Livre sur l'Imam Ali (A.S)



«Par Dieu! Est-ce possible qu'à ce point, ni la religion ne vous réunisse ni la fierté ne vous meuve?! Il n'est donc pas étonnant de constater que lorsque je vous demande - à vous qui êtes les héritiers de l'Islam et les notables des fidèles - de l'aide ou un peu de sacrifice, vous vous éloignez de moi et vous vous mettez en désaccord à mon sujet, tandis que lorsque Mu'awiya appelle des gens grossiers et de basses conditions morales, ils le suivent sans demander en contrepartie ni aide ni rétribution!».(65)

Ou encore: «Ouf! J'en ai assez de vous blâmer! Comment avez-vous accepté de substituer ce bas monde à l'au-delà, et l'humiliation à la fierté? Lorsque je vous appelle au jihad contre votre ennemi, vos yeux se tournent, comme si vous étiez dans l'abîme de la mort et l'ivresse de la stupéfaction... Par Dieu, si la guerre venait à s'attiser et la mort à se présenter, vous vous écarteriez de moi comme une tête qui se fend en deux irréversiblement».(66)

L'Imâm avait beau essayer de susciter leur détermination et leur fierté, ses efforts étaient vains. Car ils étaient imprégnés de doute. Or, douter du Commandant, c'est le coup le plus dur qu'on puisse infliger à un Commandant sincère, et c'est également le plus grand danger auquel s'expose l'Umma qu'il dirige.

L'amertume et les peines profondes que l'Imâm ressentait à cause de ce doute, sont très manifestes dans son combat.

L'Imâm s'en plaignait auprès de Dieu: «Mon Dieu! J'en ai assez d'eux et ils en ont assez de moi. Je suis las d'eux et ils sont las de moi. Remplace-les pour moi par d'autres, meilleurs qu'eux. Et mets à leur tête, au lieu de moi, quelqu'un d'autre, moins bien que moi. Mon Dieu fait suinter leurs coeurs comme le sel suinte dans l'eau».(67)

Mais malgré ce vent de doute qui soufflait violemment, l'Imâm n'a ni fléchi ni reculé. Il est resté sur ses positions, poursuivant l'action de mobilisation pour mener le jihad contre Mu'awiya et le schisme jusqu'à la dernière année de sa vie. Et même jusqu'au dernier jour de sa noble vie, lorsqu'il fut assassiné dans la mosquée de Kûfa alors qu'il était au sommet de l'effort en vue de mettre fin à la dissidence, puisqu'il venait de constituer les noyaux d'une armée formée et approvisionnée spécialement pour se diriger vers la Syrie et écraser le camp dissident de Mu'awiya.

Avec le martyre de l'Imâm. les forces révisionnistes ont mis fin à la dernière lueur d'espoir de revenir à la ligne juste de l'Expérience islamique, espoir de ces Musulmans conscients, qu'incarnait le grandiose Imâm qui a vécu, dès le premier moment ou il avait accédé au pouvoir, les préoccupations et les peines de l'Appel(68) et qui a participé à son édification, brique par brique, et dressé avec le Messager, sa citadelle, durant toutes ses étapes.

LE REFUS DE L'IMÂM DE TRANSIGER ETAIT-IL UN ENTÊTEMENT?

Il nous reste à souligner et à expliquer un phénomène important dans la vie de l'Imâm. Il s'agit du refus catégorique, opposé par l'Imâm depuis son accession au pouvoir jusqu'au jour de son assassinat, de toutes formules et solutions de compromis en ce qui concerne l'éradication de la déviation. Il ne lui est jamais venu à l'idée de transiger sous quelque forme que ce soit - avec la déviation au détriment de la Umma.

Cette attitude de refus de toutes solutions de compromis a capté l'attention de la plupart des historiens, dans le passé et à présent. Mais les conclusions qu'ils en ont tiré trahissent une méconnaissance des faits historiques et une interprétation erronée de la vérité de la nature de l'attitude de l'Imâm.

Nous allons à présent analyser cette attitude et l'aborder sur deux plans: politique et jurisprudentiel :



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