L'Education de l'Âme



3- Le Noble Prophète (P) recommanda à son fidèle Compagnon Abû Tharr al-Ghifârî: «O Abû Tharr! Demande-toi des comptes avant qu'on te les demande, car ce sera plus facile pour toi, lorsque tu seras interrogé demain; mets-toi dans la balance avant qu'on ne t'y mette et prépare-toi pour la Grand Exposition, où rien ne pourra être caché à Allah! O Abû Tharr! Un homme ne saurait être considéré comme pieux avant de s'être demandé des comptes d'une façon plus tatillonne que celle dont un associé demande des comptes à son coassocié. Qu'il s'interroge sur l'origine de ce qu'il mange, de ce qu'il boit et de ce qu'il porte! L'a-t-il obtenu d'une façon légale ou illégale?! O Abû Tharr! Lorsque quelqu'un ne se soucie pas de la façon dont il a obtenu ses gains, Allah ne se soucie pas de quelle façon IL le fera entrer en Enfer!».(8)

Ce Hadith renferme trois commandements: la demande de compte à soi-même avant qu'on soit soumis à une demande des comptes, se mettre sur la balance avant qu'on soit mis sur la balance, se préparer pour la Grande Exposition, le Jour de la Résurrection, devant Allah à Qui rien ne sera caché.

Bien que ces trois commandements paraissent ne concerner qu'un même sujet, ils désignent en fait trois choses plus ou moins différentes. Ainsi, la demande des comptes à soi-même signifie qu'on doit examiner les actes qu'on a accomplis pour voir lesquels sont considérés comme une bonne action et lesquels doivent être classés dans le domaine du mal. La mise dans la balance, vise à savoir dans quel stade on se trouve actuellement et dans quel stade on aurait dû être et à combler le cas échéant, ce qui manque à la balance. La préparation à la Grande Exposition signifie qu'on doive corriger le résultat de la demande des comptes à soi-même et de la mise dans la balance du soi-même, en accomplissant ce qui n'aurait pas été accompli et en complétant ce qui aurait manqué.

La demande des comptes à soi-même est la chose la plus difficile à faire. Cette difficulté découle du fait de l'unité de l'interrogateur et de l'interrogé, lesquels sont une seule et même personne. Il est facile en effet qu'une personne interroge une autre personne, mais l'interrogatoire se réalise difficilement dès lors que l'interrogateur et l'interrogé fusionnent pour ne former qu'une seule personne qui assume le rôle de l'un et de l'autre. C'est pourquoi rares sont les croyants qui réussissent à réaliser ou à passer cet examen de conscience, et ils constituent l'élite la plus pure parmi les serviteurs d'Allah.

Certes, on dirait que c'est la raison qui demande des comptes à la conscience et que celle-ci et celle-là constituent deux entités différentes; mais en réalité cette différenciation est une division purement abstraite, et le soi-même, la conscience ou l'âme est une entité qui englobe toutes les forces qu'elle renferme. Donc en fin de compte c'est le soi qui doit demander des comptes au soi. De là la difficulté. Que faire alors?

En fait ce problème ne pourrait avoir que l'une des deux solutions suivantes:

La première solution: consiste à ce que le soi saisit son état de réveil ou de prise de conscience pour demander des comptes au soi dans son état de sommeil ou de faiblesse. En d'autres termes, le soi ou l'âme ne tend au péché que sous l'effet du sommeil ou de la faiblesse devant des facteurs de séduction, et par la suite il se réveille ou se rétablit (se ressaisit) sous l'effet de l'un des facteurs suivants:

1- Après avoir commis ce à quoi l'a incité le désir, le soi pourrait connaître un état de réveil, même relatif, après que le désir, ayant été rassasié, s'éteint. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre sans doute le Hadith suivant de l'Imâm al-Sâdiq (p) qui répondait à la question de savoir: si «un adultère pourrait commettre l'adultère tout en ayant la Foi?» «Non! dit-il, car lorsqu'il se trouve sur le ventre de la femme, il est dépouillé de la Foi, et celle-ci ne lui revient que lorsqu'il se relève».(9)

D'autres facteurs pourraient également causer l'extinction du désir et l'avènement du stade de réveil, à savoir un mauvais état de santé, la vieillesse etc.

2- Les excitants devant lesquels l'âme faiblit pourraient disparaître ou s'atténuer, permettant ainsi la venue du stade de réveil et de lucidité, même relatif.



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