karbala'], un acte de Martyre qui soit plus grandiose que celui d'al-Fakhkh.» La résistance politique La résistance politique a joué un grand rôle dans la vie politique de la Ummah chaque fois que celle-ci avait affaire à un gouvernant qui n'appliquait pas les Lois d'Allah et la Justice islamique. Chacun des Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt -qui occupaient la place de la Direction politique à leurs époques respectives- symbolisait, incarnait et légitimait l'opposition aux yeux des Musulmans qui refusaient la déviation et l'injustice du gouvernant. Les califes omeyyades d'abord, et ensuite abbassides, dont l'Histoire n'ignore pas qu'ils se sont écartés de l'Islam et qu'ils ont soumis les Musulmans à des oppressions et des injustices que la Chari'ah réprouve totalement, connaissaient la position élevée et la popularité dont jouissaient les Saints Imams d'Ahl-ul-Bayt auprès de la Ummah, et déployaient tous les moyens, terreur, subornation, assassinat, emprisonnement, etc. pour s'en débarrasser et les éloigner de l'opinion publique. Ainsi, dès l'accession de l'Imam 'Ali au Califat, Mu'âwiyeh, le futur fondateur du règne omeyyade, s'est rebellé, alors qu'il n'était encore que le gouverneur de la Syrie, contre le Calife légitime. Puis il s'est rebellé encore contre le Califat légitime de l'Imam al-Hassan, et après avoir obligé celui-ci à renoncer au pouvoir, il a continué à le persécuter et à terrifier ses Partisans et ses proches, pour en finir une fois pour toutes avec lui en l'empoisonnant, en l'an 50 de l'hégire. Quant à Yazîd ibn Mu'âwiyeh, il a suivi les traces de son père, en assassinant atrocement l'Imam al-Hussayn, et avec lui une constellation de ses proches et Partisans pieux, lorsque l'Imam a refusé de se soumettre à un "calife" imposé et qui, de plus, violait tous les interdits de l'Islam. Après l'assassinat de l'Imam al-Hussayn, les regards des Musulmans se sont tournés vers son fils, l'Imam 'Ali ibn al-Hussayn Zayn al-'Abidîn, pour voir en lui le symbole de l'opposition au règne omeyyade despotique, et attendre de lui le premier signal d'un nouveau soulèvement. Et de son vivant, plusieurs révoltes ont éclaté pour défendre les Ahl-ul-Bayt et venger le sang de l'Imam al-Hussayn et de ses Compagnons. On peut citer la Révolte de Médine, la Révolte de La Mecque, le Soulèvement d'al-Mukhtâr, le Soulèvement d'al-Tawwâbîn. Durant toute sa vie, ce Saint Imam incarna, aux yeux de la Ummah, le sommet de l'opposition -bien qu'il n'ait entrepris aucune action militaire contre les Umayyades, qui l'épiaient et le surveillaient de près. Mais c'est son attitude de refus passif et silencieux de Yazîd ibn Mu'âwiyeh, puis de ses successeurs, Marwân ibn al-Hâkim, 'Abdul-Malik ibn Marwân et de leurs collaborateurs, qui exprimait avec éloquence son opposition au pouvoir en place. En raison des circonstances, l'Imam Zayn al-'Abidîn montrait son opposition par des moyens détournés. Ainsi, on peut trouver dans ses "Prières de Demande" (Du'â', Supplications) tous les éléments d'une opinion politique et doctrinale claire qui ne laisse aucun doute sur son attitude d'opposant. De même, il a exprimé clairement son opposition lorsqu'il a manifesté sa sympathie et son affliction pour al-Mukhtâr qui s'était révolté contre les Umayyades pour venger l'assassinat de l'Imam al-Hussayn. C'est son fils, l'Imam Muhammad al-Bâqir, qui prit la Direction de l'opposition après lui et qui subit, de ce fait, de nombreuses persécutions de la part des gouvernants omeyyades, et de Hichâm ibn 'Abdul-Malik en particulier.
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