La philosophie des épreuves



Ce que nous appelons le mal est souvent quelque chose qui résulte de nos actes et qui nous cause un déplaisir, une colère ou pire encore. Cela peut commencer par le désagrément causé par un débat (culturel, politique ou autre) banal avec un ami interlocuteur qui apporte des arguments plus forts et qui se montre plus savant ou plus intelligent que nous. Cela nous froisse, nous contrarie et nous met dans un mauvais état. Nous prenons cela pour un mal. Ce genre de mal est évidemment relatif, parce qu’il ne laisse pas de trace, et parce qu’il dépend de la force de la personnalité des personnes. Tout le monde ne réagit pas avec aigreur au moindre échec. Dans ce genre de cas, c’est la faiblesse ou la force du caractère qui est révélée.

Or il s’agit de la simple manifestation de la nature même de l’être dans ce monde. Nous sommes différents les uns des autres. Cependant, d’un côté, nous sommes les mêmes, tous des êtres humains, capables de communiquer entre nous, et de l’autre, nous sommes différents chacun avec sa capacité, sa configuration propre, son patrimoine génétique…

De même, le bien n’est que ce que Dieu nous dit être le bien, et qui est l’Essence même de Dieu. Nous gardons de façon innée une notion de ce qu’est le bien, en reconnaissant d’instinct ce qui est bien pour les hommes et ce qui est mal. Nous sommes mis à l’épreuve du bien et du mal, parce que le bonheur aussi peut être cause d’égarement.

Le Saint Coran dit dans le verset 35 de la sourate 21 Al-Anbiyâ (Les prophètes) : « Nous vous tentons par le malheur comme par le bonheur : c’est une mise à l’épreuve. A Nous de vous tous il sera fait retour. Â» (3) Dans ce verset, le mot traduit par épreuve est le mot arabe fitna, du verbe fatana qui signifie tester l’or en le brûlant afin d’en connaître la teneur. C’est une épreuve difficile.

Un autre verset, le verset 15 de la sourate 64 Al-Taghâbun (La grande perte), dit : « Vos biens, vos enfants ne sont que [cause de] tentation… Â» (4) . C'est donc un verset soulignant que notre séjour terrestre est un lieu d’épreuves. Et le croyant qui se trouve exposé à l’épreuve dans tout ce qu’il rencontre dans ce monde, bien ou mal, se remet en toute confiance à Dieu (tawakkol) : la seule solution est celle de la prière et de l’invocation, comme Dieu nous le recommande en maints versets du Coran, et comme le Prophète et les Imâms nous y invitent également. L’invocation de l’aide divine renforce l’âme et nombreux sont les témoignages de ses bienfaits sur l’esprit.

Une grande partie des invocations de la Famille du Prophète sont publiées et diffusées. Le célèbre Do’â de Komayl, que l’Imâm 'Alî (as) enseigna à son compagnon Komayl ibn Ziyâd al-Nakh’î, et aussi la Sahifa Sajjâdiyya (le Feuillet d’al-Sajjâd) du troisième Imâm, 'Alî ibn al-Hossein al-Sajjâd (as), sont des plus connues.

La prière et l'invocation (do’â) nous mettent personnellement en relation avec Dieu. Mais que dire à Dieu, que lui demander ? Va-t-on lui demander des choses de ce monde, par exemple, de nous aider à devenir chef ou à obtenir une promotion dans notre travail ou une augmentation de salaire ? Nous risquons de nous compliquer davantage la situation. Il est nécessaire d’acquérir une énergie spirituelle, une ambition spirituelle qui dépasse ce genre de demandes.

Même la demande est donc une épreuve. Elle doit être bien formulée et bien intentionnée. Le Coran dit : « Votre Seigneur dit : "Invoquez-Moi que Je vous exauce". Â» (Sourate Al-Ghâfir (Le Pardonneur) ; 40 : 60) Et aussi : « Que si Mes adorateurs t’interrogent sur Moi, Je suis tout proche à exaucer l’invocation de qui M’invoque… Â» (Sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 186).

Il n’est pas donné à tout le monde d’être le confident de Dieu. Apprenons alors à nous adresser à Dieu avec des paroles dignes de Lui.

Les vrais croyants sont ceux qui disent : « Ã” mon Dieu ! Fais-moi part de ce que le Prophète et sa Famille Te demandent Â» ; ou bien aussi, ceux qui prennent exemple chez les Beaux Etres, et qui, en se basant sur les recueils d’invocations du Prophète et des Imâms qu’ils ont lues dans les livres, disent : « Ô mon Dieu ! Fais-moi part "de ce pourquoi tel ou tel prophète ou envoyé ou saint (al-sâlihûn) T’a invoqué" (5)  Â».



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