La philosophie des épreuves



L’homme est la conscience du monde. Il est doué de parole : il parle pour le monde, il en est le porte-parole. Il en est aussi responsable.

Les hommes sont donc soumis à une double loi : celles de l’univers dans lequel ils vivent, comme la loi de la gravitation ou celle de la précession des équinoxes, et celles qui les régissent plus personnellement et qui sont variables d’un peuple à l’autre, d’une personne à l’autre.

Les unes forment le terrain dans lequel il vit, ce sont les lois qu’il ne peut changer. Grâce aux lois de la physique, les hommes ont fait voler des avions, lancé des fusées et voyagé vers la lune. Ils ont aussi exploré le fonds des océans. Les autres forment le code à suivre dans cette vie s’ils souhaitent librement tirer le meilleur de leur séjour sur terre. Ce sont des lois que les hommes ne suivent pas de façon homogène, loin de là. Comme ils disposent tous du libre arbitre, les hommes n’ont pas la même notion de toutes les choses ; ils découvrent en plus que leurs intérêts sont divergents.

Les hommes auraient aimé être régis par des lois présentant la même exactitude que celles des sciences physiques. Mais leur âme est un domaine qui ne se laisse pas dompter facilement - comme l’énergie nucléaire.

Tous les hommes adhèrent aux lois de la science de la nature et travaillent même la main dans la main pour les faire avancer. Mais trop de divergences les opposent. Ce que cherchent les uns se heurte souvent à la volonté des autres. Chacun parle sa langue, chacun pense différemment et chacun est capable d’argumenter pour étayer sa réclamation et montrer ses muscles au besoin pour faire pencher la balance en sa faveur. La vie sur terre est problématique. Il faut travailler pour vivre, peiner, lutter contre le froid et la chaleur, les maladies, etc. Il faut aussi lutter contre des congénères qui convoitent les terres, les espaces et les prérogatives. Il y a des guerres !

Ainsi la recherche des intérêts est devenue le moteur de l’humanité. Chaque peuple cherche à assurer à sa religion, à son mode de vie, la suprématie. Et dans ce but, il accumule des armes.

La guerre qui est la chose la plus horrible, la plus meurtrière, présente quelques aspects positifs. Elle révèle aussi la présence en l’homme de l’idée de grandeur, d’ambition de pouvoir total.

 Â« Et si Dieu ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la terre serait certainement corrompue… Â» (10) (Sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 251).

La guerre est considérée comme le mal principal qui ronge les hommes. Pourtant, nous lui devons tant de belles choses aussi : les progrès techniques entre autres, l’expérience des situations extrêmes, les occasions de se surpasser, l’héroïsme. La guerre, la concurrence, la compétition dans tous les domaines, sont les moteurs de la vie sur terre.

 Â« Le combat vous a été prescrit alors qu’il vous est désagréable. Or, il se peut que vous ayez de l’aversion pour une chose alors qu’elle vous est un bien. Et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle vous est mauvaise. C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. Â» (11) (Sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 216).



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