L'ASPECT MORAL DE LA FORCE EN ISLAMIl n'y a donc pas de meilleure raison pour les tyrans de persister dans leur tyrannie que la faiblesse des faibles, le défaitisme des défaitistes, la disparition de la voix qui lance le mot juste avec force et persévérance et l'absence d'une attitude pragmatique qui affronte la force par la force, la fermeté par sa pareille. Par conséquent, l'attitude à prendre dans de tels cas se limite à deux choix qui n'admettent pas un troisième: Soit se détacher du Message, de ses principes et de ses slogans de réforme, en laissant la vie, comme une bouchée facile, à ceux qui y sèment la corruption - avec tous les actes et les positions que le mot corruption peut contenir - soit faire face aux ennemis par tous les moyens nécessaires - y compris le sacrifice des biens et de la vie. En adoptant dans sa législation le jihad et la défense comme deux principes fondamentaux, l'Islam opte pour un choix difficile, celui de l'affrontement, qui va dans le sens de l'intérêt général de l'homme. Il fait ainsi de la vie du message, de ses principes et de ses slogans le centre d'intérêt devant lequel se réduit la vie des individus dans certaines phases de l'histoire au profit de la vie qui s'étend tout au long de l'histoire, car le Message n'est ni une simple pensée qui vit en dehors de la réalité, ni une simple action qui s'écarte des nécessités de la vie et de ses besoins, mais c'est la signification profonde de la vie de l'homme avec tout ce qu'elle représente de nécessités et de conditions pour s'étendre et continuer: si l'homme le perd, il perd du même coup sa vie. Car la vie qui perd son contenu juste, finira par perdre son essence aussi. C'est de cette façon que nous comprenons "la Moralité de la Force" en Islam. La force n'y est ni la souplesse en temps de paix - qui préserve l'âme - ni la violence pendant la guerre - qui fait perdre la vie, mais plutôt un grand objectif visant une vie digne à présent et à l'avenir, régissant la souplesse de même qu'il régit la violence, traitant avec la paix comme il traite avec la guerre. Ce n'est pas seulement la position de l'Islam vis-à -vis de la question de la guerre et de la paix, mais la position de tout message (et de toute doctrine) qui dirige les affaires de la vie et des gens dans le cadre des valeurs auxquelles il croit et des principes auxquels il appelle. L'idée de la guerre et de la paix occupe une place primordiale dans le fondement idéologique, législatif et moral de l'Islam, en raison de ses liens organiques bien soudés avec ce fondement. Certains penseurs(7) considèrent la guerre comme une chose normale du point de vue humain ou humaniste, étant donné que les instincts de l'homme, tel celui de combat, pousse à l'injustice, à la déviation et à l'agression. C'est pourquoi elle constitue une exception à la règle générale qui désavoue le combat et désapprouve la violence, ou même comme une règle naturelle, semblable à toutes les lois qui découlent de la nature de la vie et concordent avec la réalité originale. Il ne s'agit pas ici de discuter de telle ou telle autre question. Tout ce que nous voulons dire, c'est que l'Islam ne s'est pas écarté de sa base fondamentale spirituelle et morale, lorsqu'il a promulgué le jihad, encouragé le combat et autorisé la violence légitime pour faire face aux nécessités de la défense et de la prévention imposées par la nature de son mouvement dans la vie, en tant que religion qui défie l'injustice et la déviation, combat l'athéisme et l'anarchie. Car la légitimité de "l'éradication" de la déviation ouvre la voie à la légitimité de l'élimination des déviationnistes, si l'éradication de cette déviation en dépend. Pour conclure notre exposé, il convient de noter que quelques nobles versets ont pris soin de souligner la nécessité de ne pas utiliser la force pour l'agression, car Dieu n'aime pas les agresseurs. Il est naturel que l'agression se définisse par les limites que l'Islam a fixées au mouvement de la force. Car certains comportements qui sont considérés comme agression dans un cas donné ou dans une situation donnée, peuvent ne pas l'être dans d'autres cas et situations, et ce selon qu'ils compatissent avec la grande ligne de l'objectif ou s'en écartent. II - L'IDةE ET L'APPLICATION Les guerres et les batailles islamiques que menait le Prophète constituent une concrétisation vivante et un portrait fidèle de la pensée islamique. Elles ne s'en sont différées, ni ne se sont écartées de sa grande ligne ni de près ni de loin. Car on peut remarquer qu'elles ne se déroulaient que dans deux cas:
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