Abou Bakr, le premier califeMoç`ab B. al-Zabayr et d'autres ont dit que les gens s'accordaient à lui donner le nom d'Abû Bakr Aç-Çiddîq (c'est-à -dire "témoin de la vérité"), parce qu'il s'était empressé de témoigner en faveur du Messager de Dieu, et qu'il avait adhéré fermement à la vérité..." A sa conversion à l'Islam, à l'âge de trente-huit ans, Abû Bakr prit le nom d"Abd-Allâh. Après le mariage de sa fille vierge, `Âyechah avec le Prophète, il s'appela Abû Bakr (le père de la vierge), celle-ci étant la seule des femmes du Prophète à s'être mariée avec lui alors qu'elle était encore vierge tandis que les autres étaient des veuves. Les Habitudes et la Profession d'Abû Bakr
Abû Bakr était un généalogiste versé dans la recherche de l'ascendance des Arabes, et plus particulièrement de celle des Quraych. "Ibn `Asâkir, citant Al-Miqdâd, note ... qu'Abû Bakr était connu aussi bien comme un grand insulteur que comme un grand généalogiste. Abû Bakr avait pris goût au commerce des vêtements. Le lendemain matin de la prestation de serment d'allégeance qui lui avait été faite, il se leva et se dirigea vers le marché avec quelques manteaux sur le bras. `Omar lui demanda : "Où vas-tu?" "Au marché", répondit-il. `Omar dit : "Est-ce que tu fais cela même après avoir été chargé de gouverner les Musulmans ?" "Et comment donc ma famille sera-t-elle nourrie ?" répliqua-t-il. `Omar dit : "Viens ! Abû `Obaydah va t'approvisionner". Et ils allèrent chez Abû `Obaydah (le Trésorier du Bayt-al-Mâl ou Trésor Public). On lui y octroya deux mille dirhams, mais il dit : "Augmentez la somme, car j'ai une famille et vous m'avez employé dans un autre travail que le mien". On lui donna alors un supplément de cinq cents dirhams. Mais cette somme étant encore insuffisante pour ses dépenses personnelles et celles de sa famille, on lui accorda une allocation annuelle de six mille dirhams (ou de huit mille selon d'autres sources) pour les charges de la maison. Ali soumis à l'Humiliation
"Abû Bakr envoya `Omar à la maison de Fatima où Ali et quelques-uns de ses amis s'étaient rassemblés, avec l'ordre de les obliger - par la force s'il le fallait - à venir lui prêter serment de fidélité. `Omar allait mettre le feu à la maison lorsque Fatima lui demanda ce que cela signifiait. Il lui dit qu'il brûlerait certainement la maison s'ils n'acceptaient pas de faire ce que tout le monde avait fait". Connaissant le tempérament de `Omar, les hommes sortirent de la maison. Il y avait là , Ali, `Abbâs et Zubayr. S'adressant aux adversaires, Ali dit : "Ô vous les Muhâjirîn! Vous avez revendiqué la succession du Prophète de Dieu en mettant en avant vos avantages sur les Ançâr, soit votre antériorité dans l'islam et votre lien de parenté avec le Messager de Dieu. Maintenant je mets en évidence les mêmes avantages que j'ai sur vous. Ne suis je pas le premier d avoir cru d la Mission du Prophète, et avant qu'aucun d'entre vous n'ait embrassé sa Religion ? Ne suis je pas plus proche parent du Prophète que vous tous ? Craignez Dieu si vous êtes de vrais Croyants, et n'arrachez pas l'autorité du Prophète de sa maison pour la faire vôtre". Debout derrière la porte, Fatima s'adressa aux assaillants ainsi : "Ô gens ! Vous avez laissé dernière vous et pour nous le corps du Prophète, et vous êtes partis pour extorquer le Califat à votre profit en abolissant nos droits". Puis elle éclata en sanglots et s'écria, plaintive: "Ô père ! Ô Prophète de Dieu ! Les ennuis s'abattent sur nous si vite après ta disparition, par la volonté du fils de Khattâb et du fils d'Abû Quhâfah ! Comment ont-ils oublié si vite tes paroles de Ghadîr Khum et ton affirmation que Ali était à toi ce que fut Aaron à Mûsâ !" Entendant les gémissements de Fatima, la plupart des gens du groupe de `Omar ne purent retenir leurs larmes et rebroussèrent chemin. Ali fut cependant conduit chez Abû Bakr, où on lui demanda de prêter serment d'allégeance à ce dernier. Il demanda : "Et si je ne lui rends pas hommage ?" On lui répondit : "Par Allah nous te tuerons si tu ne fais pas ce que les autres ont fait". Sur ce, Ali dit : "Comment ! Allez-vous tuer un homme qui est serviteur du Seigneur et le frère du Prophète du Seigneur ?" Entendant ces propos, `Omar s'exclama : "Nous n'admettons pas que tu sois un frère du Prophète du Seigneur", et s'adressant à Abû Bakr qui avait gardé le silence jusqu'alors, il lui demanda de se prononcer sur son sort (de Ali). Mais Abû Bakr dit que tant que Fatima serait vivante, il ne contraindrait d'aucune manière son mari. Ali put ainsi repartir et il se dirigea directement à la tombe du Prophète où il s'écria : "Ô mon frère ! Tes gens me traitent maintenant avec mépris et ont tendance à vouloir me tuer". (Une grande partie des Musulmans soutiennent que `Omar avait obtenu la promesse, en accord avec Abû Bakr, de succéder à ce dernier après sa mort. Mais craignant naturellement une réaction de colère à tout moment de la part du prétendant légal, Ali réaction qui pourrait détruire ses rêves ambitieux, `Omar désirait avec angoisse se débarrasser de Ali n'importe comment. Mais Ali était suffisamment sage pour supporter patiemment toutes les graves insultes et provocations dont il faisait l'objet, et éviter tout faux pas qui pourrait mettre en danger la sécurité de l'Islam). Fatima Réclame son Héritage
Fatima - la seule enfant survivante du Prophète, et sa fille très aimée - réclama son héritage de la propriété qui pouvait lui être lotie dans les terres de Médine et de Khaybar ainsi que de Fadak. Cette propriété faisant partie des terres acquises sans l`usage de la force, son père (le Prophète) la lui avait donnée pour en vivre, et ce conformément aux commandements de Dieu (Sourate Banî Isrâ'fi, verset 26). Mais Abû Bakr refusa d'admettre sa revendication, disant : "Mais le Prophète a dit : "Nous le groupe des Prophètes, n'héritons pas ni ne laissons d'héritage; ce que nous laissons est pour l'aum6ne". Entendant cette affirmation attribuée au Prophète et contraire à la version du Coran, Fatima fut chagrinée et si mécontente d'Abû Bakr qu'elle ne lui adressera plus la parole le restant de sa vie. Et lorsqu'elle mourut, six mois après la disparition de son père, Abû Bakr ne fut pas autorisé, conformément à sa volonté, à assister à ses funérailles. Il est significatif de noter qu'Abû Bakr était le seul narrateur de l'affirmation attribuée ci-dessus au Prophète. "Abû Bakr était un homme de jugement et de sagesse dont la circonspection et l'adresse fleuraient parfois la ruse. Son dessein semble avoir été honnête et désintéressé, visant le bien de la cause, et guère son propre intérêt". "Abû No`aym, citant Abû Çâleh, écrit dans son "Holyah" que lorsque les gens du Yémen étaient venus écouter le Coran à l'époque d'Abû Bakr, ils se mirent à pleurer, et Abû Bakr dit: "Ainsi nous étions, mais par la suite nos cœurs se sont endurcis" Offre d'ouvrir les Hostilités, Rejetée par Ali Abû Sufiyân B. Harb vint voir Ali et lui dit : "Comment se fait-il que le plus insignifiant des Quraych et le plus bas d'entre eux détienne l'autorité ? Par Allâh si tu voulais j'inonderais Abû Bakr de chevaux et d'hommes". Ali lui répondit : "Ô Abû Sufiyân, tu étais depuis longtemps hostile à l'Islam, mais cela ne le froissa guère". Selon le Dr. Weil, Abû Sufiyân et quelques parents de Ali avaient offert à ce dernier de recouvrer ses droits par l'épée, mais Ali, soucieux avant tout de la sauvegarde de l'Islam, rejeta fermement leurs offres. Quant à Abû Sufiyân étant un homme puissant, il fut alléché par des perspectives prometteuses pour ses fils, et son fils Yazîd étant promu plus tard Général d'une Division des forces armées d'Abû Bakr, il se transforma en un chaud partisan du Calife.
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