Abou Bakr, le premier califeIl ne serait pas déplacé de noter ici que la suprématie sur les Hâchimites, tant désirée par les Omayyades durant des générations et déjà presque réalisée après la mort d'Abû Tâlib avait été enrayée par le Prophète après la conquête de la Mecque. A présent, Abû Bakr, retournant la situation, offrit aux Omayyades une chance de regagner leurs positions en nommant Yazîd fils de Abû Sufiyân, Général de Division de ses forces armées, ce qui donna aux Omayyades une excellente occasion de rétablir leur pouvoir, une occasion trop belle pour ne pas être avidement saisie par eux, et un pouvoir trop longtemps désiré pour être relâché une fois qu'ils l'auront détenu. Ainsi, très vite, Yazîd s'assurera la haute position du Gouverneur de Damas (l4 A.H., soit l'été de 634 A.J.C.), sous le Califat de `Omar. Quelques quatre ans plus tard (18 A.H., automne 639 A.J.C.) lorsque Yazîd ainsi que le Commandant en chef de Syrie, Abû `Obaydah, périront par la peste, "`Omar nommera Mu`âwiyeh, fils d'Abû Sufiyân et frère de Yazîd, le Chef Commandant de la Syrie, et posera ainsi les fondations de la dynastie Omayyade". Abû Bakr, ne voyant que ses propres intérêts immédiats dans cette nomination, ne tint aucun compte de ses conséquences déterminantes en défaveur des Hâchimites, les descendants du Prophète, et Omar, en encourageant la cause des Omayyades, négligea la rivalité traditionnelle et ignora délibérément la haine profonde ressentie par les Omayyades envers les Hâchimites après la bataille de Badr dans laquelle `Otbah, Chaybah et WAlid, les grands-pères de Yazîd et Mu`âwiyeh, ainsi que les éminents dirigeants de Quraych tombèrent sous les coups de sabres des Hâchimites. Le résultat de l'ascension des Omayyades sera, très évidemment, comme l'avait prévu et souligné Hobâb lors de l'élection de Saqîfah, la destruction de ceux qui avaient tué les Quraychites. Mu`âwiyeh établira très habilement son autorité, grâce à des manœuvres à long terme, sur toute l'Arabie. Après sa mort, son fils Yazîd vengera ses proches tués, et collectera les dettes de sang - qui seront restées impayées pendant deux générations - chez les descendants du Prophète à Karbalâ'. La Connaissance du Coran par Abû Bakr
Abû `Obaydah, citant Ibrâhîm al-Taymî relate qu'Abû Bakr avait été questionné à propos de la Parole du Très-Haut : "Des vignes et des légumes" (Sourate `Abasa, verset 28), et qu'il répondit : "Quel ciel me couvrirait de ses ombres, et quelle terre me nourrirait, si je disais ce que je ne sais pas du Livre de Dieu. "Al-Bayhaqî et d'autres, citant Abû Bakr, relatent qu'on l'avait interrogé un jour sur le sens d'al-Kalâlah (Sourate al-Nisâ', verset 175), et qu'il répondit : "Je vais vous donner une opinion concernant ce mot. Si elle est juste, elle est de Dieu, mais si elle est erronée, elle est de moi et de l'Esprit malin. Je pense que ce mot signifie "manque de parent et de descendant". Lorsque `Omar fut devenu Calife, il dit : "Je me garde de rejeter ce qu'Abû Bakr a dit". Al-Zamakh-charî donne à ce mot trois sens dans son grand Commentaire : l. Quelqu'un qui n'a ni fils ni père vivant; 2. Quelqu'un qui n'a ni père vivant ni aucun descendant; 3. Quelqu'un qui n'a aucun proche vivant de ligne parentale directe, ni à travers ses proches enfants. Al-Lalakai (Abul-Qâcim Hibat-IJllâh B. Hassan B. Manthur al-Radhî) relate dans sa "Sunnah", en citant Ibn `Omar, qu'un homme était venu voir un jour Abû Bakr et lui dit : "Ne penses-tu pas que la formication est prédestinée chez l’homme ?" "Si", répondit-il. L'homme dit alors : "Donc, si Dieu l'a prédestinée chez moi, va-t-il m'en punir cependant ?" "Oui, tu es fils d'une femme incirconcise, et par Allah, s'il y avait un homme à c6té de moi, je lui commanderais de te ramener à la raison." Mâlik et al-Dâr Qutnî, citant al-Qâcim B. Mohammad, relatent que deux grand-mères, la mère d'une mère et la mère d'un père, étaient allées voir Abû Bakr pour réclamer leur héritage, et qu'Abû Bakr accorda l'héritage à la mère du père. Sur ce, Abdul-Rahmân B. Sahel, un Ançârî qui avait combattu à Badr et qui était un associé des Banî Hârith, lui dit : "Ô Calife du Prophète de Dieu ! Ne l'accordes-tu pas à celle dont on ne pourra hériter lorsqu'elle mourra ?" (Selon la Loi musulmane un petit-fils n'hérite pas de sa grand-mère maternelle). Ainsi, il divisa l'héritage entre les deux grand-mères." Quelques Récits Concernant Abû Bakr
Al-Bazzâr (As-Sirar) relate la tradition suivante : "Lorsque ce verset : "N'élevez pas la voix au-dessus de celle du Prophète" (Sourate al-Hujurât, 2) fut révélé, Abû Bakr dit : "Ô Messager de Dieu ! Je ne m'adressai à toi qu'avec une voix de décrépit". (Ce verset a été révélé après qu'Abû Bakr et `Omar avaient élevé la voix si haut en parlant au Prophète à propos de la nomination d'un gouverneur, que leur attitude nécessita qu'elle fût dorénavant déclarée inadmissible - Sale).
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