La philosophie des épreuvesDieu veut relancer la passion de la vie, l’entretenir à un niveau convenable. Lorsque nous disons que Dieu est le maître du monde, nous affirmons une réalité essentielle de l’Être divin. L’ordre cosmique obéit à Dieu quoiqu’il fasse. Mais l’homme a reçu une mission précise pour l’exécution de laquelle il doit préparer son esprit, sa volonté. Nous confondons souvent le bien avec ce qui nous fait plaisir, et le mal avec ce qui nous incommode, alors que parfois une apparence de « bien » dissimule un mal, et qu’une apparence de mal nous cache un bien. « … Il se peut que vous ayez de l'aversion pour une chose où Allah a déposé un grand bien. » (13) (Sourate Al-Nisâ (Les femmes) ; 4 : 19). Lorsqu’un bien réel et vrai nous arrive, nous ne le reconnaissons pas, nous nous en méfions, par crainte. Ce sentiment d’inquiétude qui s’empare alors de nous est la preuve que nous ne savons vraiment pas toujours où réside notre bien et où réside notre mal. Nous ne sommes sûrs de rien, en fait. « C’est Allah qui sait, alors que vous ne savez pas. » (14) (Sourate Al-Baqara (La vache) ; 2 : 216). Nous agissons sans être certains que nous avons appuyé sur le bon bouton. Or cela n’est que la manifestation de la nature imprévisible du monde dans lequel nous vivons. Ce n’est pas le mal, ou si cela l’est, c’est au sens figuré. En ce sens, il existe une tradition fondamentale du Prophète (s) qui affirme la supériorité de l’esprit sur la matière, de l’intention sur l’acte. Il a dit : « Les actes ne valent que par les intentions (qui en sont à l’origine). A chaque homme, selon son intention. » (15) Par conséquent, un mal apparent peut se révéler un bien a posteriori, comme on le voit dans les explications que l’homme de Dieu (16) a fournies à Moïse, avant de se séparer de lui, dans la sourate de la Caverne. (17) Les sentiments ambivalents que nous éprouvons devant les évènements révèlent seulement le niveau faible ou fort, de notre capacité à gérer les situations. Cela devrait nous pousser à trouver les moyens de nous renforcer. Quand une voiture tombe en panne, on la répare, ou on lui remet du carburant. Le mal absolu n’existe pas. Il y a des épreuves, des examens destinés à juger de nos progrès. Un jeune enfant qui tombe, sourit, se relève et se remet à marcher. Cela fait partie de l’apprentissage de la vie. Il ne se plaint pas du « mal ». Ces épreuves se passent tous les jours, parfois avec solennité, parfois avec gravité, parfois sans même que l’on s’en aperçoive, l’Examinateur ayant camouflé la question. « Tout bonheur qui t’arrive vient de Dieu ; tout malheur qui te frappe vient de toi-même … » (Sourate Al-Nisâ’ (Les femmes) ; 4 : 79).
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