Le principe de la justice sociale selon la Famille du Prophète (saw)



Ces versets précisent nettement l’invitation du peuple vers Dieu comme le but de la mission prophétique. Il est évident que le but essentiel de la mission prophétique est l’invitation des gens à la religion divine, à la servitude de Dieu, ce pourquoi ils sont crées. Donc, on peut se demander si le principal but de la mission prophétique consiste à appeler les gens à Dieu ou bien à l’établissement de la justice ? Comment ces deux buts se rapprochent ? Est-ce que la révolution faite pour l’établissement de la justice est une introduction pour inviter ensuite les gens à la servitude de Dieu ou bien l’invitation à la servitude de Dieu compte pour une introduction qui aboutit à la révolution pour l’établissement de la justice ? Est-ce que le but essentiel est la connaissance de Dieu et le théisme, c’est-à-dire, le monothéisme théorique et pratique individuel ou bien le but essentiel consiste à établir la justice dans la société, c’est-à-dire, le monothéisme pratique social ? Mortéza Motahari a exprimé sur ce point quatre opinions différentes dont il choisit seulement une comme l’opinion correcte ([21]):

1. La mission prophétique des Messagers de Dieu avait deux buts indépendants :

L’un des buts touche le bonheur de la vie de l’homme dans l’Au-delà (le monothéisme théorique et le monothéisme pratique individuel) ; le deuxième but vise le bonheur terrestre de l’homme (le monothéisme social).

2. Le but essentiel de la mission prophétique est le monothéisme social et le monothéisme théorique et pratique individuel compte pour une introduction nécessaire qui aboutit au monothéisme social.

3. Le but essentiel est la connaissance de Dieu, de sorte que l’homme puisse s’approcher de Lui et qu’il puisse atteindre Dieu. Donc, le monothéisme social est une introduction qui aide l’homme à atteindre ce but supérieur, l’essence de l’homme cherche naturellement Dieu, c’est pourquoi en s’approchant de Lui, en Le connaissant et en traversant le chemin qui aboutit à Lui, l’homme peut trouver son véritable bonheur, sa perfection (morale) et tout ce qui le sauve du mal, c’est-à-dire, toutes les bontés grâce auxquelles l’homme atteint la félicité de l’Au-delà. Mais, étant donné que l’homme est aussi, par nature, une créature sociale, son cheminement vers Dieu, alors qu’il est séparé de la société, est impossible. Donc, détaché des autres humains et vivant dans une société où un ordre juste ne règne pas, l’homme ne peut jamais atteindre Dieu. Ainsi, en établissant l’équité et la justice, en refusant l’oppression et le racisme, les Prophètes se sont chargés de rendre favorables les conditions sociales pour que l’homme puisse atteindre le monothéisme individuel pratique. Donc, les valeurs sociales, comme par exemple la justice, la liberté, l’égalité et la démocratie ne sont pas, par nature, valides et ils ne sont pas le signe de la perfection de l’homme. Ils sont considérés comme des instruments qui aident l’homme à s’introduire dans le chemin de Dieu. Des instruments qui, à part la valeur de leur effet, n’ont aucune importance et leur absence est égale à leur présence.

4. La quatrième opinion ressemble au début à la troisième : le but suprême de la création de l’homme et sa perfection, ainsi que ceux de toute autre créature, se résument seulement dans le cheminement vers Dieu. Si l’on prétend que la mission prophétique se visait un double but, l’on commettrait un péché égal au paganisme, aussi, si l’on prétend que le but suprême des Messagers de Dieu était le bonheur terrestre de l’homme et ce dernier ne contenait qu’une vie paisible grâce à la justice, à la liberté, à l’égalité et à la fraternité, la mission prophétique serait considérée comme l’incarnation pratique du matérialisme. Mais contrairement à la troisième opinion, les valeurs sociales et morales, même si elles sont introduites comme des instruments, aidant l’homme à atteindre l’unique valeur originale, c’est-à-dire, la connaissance de Dieu et son Adoration, ne sont pas par nature invalides.

Il faut dire qu’il existe une double relation entre les instruments qui comptent pour l’introduction et leur effet (la conséquence de leur association). Parfois, la valeur de l’introduction se limite à ce qu’elle subit pour aider l’homme à atteindre le principal but et après y être parvenu, son existence n’aura pas d’importance. Par exemple, supposons qu’un homme veut traverser une rivière, il place un très grand morceau de pierre au milieu de l’eau, assurément après avoir traversé la rivière, l’existence ou l’absence de la pierre est égale pour l’homme. Mais, un autre aspect de la relation qui existe entre l’introduction et l’effet (la conséquence) nous présente l’introduction comme une partie inséparable dont l’existence est très importante et inévitable. Là aussi, l’introduction est un instrument pour toucher le but suprême mais son existence sera inévitable dans les étapes suivantes. Par exemple, nous pouvons citer les connaissances acquises par les élèves aux niveaux élémentaires. Certes, ces connaissances sont comme une introduction qui oriente les élèves pour parvenir aux niveaux supérieurs, mais, arrivant à ces derniers niveaux, l’élève aura encore besoin de ses connaissances élémentaires. Ainsi, l’introduction, ici, sera une partie inséparable de la conclusion. Par ces exemples, nous voulons indiquer les différents niveaux de valeur que possèdent les introductions. Ces dernières sont tantôt considérées comme le premier niveau ou bien le niveau élémentaire de la conclusion et parfois non, elle n’est pas une partie inséparable de la conclusion. La pierre qui reste au milieu de la rivière ne compte pas pour un des degrés auxquels l’homme doit parvenir pour arriver de l’autre côté de la rivière. Aussi, les connaissances des niveaux élémentaires et supérieurs constituent des degrés élémentaires et supérieurs d’une même Vérité. Ainsi se précise la relation qui existe entre les valeurs morales et sociales et le but suprême de la création de l’homme, c’est-à-dire, la connaissance de Dieu et Son adoration. En fait, cette relation ressemble à celle qui existe entre les connaissances primaires et secondaires. Donc, l’existence des valeurs morales et sociales importe beaucoup pour l’homme et ce dernier, après avoir parvenu à la connaissance parfaite de Dieu et Son adoration, aura effectivement besoin de la franchise, de la gentillesse, de la bienfaisance, de la grâce et de la générosité. Donc, la justice est une introduction pour la servitude à Dieu, mais, cette introduction s’attache à la conclusion et elle ne s’en sépare pas.

La justice sociale, à part la valeur suprême qu’elle tient par nature, est le meilleur instrument par lequel on peut atteindre la servitude à Dieu. Ce but suprême ne sera atteint que par elle. Ainsi, étant donné le rapport qui existe entre la justice et la servitude, l’essence de la mission prophétique sera évidente et le but du Sceau des Prophètes aussi sera clair. Le Messager Mohammad (as) était le Prophète de la justice qui invitait les gens à la servitude de Dieu. Dieu a, de façon évidente, précisé cette relation et Il a chargé le Prophète à établir la justice :

«فلذلك فادع و استقم كما أمرت ولا تتبع أهوائهم و قل آمنت بما أنزل الله من كتاب و أمرت لِاَعْدل بينكم»([22])

 Â« Appelle donc (les gens) à cela ; reste droit comme il t’a été commandé ; ne suis pas leurs passions et dis : Â« Je crois en tout ce qu’Allah a fait descendre comme Livre, et Il m’a été commandé d’être équitable entre vous. Â» 



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