Livre sur l'Imam Ali (A.S)1- Sur le plan politique, certains contemporains de l'Imâm pensaient que la façon dont celui-ci traitait les questions gouvernementales relevait d'une sorte d'entêtement, conduisait par conséquent à compliquer la situation, provoquait des difficultés dans son Etat, et aggravait les problèmes, ce qui rendait, en fin de compte, l'Imâm, incapable de les résoudre, le détournait de ses principales occupations administratives et gouverne-mentales et l'empêchait de mener à bien son expérience. On peut citer à cet égard, l'exemple de Mughîrah Ibn Chaaba qui était allé voir l'Imâm pour lui proposer de confirmer Mu'awiya dans son poste de Gouverneur de la Syrie jusqu'à ce que la situation se stabilise, ce qui pourrait amener le gouverneur en question à se soumettre et à prêter serment d'allégeance, ou de ne le destituer que lorsque tous les abstentionnistes et opposants dans les différentes parties de l'Etat auraient prêté serment d'allégeance à l'Imâm. Mais celui-ci a refusé toute forme de compromis, réaffirmant sa ligne politique à travers les propos suivants: «... mon regret est grand de voir cette Umma dirigée par ses impudents et ses débauchés qui se passent les biens de Dieu les uns aux autres, qui asservissent les serviteurs de Dieu, qui font la guerre aux bons fidèles, qui choisissent le parti des scélérats. Il y a parmi eux quelqu'un qui a bu devant vous ce qui est prohibé et qui fut fouetté pour cela, selon le code pénal islamique, et d'autres qui ne s'étaient convertis à l'Islam qu'après avoir été payés».(69) Et à propos de la restitution des biens usurpés de la trésorerie, il a dit: «Tout bien appartenant à Dieu, donné "par 'Othmân" doit être restitué à la trésorerie. Car rien ne peut abolir le bon droit. Celui qui supporte mal le bon droit, l'injustice lui sera encore plus insupportable». C'est justement à ce propos que certains contemporains de l'Imâm ainsi que quelques historiens ont fait remarquer que l'Imâm aurait pu réaliser un succès certain et une victoire sûre, du point de vue politique, sur ses ennemis, s'il avait accepté de transiger et de se prêter à ce type de compromis. 2- Sur le plan jurisprudentiel nous abordons ce sujet à travers une notion jurisprudentielle commune, appelée al-Tazâhum (littéralement «bousculade» ou «conflictuel»), qui signifie que «le plus important» doit primer «l'important». En d'autres termes, si l'accomplissement d'un devoir des plus importants dépend d'un acte prohibé, il n'est pas permis de s'abstenir d'accomplir le premier en prétextant la prohibition du second. Il faut accomplir toujours le devoir le plus important. Par exemple, si le sauvetage d'un noyé dépendait de la traversée d'un terrain dont le propriétaire interdit son accès, le Saint Législateur nous autorise à traverser le terrain même sans le consentement du propriétaire. Car l'acte de sauvetage est plus important que l'interdiction d'accès au terrain privé sans le consentement du propriétaire. Ceci est logique du point de vue jurisprudentiel, car la règle veut que si l'observance d'un devoir dépend d'un acte prohibé et que le motif du premier l'emporte sur celui du second, il est indispensable d'établir la primauté du «devoir» sur l'acte «prohibé». Partant de cette notion jurisprudentielle et de cet ijtihad(70) politique, nous pouvons poser la question suivante sur le phénomène dont nous traitons et que nous analysons ici: pourquoi l'Imâm n'avait-il pas appliqué cette règle jurisprudentielle sur ses comportements et son attitude politique?! Les opposants à la politique de l'Imâm disaient, à ce sujet, que si celui-ci avait su exploiter à son profit, cette règle jurisprudentielle en l'appliquant, et s'il avait déployé ses efforts dans la direction du devoir majeur, en l'occurrence: maîtriser le commandement de la société islamique et oeuvrer en vue de réussir à travers elle, de grandes réalisations pour l'Islam, même au prix de la tolérance de quelques prohibitions - tolérance justifiée par le devoir majeur et admettant des justifications jurisprudentielles - il aurait pu ouvrir aux Musulmans, en maîtrisant les rênes du pouvoir, les portes du bonheur et du bienfait et instaurer pour eux le régime de Dieu sur la terre.
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