L’IMAMAT SELON LES TEXTES



C- PREVALENCE DE LA LEGISLATION SUR LES RESOLUTIONS DE LA SHOURA ET LA SUCCESSION

Les partisans de la shoأ»ra s’appuient sur les rأ©fأ©rences Ø£  l’instar de ce verset: آ«consulte-les dans les affairesآ» (s 3:159) pour justifier la vأ©racitأ© de leur conception. Imam Hأ¢kim pointe ce verset de la 3أ¨me sourate du saint Coran comme preuve de la nأ©cessitأ© de la consultation gأ©nأ©rale. Il dأ©clare en effet: آ«ce verset s’adresse أ©videmment au Prophأ¨te (أ§) sur l’obligation manifeste de consulter ses compagnons sur les affaires de la communautأ©. Ce verset s’assimile au devoir de ne pas avoir recours Ø£  l’avis de l’ensemble de la communautأ© (آ«consulte-lesآ») parce qu’il est difficile de les rأ©unir tous. Le Prophأ¨te (أ§) doit plutأ´t choisir au hasard quelques tØ£Ú¾tes et travailler avec le point de vue de la majoritأ© ou de ceux qui ont l’expأ©rience dans le domaine. La shoأ»ra en soi est-elle une ordonnance divine ou une simple recommandation que certains ont sagement prأ©levأ©e du saint Coran afin de servir de prأ©texte pour soutenir leurs objectifs macabres?

La rأ©ponse parait أ©vidente dans ce sens que la shoأ»ra telle que conأ§ue par Hأ¢kim ne concerne pas toutes les affaires islamiques. Par ailleurs, la consultation n’est pas un concept sur lequel il faut se rأ©fأ©rer pour trancher les litiges comme la question de l’imamat. Si elle est portأ©e ici au premier rang, c’est juste pour chercher Ø£  blanchir les acteurs qui ont commis le coup d’أ©tat contre la famille du Prophأ¨te (أ§) et أ©touffer l’ingأ©rence des textes dans le choix du successeur du sceau des prophأ¨tes. Ces acteurs eurent recours Ø£  la shoأ»ra dans Bani Saqأ®fa pour couvrir les intentions (empØ£Ú¾cher que les Hأ¢chimites accأ¨dent Ø£  la succession) qui les brأ»laient depuis que Mohammad (أ§) a أ©tأ© suscitأ© comme prophأ¨te pour guider l’humanitأ©. Et lorsque les conceptions incohأ©rentes s’infiltrent dans les textes islamiques pour valider une idأ©ologie, aussi hأ©rأ©tiques soit-elle, elles gagnent une grande crأ©dibilitأ© dans la mise en place d’un systأ¨me politique de gestion administrative, أ©conomique et stratأ©gique dans la nation islamique.

La conception sunnite sur l’imamat a instaurأ© le rأ¨gne des non immaculأ©s qui ont trempأ© dans l’abominable pour demeurer au pouvoir. L’objectif de la shoأ»ra parait si أ©vident qu’on peut se demander si ce rأ©sultat brandi Ø£  tous les coups a أ©tأ© un profit pour la communautأ© islamique? Est-ce par voie de suffrage universel pluraliste qu’un guide pour l’humanitأ© doit Ø£Ú¾tre choisi? Les savants sunnites donnent deux nuances Ø£  cette question:

آ· certains ont la conviction que la shoأ»ra est nأ©cessaire pour le choix du calife en particulier, et l’أ©volution du systأ¨me administratif islamique en gأ©nأ©ral. Sheikh Mohammad Abdأ® est l’un des tenants de cette tendance. Il soutient cette idأ©e par l’interprأ©tation qu’il donne Ø£  l’expression, آ«ceux qui dأ©tiennent le commandementآ» (s4:59) en disant: آ«cette expression renvoie aux grands compagnons (c’est-Ø£ -dire les personnes chargأ©es de dأ©libأ©rer sur la question de l’imamat) et se confirme dans ce verset آ«â€¦ se consultent entre eux Ø£  propos de leurs affaires…آ» (s42:38). Puisqu’il est impossible de rأ©unir tous les membres de la communautأ©, on peut se contenter de l’avis issu des dأ©lأ©guأ©s de chaque tribu (qui ne sont rien d’autres que les dأ©libأ©rateurs أ©voquأ©s plus haut)آ». Il est du devoir des dirigeants, continue-t-il, de mettre en application les dأ©cisions issues de la shoأ»raآ».[22]

آ· Un autre groupe pense que la shoأ»ra a des prأ©rogatives limitأ©es et ne tient que sur les affaires simples qui n’exigent nأ©cessairement pas l’intervention de la Providence. Qartibأ®, par exemple est de cet avis. Il soutient dans son ouvrage sur le commentaire su saint Coran: آ«la consultation est fondأ©e sur le frottement des conseils et les divergences d’avis qui, dans la mesure du possible se justifient relativement dans le Coran et la sunna. Si Allah, de par sa volontأ© a dأ©fini une voie par laquelle l’humanitأ© peut avoir le salut, il Lui revient de plein grأ© de dأ©terminer selon sa sagesse les guides qui doivent prendre en charge cette lourde responsabilitأ©آ».[23]

Les jurisconsultes imamites quant Ø£  eux أ©pousent le deuxiأ¨me avis sur le commentaire du verset de la shoأ»ra. Sheikh Mohammad Jawأ¢d Balأ¢ghi affirme: آ«le verset- آ«consulte-les dans les affairesآ» - s’oriente vers l’intention selon laquelle Allah le Trأ¨s- Haut veut que les croyants s’exercent Ø£  la concertation, pas pour que la consultation en soi soit considأ©rأ©e comme un devoir, mais plutأ´t pour initier les Arabes de l’أ©poque en particulier, et en gأ©nأ©ral les musulmans Ø£  أ©voluer dans l’accomplissement de bonnes إ“uvres Ø£  travers l’أ©change des idأ©es. Il ne s’agit pas ici d’une obligation au Prophأ¨te d’avoir chaque fois recours Ø£  ses adeptes, car Allah dأ©clare dans Son Livre: آ«il (le messager) ne parle pas sous l’effet de la passion si ce n’est la rأ©vأ©lation qui lui est inspirأ©eآ». Dans un autre passage Allah rassure son Envoyأ©: آ«compte sur Moiآ» chaque fois qu’il faut passer Ø£  la phase effective d’un ordre.[24]

L’أ©cole Ahl-ul-bayt (a.s) considأ¨re la shoأ»ra comme un avis provenant des musulmans sur un sujet qui ne fait pas appel Ø£  l’intervention de Dieu et son Prophأ¨te (أ§). En effet Allah dit dans le saint Coran: آ«confie-toi Ø£  Allah lorsqu’il t’a أ©tأ© dأ©crأ©tأ© un ordreآ». Le prophأ¨te ne passe Ø£  la mise en application d’une dأ©cision divine que lorsque Dieu lui en accorde les prأ©rogatives et non parce que les musulmans auraient siأ©gأ© et dأ©libأ©rأ©.

Chaque fois que le Prophأ¨te (أ§) a eu Ø£  consulter ses compagnons, c’أ©tait pour mesurer leur sagacitأ© dans la l’interprأ©tation de la Loi islamique, et non dans le but de solliciter une dأ©cision judicieuse. Il est أ©crit dans un passage coranique: آ«il n’appartient pas Ø£  un croyant ou Ø£  une croyante, une fois qu’Allah et Son messager ont dأ©cidأ© d’une chose d’avoir encore le choix dans leur faأ§on d’agir. Et quiconque dأ©sobأ©it Ø£  Allah et Ø£  Son messager, s’est أ©garأ© certes, d’un أ©garement أ©videntآ» (s33:36).

L’entrأ©e en jeu de la consultation n’est effective que pour les choses sur lesquelles Allah et son Prophأ¨te (أ§) n’ont pas instituأ©es. Toute tentative de concertation dans ce domaine est considأ©rأ©e comme un acte de dأ©sobأ©issance qui conduit Ø£  l’أ©garement et Ø£  la perdition.[25]

En conclusion, la shoأ»ra en soi est un principe facultatif recommandأ© pour enrichir les articles de lois islamiques dans tous les domaines de la vie. Son application n’est pas valable pour un imam infaillible car elle ne peut أ©mettre un jugement face aux actes, aux propos et aux jugements أ©mis par ce dernier. La shoأ»ra reste apprأ©ciable pour les problأ¨mes qui ne nأ©cessitent point l’intervention de Dieu et de Son messager. Nous avons par ailleurs dأ©montrأ© Ø£  la lumiأ¨re des faits historiques que la shoأ»ra n’a jamais أ©tأ© un principe de base politique constitutionnelle en islam car les trois premiers califes orthodoxes ne l’ont fait, ni les califes omeyyades et abbassides ne l’ont appliquأ©. Elle a أ©tأ© juste instituأ©e pour authentifier les faits historiques Ø£  l’origine de la succession des guides non mأ©ritants de cette أ©poque. Seul le noble Prophأ¨te (أ§) est mieux parti pour dأ©signer les successeurs testamentaires Ø£  la tØ£Ú¾te de sa communautأ©.



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