L'Education de l'Âme»Ou bien, peut-être est-ce à cause de mon peu de pudeur envers Toi que Tu m'as puni!»(14) C'est de tels Do'â' que nous apprenons le langage de l'examen sincère de conscience et comment nous devons demander des comptes à nous-mêmes, lors bien même nous nous croyons au-dessus de tout péché. Bien que ce langage (du Do'â') soit le même pour les véritables pécheurs et pour les croyants pieux et mystiques, quel que soit le haut niveau de leur piété ou mysticisme, les mots prennent une signification différente selon chaque cas. Lorsqu'un voleur implore Allah de lui pardonner son péché, il entend le vol qu'il a commis. Et lorsqu'un Croyant pieux ayant atteint de très hauts degrés de piété supplie le Seigneur de lui pardonner son péché, il exprime son insatisfaction de tout ce qu'il a fait (et qu'il juge cependant insuffisant) pour satisfaire Allah, car il sait qu'on ne fait jamais assez pour remercier le Créateurs de Ses Bienfaits infinis et de Sa Miséricorde illimitée qui nous couvre. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre les supplications des Prophètes et des Imâms, lesquels, bien qu'infaillibles, donc immunisés contre le péché, implorent Allah de leur pardonner leurs «péchés». Pour conclure cet exposé sur «la demande de compte à soi-même» ou «l'examen de conscience», il est important de préciser la position de cet exercice spirituel de l'éducation de l'âme dans l'ordre des étapes de ladite éducation et d'expliquer brièvement chacune de ces étapes. En effet, «l'examen de la conscience» se situe au centre du processus du perfectionnement de la morale islamique. Pour que cet examen produise l'effet escompté, il est précédé et suivi par d'autres exercices ou étapes de formation. Les étapes de ce processus de perfection-nement sont: 1- Le "muchâratah" ou l'engagement devant soi:
Les jours de l'homme sont comptés et ils constituent son véritable capital qu'il confie à soi-même. Or le soi a une tendance au mal. S'il omet de le surveiller, il peut gaspiller ce capital. Aussi doit-il s'engager devant soi du moins une fois par jour sinon une fois le matin et une fois le soir de ne dépenser ce capital que de telle ou telle autre manière. Ainsi, il doit considérer les heures de sa vie comme des trésors et des bijoux qu'Allah lui a confiés et que leur perte lui sera très préjudiciable et regrettable. En effet selon la Tradition le Prophète (P) dit: «Le Jour de la Résurrection on ouvrira pour chaque jour de la vie d'un serviteur vingt-quatre trésors, au nombre des heures du jour et de la nuit. Il voit alors l'un de ces trésors pleins de lumière et de joie et en le voyant, il éprouve une telle joie et un tel bonheur que, s'ils étaient distribués aux gens de l'Enfer, ils les distrairaient de la douleur du feu. Ce trésor représente l'heure pendant laquelle il avait obéi à Allah dans la vie d'ici-bas. Puis on lui ouvrira un autre trésor qu'il trouvera ténébreux, nauséabond et terrifiant, et en le voyant, il éprouvera une telle peur et une telle affliction que, si elles étaient réparties entre les gens du Paradis, elles gâcheraient leur bonheur. Ce trésor représente l'heure pendant laquelle il avait désobéi à Allah dans la vie d'ici-bas. Ensuite on lui ouvrira un autre trésor qu'il trouvera vide et ne contenant ni objet de joie ni objet d'affliction; ce trésor représente l'heure pendant laquelle il dormait ou s'occupait des choses permises (neutres = mubâhât) de la vie terrestre.(15) Là il se sentira tellement lésé et éprouvera beaucoup de regret de ne l'avoir pas remplie d'oeuvres bonnes. Ce à quoi fait référence le verset coranique: «...le Jour de la grande perte» (Sourate al-Taghâbun, 64: 9).(16) 2- Le "murâqabah" ou la surveillance du soi:
Car le seul engagement devant le soi ne suffirait pas, étant donné que le soi pourrait ne pas tenir l'engagement. Il faudrait donc le surveiller dans deux étapes: 1)- Avant l'action: pour s'assurer de la motivation de l'action, car le soi est trompeur ou plutôt auto-trompeur, et on peut être inconscient de la véritable motivation qui pousse à l'action ou bien la motivation pourrait être double ou composée: une divine et personnelle. On oublie la seconde partie et on croirait que l'action qu'on accomplit est purement dévouée à Allah.
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