Éléments de Science du Hadithc- Le raccourcissement de la chaîne de transmission: C'est le nombre réduit d’intermédiaires de transmission entre le rapporteur et le Prophète ou l'Imam. On choisit le récit transmis par le plus petit nombre d’intermédiaires, en raison de la diminution de la possibilité d'une erreur ou d'un oubli dans la transmission. Ainsi, on choisit de préférence le récit d'un intermédiaire (“transmetteurâ€) qui l'a reçu directement d'un Compagnon du Prophète, citant directement celui-ci, au détriment du récit opposé reçu d'un compagnon de la deuxième génération (tâbe`î), citant un Compagnon qui cite le Prophète. 2- Les éléments préférentiels relatifs au contenu (matn): C’est l'ensemble des éléments qu'on trouve dans le contenu d'un récit et qui sont absents dans le contenu du récit opposé. On donne à ce récit un plus grand degré de probabilité de sa provenance du Prophète ou de l'Imam. Les éléments préférentiels de cette catégorie sont: a- Nous avons appris que le Hadith est tantôt rapporté textuellement du Prophète et tantôt le rapporteur paraphrase le contenu de la parole du Prophète. Dana ce cas, on préfère le récit rapporté textuellement à celui qui lui est opposé et qui paraphrase le contenu de la parole du Prophète, en raison de la probabilité de l'incapacité du rapporteur à transmettre l’intégralité du sens des mots utilisés par le Prophète. b- La structure du contenu (texte, matn) sur les plans de la force, de la rhétorique, de l'éloquence etc. On donne la préférence au récit dont le texte est éloquent et bien structuré à celui qui lui est opposé et dont le texte est à la structure relâchée et à l'expression faible, étant donné que la parole du Prophète est le sommet de l'éloquence et de la rhétorique et exclut tout style relâché et tout mode d'expression hésitante. c- Lorsque la signification de l'un des deux récits est confirmée par la multitude des expressions désignant cette signification, ou lorsque le contenu du récit comporte une expression de serment. Auquel cas, on préfère le récit dans laquelle il y a confirmation de la signification. L'un des exemples des récits à la signification confirmée est le récit qui énonce l'obligation faite au voyageur d'écourter sa prière lorsqu'il sort de sa maison après l'entrée en vigueur de l'horaire prescrit de la prière. En effet, il est dit dans ce récit: «Si tu ne le fais pas, tu te seras - par Allah - opposé au Messager d'Allah».99 En analysant le contenu de ce récit, nous remarquons qu'il est de type de “signification confirméeâ€. Car l'ordre de l'Imam: "écourte" dans le récit indique l'obligation de la réduction, de même que son expression: «et si tu ne le fais pas, tu te seras opposé...». L'intervention du serment “par Allah†renforce encore plus la signification visée. 3- Les éléments préférentiels extérieurs: il y a d'autres éléments préférentiels qui se trouvent dans récit et qui sont absents dans le récit qui lui est opposé. On les appelle, les éléments préférentiels extérieurs, parce qu'ils se situent à l'extérieur et de la chaîne de transmission et du contenu du récit. Les exemples les plus saillants en sont: a- Lorsqu'on trouve un autre indice qui appuie la signification de ce récit et la confirme. Or cet appui et cette confirmation font pencher la balance du côté dudit récit au détriment du récit opposé. b- Le fait que la plupart des uléma des siècles plus reculés aient adopté et appliqué ce récit fait pencher la balance de son côté (en raison de son adoption par ces illustres prédécesseurs), rend plus probable sa provenance du Prophète ou de l'Imam (étant donné la proximité- historique- de ces prédécesseurs de la source), et renforce la probabilité que les uléma qui l’ont adopté eussent connaissance de présomptions d'indices de son authenticité (indices et présomptions qui ne sont pas parvenus jusqu'à nous). Après avoir exposé les opinions scientifiques sur le rapport de l'égalité et de la préférence entre les récits, il convient de noter que les uléma ont des points de vue différents sur la façon de traiter avec certains de éléments préférentiels et de s’en servir comme arguments légaux. La résolution de l'opposition Les uléma de la Science des Fondations de la Jurisprudence ont élaboré une méthode scientifique pour résoudre le problème posé par l'opposition entre les récits. Cette méthode constitue l'une des branches les plus importantes de la science de Hadith et de la Science des Fondements de la Jurisprudence. C'est d’elle que dépend la compréhension et la déduction d'une grande partie des statuts, des concepts et des pensées islamiques. Cette méthode a ses règles qui sont: 1- La règle du cumul normative des récits opposés et de la primauté des uns sur les autres, tel que le cumul du général et du particulier, de la primauté du particulier sur le général, le cumul de l’absolu et du restreint, la primauté du restreint sur l'absolu. L'explication scientifique de cette règle est le recours à la norme ou au bon sens, car celui-ci comprend que lorsque le Législateur Sage promulgue deux lois, l'une sous une forme générale, l'autre sous une forme particulière, ou l'une à portée universelle, l'autre à portée restreinte, la loi à la portée restreinte est considérée comme une présomption de l'interprétation du dessein du Législateur, et non une contradiction avec ce dessein. C'est pourquoi, l’interprétation du dessein du Législateur résout d'opposition. Exemple: Il y a des récits qui interdisent d'une façon générale l'intérêt usuraire, tout comme il y a des versets coraniques qui décrètent cette interdiction et cette prohibition. Mais on trouve aussi des récits qui autorisent au Musulman de prendre un intérêt usuraire d'un mécréant en état de guerre. En effet, on attribue au Prophète cette parole: «Ne mangez pas ce qui provient d'un intérêt usuraire et ne calomniez pas une femme honnête (mohaççanah)». Et: «Entre nous et ceux qui sont en guerre contre nous, la question de (l’interdiction de) l'intérêt usuraire ne se pose pas. Nous leur prenons mille dirhams contre un dirham et nous ne leur donnons rien en échange».100 Lorsque nous confrontons ces récits opposés par leurs significations, nous comprenons que le Législateur Sage n'est pas contradictoire dans Sa Législation, mais a particularisé le statut général en exceptant de l'interdiction de l'intérêt usuraire, ce que le Musulman prend au mécréant en état de guerre contre l'Islam, à titre d'intérêt usuraire. 2- La règle de la préférence (tarjîh): C'est le fait de préférer le récit dont la chaîne de transmission, le contenu ou le contexte comporte des éléments préférentiels, et d'appliquer le statut qu'il énonce. 3- L'option (takhyîr): C'est le fait que "la personne assujettie aux obligations religieuses" (mokallaf) d'opter à son gré pour n’importe lequel des récits opposés qu'on ne peut réconcilier et qu’on ne peut en préférer l'un à l'autre. 4- La déchéance mutuelle: Certains uléma sont d'avis que les récits opposés d'une façon fixée dont on ne peut résoudre l'opposition par l'adoption des uns et des autres et qui ne comportent pas d'éléments préférentiels faisant pencher la balance vers les uns plutôt que vers les autres, se font déchoir mutuellement, et nous devons les ignorer et faire 7comme s'ils n'existaient pas. Et il nous faudra alors (pour pallier le vide juridique créé par leur déchéance) nous référer aux "fondements pratiques" (al-uçûl al-`amaliyyah), tel que "l'acquit de conscience" (barâ'ah)101 et la “précaution†(ihtiyât)102.
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