Abou Bakr, le premier califeSelon Sir W. Muir, `Omar s'adressa à l'assemblée dans les termes suivants : "Ô gens ! Ce que je vous ai dit hier n'était pas la vérité. En fait, je trouve qu'il n'est corroboré ni par le Livre que le Seigneur a révélé ni par la convention que nous avons faite avec Son Messager. En ce qui me concerne, j'ai souhaité vraiment que le Messager du Seigneur restât avec nous encore plus longtemps et qu'il nous ait dit à l'oreille un mot qui puisse lui sembler bon et nous être un perpétuel guide. Mais le Seigneur avait choisi pour Son Messager la portion qui est avec Lui-même de préférence à celle qui est avec nous. Et vraiment le mot inspiré qui a dirigé notre Prophète est toujours avec nous. Prenez-le donc pour votre guidance, et vous ne serez jamais égarés. Et maintenant, vraiment, puisque le Seigneur a placé l'administration de vos affaires entre les mains de celui qui est le meilleur d'entre nous, le Compagnon de Son Prophète, le seul compagnon, le second des deux qui se trouvaient seuls dans la grotte, levez-vous et prêtez-lui serment de fidélité" (W. Muir's Life of Mohammad). Les gens prêtèrent ainsi un serment d'allégeance général à Abû Bakr. Ceux qui avaient prêté serment d'allégeance à Saqifah ratifièrent leur allégeance. Le Premier Discours Public d'Abû Bakr du Haut de la Chaire
"Citant al-Hassan al-Baçrî, Ibn Sa`d note que lorsqu'on prêta serment d'allégeance à Abû Bakr, il se leva et dit : "Et maintenant, je suis chargé de cette autorité, bien que j'aie une aversion pour elle, et par Allah ! J’aurais été heureux si quiconque parmi vous avait pu convenir à cette tâche à ma place; même si vous me chargiez d'agir envers vous comme l'a fait le Messager de Dieu, je ne pourrais pas l'entreprendre, car le Messager de Dieu était un serviteur que le Seigneur a honoré de Son Inspiration et préservé par là même de toute erreur, et je suis vraiment un mortel et je ne suis pas meilleur qu'aucun d'entre vous. Pour cela, surveillez-moi, et lorsque vous aurez constaté que je suis ferme, obéissez-moi alors, et lorsque vous aurez remarqué que je dévie du droit chemin, remettez-y moi. Et je sais qu'un diable m'accapare. Donc, lorsque vous me trouverez enragé, évitez-moi, car en ces moments-là je ne pourrais pas écouter vos conseils ou vos bonnes salutations". L'Absence d'Abû Bakr et de `Omar aux Cérémonies Funéraires du Prophète
Depuis la mort du Prophète le lundi midi, jusqu'à la dernière partie de la nuit du mardi au mercredi, Abû Bakr et `Omar étaient occupés (Ayant encore le souvenir de l'expérience de Saqîfah, bien frais dans la mémoire, 'Omar, sur son lit d'agonie accordera un délai de trois jours pour l'élection de son successeur, bien qu'il ri y eût que six électeurs qu'il avait désignés lui-même. Il est donc évident que l'élection à Saqîfah, avec toutes les parties contestataires parmi les Ançâr et les Muhâjirîn qu'elle impliquait aurait dû occuper beaucoup plus longtemps sans les mesures prises par `Omar pour conclure l'affaire au plus vite) aux affaires de l'élection et ne purent donc [[[Note: l. Ibn Abîl-Hadîd dit : "Une grande partie de la Ummah soutient que toute la politique et toutes les mesures apparemment précipitées adoptées par Abû Bakr et `Omar pour s'emparer du Califat répondaient en fait à un plan prémédité et bien établi élaboré pendant la maladie du Prophète, lorsque son lit avait été assiégé par l'habile `Âyechah, fille d'Abû Bakr et ennemie de Ali (Gibbon). Abû Bakr était un homme bien âgé puisqu'il avait à peu près l'âge du Prophète. Il ri était donc pas probable qu'il puisse survivre longtemps après la disparition du Prophète. `Omar était beaucoup plus jeune qu'Abû Bakr, il avait donc confiance qu'il lui succéderait dans un délai pas trop éloigné. On peut donc supposer qu'ils s'étaient entendus sur l'ordre dans lequel ils accéderaient au pouvoir tous les deux, et c'est conformément à cet arrangement qu'Abû Bakr, lorsqu'il se trouva sur son lit d'agonie, ne se contenta pas de faire élire son successeur, mais nomma 'Omar franchement pour lui succéder afin d'éviter le risque de l'élection. 2. La réponse de `Omar à Hobâb, comme nous l'avons vu dans un paragraphe précédent, suggère aussi qu'il s'était déjà assuré de l'établissement du Califat avec ses partisans. 3. La déclaration de `Omar selon laquelle il pensait qu'il ne convenait pas de désobéir au Calife deux fois en un jour (voir plus haut) tend à montrer également qu'il avait préalablement choisi Abû Bakr comme Calife avant l'élection; autrement comment pouvait-il parler d'un Calife alors qu'il avait professé fermement que le Prophète n avait pas nommé son successeur, ce qui nécessitait une élection.]]] Assister aux cérémonies de funérailles du Prophète qui avait été enterré avant qu'ils ne se libèrent pour pouvoir rejoindre ces cérémonies. En réalité, ils voulurent éviter de rencontrer Ali jusqu'à ce qu'ils s'assurent complètement la mainmise sur le Califat. Après avoir réussi dans leur dessein, bien au-delà de leurs prévisions, ils se montrèrent, mais ils étaient bien entendu, trop tard, les cérémonies étaient déjà terminées. Le Père Surpris par l'Election de son Fils
Dans son "Mustadrak" (Appendice), al-Hâkim, citant Abû Horayrah, écrit que lorsque le Messager de Dieu mourut, la Mecque fut ébranlée par un tremblement de terre qui suscita l'interrogation et la réaction suivante d'Abû Quhâfah (le père d'Abû Bakr) : "Que se passe-t-il?", demanda-t-il. "Le messager de Dieu est mort", lui répondit-on. "C'est un événement monumental. Qui est chargé alors de l'autorité après lui ?" dit-il. "Ton fils" lui fit-on savoir. "Est-ce que les Banû Abd Manâf et les Banû al-Moghîrah ont consenti à ce choix ?" s'étonna-t-il. "Oui", lui assura-t-on. "Personne ne démolit ce qui a été élevé, et personne n'exalte ce qui a été humilié" L'attitude de Ali après l'Election d'Abû Bakr
Bien que le Califat fût effectivement détenu par Abû Bakr, il n'en restait pas moins un bon nombre de gens insatisfaits de cette élection. Ainsi, aucun Hâchimite n'avait été présent à Saqîah ni lors de la prestation du serment d'allégeance générale au Masjid. Zobayr, Miqdâd, Salmân, Abû Thar al-Ghifârî, Ammâr Ibn Yâcir, Barra B. Azhab, Khâlid Ibn Sa îd, Abû Ayyûb al-Ançârî, Khazimah B. Thâbit et bien d'autres, tout comme les Hâchimites, s'en tinrent à l'écart, car étant d'avis que le droit à la succession du Prophète revenait exclusivement à Ali, ils ne voulurent pas rendre hommage à Abû Bakr. Ali était naturellement chagriné par le tournant qu'avaient pris les événements, mais il ne bougea pas. S'il avait eu recours aux armes pour s'opposer à ceux qui n'avaient jamais osé faire face aux héros des Infidèles, lesquels avaient été systématiquement vaincus par Ali, il les aurait certainement vaincus, comme en témoigne l'ensemble de sa vie de combattant mais une telle victoire aurait été obtenue au détriment de la Religion, laquelle n'aurait pas pu, dans ce stade précoce de sa vie, survivre à une guerre civile. C'est pourquoi il s'enferma, en s'armant de patience, chez lui, pour sauvegarder l'intérêt de l'Islam à l'établissement duquel il avait si longtemps contribué au risque de sa vie, et il concentra son attention sur la collection du Coran que d'aucuns pensent qu'il aurait écrit selon l'ordre de ses révélations. Mohammad Ibn Sîrîn dit : "Si on pouvait tomber sur ce Livre-là , il aurait été très instructif' Le Nom et les Titres Originels d'Abû Bakr
A l'époque de son élection, Abû Bakr avait environ soixante ans. Il était le fils d'Abû Quhâfah un Quraychi éparé dans ses origines au niveau du septième aïeul de la lignée ou des ancêtres du Prophète. Abû Bakr était le septième dans la descendance de Taym, le fils de Morrah, le septième ancêtre du Prophète (voir plus loin : Tableau Généalogique). Le Clan auquel il appartenait se dénommait Banû Taym du nom de Taym Sa mère Salmâ était une fille de l'oncle de son père, Saqr. Bien qu'Abû Bakr fût reconnu comme étant l'un des premiers à se convertir à l'Islam, son père Abû Quhâfah n'embrassa cette religion que deux décennies après le début de la mission du Prophète. Le nom originel d'Abû Bakr avait été `Abdul Ka`bah. Il s'appelait également `Atîq. "Sa mère n'avait aucun fils survivant, et lorsqu'elle avait mis au monde Abû Bakr, elle l'amena au temple et s'exclama : "Ô Déité ! Si celui-ci est immunisé contre la mort, alors donne-le moi". Par la suite il s'appellera `Atîq, c'est-à -dire "Libéré". "Concernant son titre d'Aç-Çiddîq, on dit qu'il avait été surnommé ainsi à l'Epoque de l'Ignorance, parce qu'il s'était distingué par son amour de la vérité".
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