La philosophie des épreuves



Quand nous sommes sur le point « d’oublier Â» les bienfaits de Dieu, le Coran nous rappelle :

 Â« Et quand Nous comblons l'homme de bienfaits; il se détourne et se replie sur lui-même; et quand un mal le touche, le voilà profondément désespéré. Â» (18) (Sourate Al-Isrâ’ (Le voyage nocturne) ; 17 : 83).

 Â« L'homme ne se lasse pas d'implorer le bien. Si le mal l’atteint, le voilà désespéré, désemparé. Et si nous lui faisons goûter une miséricorde de Notre part, après qu'une détresse l'ait touché, il dit certainement : “ Cela m'est dû ! Et je ne pense pas que l'Heure se lèvera [un jour]. Et si je suis ramené vers mon Seigneur, je trouverai, près de Lui, la plus belle part ” (...). Quand Nous comblons de bienfaits l'homme, il s'esquive et s'éloigne. Et quand un malheur le touche, il se livre alors à une longue prière. Â» (Sourate Fussilat (Les versets détaillés) ; 41 : 49-51).

Le Coran expose des dizaines de versets semblables sur la psychologie des hommes. Ces versets aident le croyant à retrouver la voie droite à chaque fois qu’il risque de s’en éloigner.

Une chose est certaine, c’est que l’homme est venu sur cette terre pour être éprouvé et testé dans les meilleures conditions, à son avantage. Il est équipé pour faire face aux épreuves. Dieu l’aide par le message prophétique et Il ne cesse de l’aider par Ses encouragements, par l’annonce qu’Il lui fera bénéficier de Sa bonté. Mais l’homme doit aussi agir. Il n’est pas question pour lui de bénéficier des largesses divines sans effort.

« ... L’homme obtient seulement le fruit de sa tribulation (de ses efforts). Â» (Sourate Al-Najm (L'étoile) ; 53 : 39).

Dieu entend nos plaintes et Il prend plaisir à entendre les plaintes insistantes de ceux qui l’aiment et de ceux qu’Il aime. Il ne les récompense que mieux.

« Dis : "Si vous aimez Dieu, suivez-moi pour que Dieu vous aime et vous pardonne vos péchés". Dieu est Tout pardon, Miséricordieux. Â» (Sourate Âl ‘Imrân (La famille de 'Imrân) ; 3 : 31).

Nous avons donné ici un exposé rapide justifiant la thèse religieuse fondée sur une approche globale ou totale du problème de l’être dans lequel le mal n’est qu’un épiphénomène. Sur beaucoup de points que nous avons évoqués ici, les positions sont partagées grosso modo par toutes les religions et doctrines traditionnelles. Nous sommes loin des élaborations philosophiques qui ont exagéré la portée et la signification du mal au point de prôner des idées sceptiques ou d’élever le mal au rang d’essence même de l’être. Nous n'avons sûrement pas l'intention de dire que l’œuvre de certains philosophes soit elle-même un mal ! Loin de là ! Ils sont pour la plupart du temps des hommes sincères et bien intentionnés. Mais leur savoir basé uniquement sur la logique formelle aboutit à des conclusions qui laissent perplexe le croyant. Démontrer l’existence d’un être nécessaire n’étanche pas la soif du croyant pour qui Dieu ne fait pas de doute, et qui cherche bien mieux que de se rassurer de son existence, mais de se rapprocher de Lui.

Ibn 'Arabî conteste même l’être nécessaire des philosophes en écrivant : « Pourtant certains penseurs, dont Abû Hâmed (19) , prétendent qu’Allah peut être connu sans que l’on considère le monde, mais c’est là une erreur. Certes, on peut savoir qu’il y a une Essence principielle et éternelle, mais non que celle-ci est "Dieu" tant que l’on ne connaît pas ce qui est soumis à la fonction divine, et qui est l’"informateur" à son sujet. Â» (20) Comme on le voit pour Ibn 'Arabî, sans les « informateurs Â» c'est-à-dire les prophètes, on ne saurait pas ce qu’est Dieu, encore nos devoirs envers Lui et ce qu’Il attend de nous.



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