LA MORT, LA RÉSURRECTION ET L'ENFER- Le leurre de l'augmentation de la population: L'une des causes de l'insouciance est la recrudescence des naissances. La population du monde augmente sans cesse et ne baisse jamais. Une fois entraîné dans la spirale de la vie, l'homme peut – à cause d'idées fausses – croire en des notions attrayantes mais illusoires, comme "les naissances remplacent les mortsâ€, ainsi, l'équilibre de la population est maintenu. Un tel raisonnement rend propice les conditions de l'émergence d'une vision insouciante de la mort. Mais, si pour une raison quelconque, les naissances s'arrêtent dans le monde, nous serons plus attentifs à la mort des uns et des autres et nous verrons le résultat, la réduction de la population du monde. À ce moment-là , l'horreur de la mort commencerait à être ressentie. L'être humain verra ses proches disparaître les uns après les autres et réalisera que cette fin inévitable est aussi la sienne. Il éprouvera les même sentiments que les personnes condamnées à la peine capitale qui attendent dans le couloir de la mort, que chaque jour ils voient une personne ou deux emmenées pour être exécutées. Le nombre des condamnés dans les cellules baisse régulièrement. Les années passent, mais tous les jours, ceux qui sont toujours en vie se couchent avec une angoisse qui leur serre l'estomac et une question fatale: mon tour sera-t-il pour demain? Ils n'arrivent jamais à oublier la mort, pas même une seconde. Ironiquement, la situation actuelle des hommes n'est pas différente de celles des prisonniers décrits, ci-dessus. Les nouveaux-nés n'affectent en aucune façon le destin de ceux qui doivent mourir. Ce n'est qu'un leurre psychologique. Les habitants de ce monde qui ont vécu 150 années auparavant ne sont plus ici maintenant. Les générations qui les ont suivis ne les ont pas sauvés de la mort. De même, un siècle plus tard, ceux qui peuplent le monde aujourd'hui, disparaîtront, à quelques exceptions près. Tout est dû au fait que ce monde n'est pas une demeure permanente pour l'homme. Les méthodes de l'aveuglement de soi-même Parmi les raisons qui font que l'homme oublie la mort et se laisse submerger par l'insouciance, on trouve aussi certains mécanismes de défense employés par les gens pour se tromper eux-mêmes et s'aveugler. Ces mécanismes, dont certains sont mentionnés ci-après, transforment l'homme en une sorte d'autruche qui enfouit sa tête dans le sable pour éviter de faire face aux situations difficiles. • Remettre la pensée de la mort aux derniers jours de la vie: Les gens semblent considérer comme acquis le fait de vivre jusqu'à soixante ans, voire soixante-dix ans. Cela explique pourquoi les jeunes et les gens entre-deux âges emploient souvent ce mécanisme de défense. En faisant ces calculs, ils remettent à plus tard la réflexion à propos du sujet "tristeâ€, ils y penseront pendant les derniers jours de leur vie. Durant leur jeunesse, ils ne veulent pas occuper leur esprit avec des questions "déprimantesâ€. Les dernières années de l'existence sont de toute évidence celles où on ne peut profiter au mieux de la vie, donc elles représentent, selon la majorité des hommes, la période propice pour penser à la mort et pour se préparer à la vie future. Cette attitude offre un peu de réconfort car elle donne l'impression de faire quelque chose pour l'au-delà . Néanmoins, il est évident que faire des plans à long terme et ayant peu de chance d'aboutir est absurde, surtout venant d'une personne qui ne peut garantir son prochain souffle. En effet, chaque jour elle voit d'autres personnes de son âge, ou plus jeunes qu'elle, mourir. Les rubriques nécrologiques occupent bien des pages dans les quotidiens. Tout au long de la journée les chaînes de télévision nous informent de nouveaux décès. Très souvent, on est témoin de la mort de gens autour de nous. Toutefois, rares sont parmi nous ceux qui pensent que les gens autour de nous seront un jour témoins de notre mort et qu'ils liront peut-être l'annonce de notre décès dans un journal. Même si ces personnes bénéficient d'une longue vie, cela ne changera rien, car leur mentalité est toujours pareille; jusqu'au jour où elle leur fera face, ils continueront de reporter à plus tard leur réflexion à propos de la mort.
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