L'Education de l'Âme



Pour mieux expliquer la différence d'attitude vis-à-vis d'Allah, entre ces deux catégories de croyants pieux, on peut transposer la situation dans notre attitude vis-à-vis des êtres humains. Ainsi, supposons que vous êtes en train de faire quelque chose dans votre intimité, et qu'entre-temps une haute personnalité, un chef d'état ou un haut dignitaire s'introduit chez vous. Là vous êtes tellement impressionné et tellement absorbé par l'accueil à lui réserver, que vous abandonnez tout ce que vous faisiez. Précisons que cet abandon de vos occupations intimes ou personnelles n'est pas due à votre pudeur, mais à l'emprise de sa majesté ou de son excellence sur vous. Maintenant, si l'on suppose que l'intrus qui vous a surpris dans votre intimité n'est pas une personnalité hors du commun, mais un homme ordinaire ou petit garçon; là vous êtes saisi par la pudeur, vous essayez de vous couvrir et d'avoir une tenue convenable, non par révérence pour l'intrus, mais par pudeur. Donc en le voyant, vous n'êtes pas totalement absorbé par une surprise d'une situation extraordinaire, mais seulement, sous l'effet de la pudeur.

Ceci dit, nous devons nous sentir en permanence sous l'observation d'Allah, au moins dans la même situation où nous nous voyons en présence d'un homme ordinaire ou d'un petit garçon, dans une intimité qui suscite chez nous le sentiment de pudeur; c'est dire que nous nous devons d'éprouver toujours de la pudeur devant Allah dans toutes les situations de notre existence puisque nous sommes tout le temps dans son champ de vision.

L'extrait suivant du Do'â' d'Abû Hamzah al-Thamâlî est à cet égard significatif:

«Si quelqu'un d'autre que Toi regardait mon péché, je ne le commettrais pas, et si je craignais l'anticipation de la punition, je l'éviterais, non que Tu sois celui qui me regarde le moins ni le moins informé sur moi, mais parce que, o Seigneur! Tu es le plus Discret des discrets, le plus judicieux des juges, et le plus noble des nobles: Tu es Celui qui couvre les défauts, Tu es le Pardonneur des péchés, le Connaisseur des inconnus. Tu couvres le péché par Ta Noblesse et Tu reporte le châtiment par Ta Clémence!»

L'Imâm Zayn al-'Âbidîne (p) rapporte: Lorsque Imra'at al-'Azîz s'est trouvée seule avec Yûsuf auprès de l'Idole, elle couvrit celle-ci d'un vêtement. Yûsuf lui demanda la raison de son geste. Elle répondit: «J'ai honte, si elle nous voyait!» Yûsuf lui dit alors: «Comment!? Tu as la pudeur devant ce qui ne peut ni voir ni entendre ni comprendre ni manger ni boire, alors que moi, je n'en aurais pas devant Celui Qui a créé l'homme et l'a instruit!?».(19)

On raconte qu'un adolescent s'est introduit la nuit chez une servante. Celle-ci lui dit: «Tu n'as pas honte!» L'adolescent fit: «De qui veux-tu que j'aie honte, alors qu'il n'y a que des étoiles qui nous voient?!». La servante répondit: «Et tu oublies leur régulateur!».(20)

3- Al-Muhâsabah ou la demande de comptes à soi-même:

Qui devrait se faire à la fin de la journée et à la fin de la nuit, en parallèle à «l'engagement devant soi» qui s'effectue au début de la journée et au début de la nuit. De cette façon, si nous constatons, après cette séance de demande de comptes, que notre soi s'est bien acquitté de son devoir, nous en remercions Allah et nous L'implorons de nous permettre de faire encore mieux, et si nous constatons que nous avons manqué à notre devoir ou que nous n'avons pas été à la hauteur, nous nous repentons et nous essayons de réparer.

4- Le blâme et le châtiment (al-Mu'âtabah et al-mu'âqabah):

Donc nous constatons que nous n'avons pas respecté scrupuleusement l'engagement que nous avions pris devant nous-même, nous devons alors blâmer et réprimander notre soi, et nous infliger quelques châtiments. Le hadith suivant est à cet égard révélateur.

En effet Layth Ibn Abî Muslim a témoigne: J'ai entendu un Ançârî (Partisan)(21) raconter: Alors que le Prophète (P) se reposait à l'ombre d'un arbre un jour de grande chaleur, un homme est venu. Il se déshabilla, se jeta sur la terre brûlante et se mit à s'y frotter le ventre, le dos et le front en se disant: «O mon soi! Goûtes-en, car ce que Allah te réserve est pire que ce que je te fais subir maintenant». Puis l'homme se releva et se rhabilla. Le prophète (P) qui avait observé la scène lui fit signe de sa main, l'invita à venir auprès de lui et dit: «O 'Abdullâh (Serviteur d'Allah)! J'ai vu ce que tu te faisais subir! Jamais je n'avais vu une personne faire ce que tu viens de faire! Qu'est-ce qui t'a poussé à cela?» L'homme répondit: «C'est la crainte d'Allah qui m'y a poussé, et je me suis dit: O mon soi! Goûtes-en, car ce qu'Allah te réserve sera pire que ce que je te fais subir». Le Messager d'Allah lui dit alors: «Tu as vraiment craint ton Seigneur comme se doit; ton Seigneur te montrera fièrement aux habitants du Ciel!» Et s'adressant à ses Compagnons, il leur dit: «O gens présents! Approchez-vous de votre compagnon pour qu'il prie pour vous!» Les Compagnons s'exécutèrent. L'homme pria pour eux dans les termes suivants: «O notre Dieu! Rassemble-nous sur la bonne voie, fais que la piété soit notre provision de voyage et le Paradis notre lieu de retour vers Toi!»

5- Al-mujâhadah ou l'effort en vue d'une meilleure conduite:

Lorsque nous constaterons que notre conduite n'était pas comme il faut, nous devons nous efforcer de réparer le manquement à notre devoir passé et de faire plus dorénavant, car le Coran nous dit:



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