LA METHODE D'ACTION POLITIQUE DES AHL-UL-BAYTA son époque, un soulèvement éclata, dont la figure de proue était son frère, Zayd ibn 'Ali ibn al-Hussayn. Le calife omeyyade, Hichâm ibn 'Abdul-Malik, qui avait la certitude que la source de la prise de conscience politique et du soulèvement était l'Imam Muhammad al-Bâqir, ainsi que son fils Ja'far al-Çâdiq, les convoqua et les fit venir de Médine à Damas, sa capitale. Lorsque l'Imam entra à la cour du calife, il salua de la main tous les assistants, mais pas le calife, et il s'assit sans lui demander la permission. Cette attitude exaspéra la rancune du calife, qui lui dit : «O Muhammad ibn 'Ali ! Chacun de vous continue de diviser les Musulmans, en prétendant au califat, et en se disant impudemment et par ignorance "Imam" !» Il continua à le réprimander sur le même ton, et lorsqu'il se fut tu, les assistants prirent la relève, comme il le leur avait demandé avant l'arrivée de l'Imam. L'Imam réagit à cette manifestation d'hostilité à son égard. Il se leva et s'adressa à l'assistance dans les termes suivants : «O gens ! Où allez-vous et où veut-on vous conduire ? C'est par nous qu'Allah a guidé le premier d'entre vous, et c'est par nous qu'Il terminera le dernier d'entre vous. Si vous avez un royaume actuel, nous avons un Royaume à venir, après lequel il n'y en aura pas d'autre, car nous sommes ceux qui ont l'avenir. Allah a dit, en effet : "La fin heureuse est destinée à ceux qui craignent Allah."» Après cela, l'Imam fut jeté en prison. Il profita de sa présence parmi les prisonniers pour poursuivre son action missionnaire et éducative, et éveiller la conscience politique de ses co-détenus. Le responsable de la prison, effrayé par l'influence qu'exerçait le Saint Imam sur les prisonniers, en référa au calife Hichâm qui, partageant la même crainte quant à la présence, nuisible à ses intérêts, de l'Imam dans le centre de détention, ordonna qu'on l'en sorte pour le renvoyer à Médine, lui et ses Compagnons, par le courrier officiel. Toutefois, selon Ibn Jarîr al-Tabarî, la raison du renvoi de l'Imam à Médine était la montée de son influence intellectuelle parmi les masses populaires des Syriens à la suite d'un débat public qui avait eu lieu entre lui et le dirigeant des Chrétiens. Après la disparition de l'Imam al-Bâqir, c'est l'Imam al-Çâdiq qui porta l'étendard de l'opposition. Pendant la période de son Imamat, l'épreuve douloureuse de la Ummah en général, et de la Famille du Prophète en particulier, s'aggrava. L'Imam al-Çâdiq s'affirmait jour après jour comme le Chef de l'opposition et le Dirigeant de la résistance politique, et ce malgré son silence public et le fait qu'il se soit abstenu de s'attaquer ouvertement au pouvoir. Les opposants le consultaient toujours, sollicitaient son soutien à leur mouvement, et lui demandaient de prendre le pouvoir. C'est ce qu'a fait par exemple Abû Muslîm al-Khurâsanî lorsqu'il lui a proposé qu'on lui prête serment d'allégeance en vue d'évincer le calife abbasside contesté, mais l'Imam a décliné l'offre, sachant que toutes les conditions objectives de la réussite du mouvement n'étaient pas encore réunies.
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