L’IMAMAT SELON LES TEXTES



3- La crainte d’une أ©ventuelle naissance de trouble et de dأ©sordre fut prise comme prأ©texte pour sagement justifier la nomination d’Aboubakr comme premier calife et l’allأ©geance qui s’en suivit. Une nomination qui, sans contestation n’a pas l’image d’un choix populaire, lorsqu’on sait qu’Oumar dans la mise en exأ©cution d’un plan dont lui seul connaissait la teneur, a portأ© Aboubakr au siأ¨ge du successeur du noble Prophأ¨te (أ§), contre toute attente, mأھme de la part du concernأ©.

Etant donnأ© que cette cأ©rأ©monie n’a pas connu la participation des autres tØ£Ú¾tes influentes de la communautأ©[3], aussi bien du cotأ© des Mecquois que des Mأ©dinois, on ne peut accorder un crأ©dit d’une consultation parlementaire Ø£  cette assise secrأ¨te pour falsifier le testament de Ghadir.

Les dأ©clarations d’Oumar justifient la prأ©cipitation de cette machination par le dأ©sir d’أ©viter le dأ©sordre de s’installer dans la communautأ© islamique. Mais, chose surprenante, ce mأھme dأ©sordre finira par أھtre lأ©galisأ© avec le temps comme l’un des moyens pour porter un calife au pouvoir dans le troisiأ¨me aspect que nous avons أ©voquأ© plus haut pour le choix du calife (imam Ahmed ditآ«l’imamat appartient au conquأ©rant et au victorieuxآ»). La communautأ© doit se soumettre et admettre la victoire du vainqueur par l’أ©pأ©e comme calife lأ©gitime. Cette vision ne donne-t-elle pas libre cours aux semeurs de trouble pour mieux faire rأ©gner la loi de la jungle?

B- NECESSITE DE L’ARBITRAGE DES TEXTES DANS LE CHOIX DU SUCCESSEUR DU PROPHETE

Al Farrأ¢ affirme: آ«Il n’y a pas de problأ¨me si la dأ©termination du calife ne se justifie pas dans les أ©crits. Cependant, le testament أ©crit peut avoir un mot Ø£  dire sur ce sujet, car le rang de l’imam et l’ampleur des tأ¢ches qu’il implique en sont dignes. Le choix, sans Ø£Ú¾tre incisif aux acteurs de la scأ¨ne islamique dأ©passait leurs compأ©tencesآ».[4] Le comportement de certains compagnons transforma la situation en une sorte de phobie qui exigeait la dأ©viation d’une أ©ventuelle crise sociale.[5] Raison pour laquelle, certains compagnons inquiets recommandaient fortement Ø£  Oumar, le deuxiأ¨me calife, de rأ©diger un testament pour dأ©finir publiquement celui qui le succأ©dera.[6]

Ibn Hizam approuve cela en ces termes: آ«Nous jugeons acceptable que la nomination d’un imam peut se rأ©soudre d’une maniأ¨re ou d’une autre. Par exemple, la dأ©termination d’un calife peut se rأ©aliser par la recommandation du testament du dأ©funt calife, peu importe si cela se produit du vivant ou aprأ¨s la mort du guide en place. Le noble Prophأ¨te (أ§) fit ainsi d’Aboubakr son successeur[7], Aboubakr, emboأ®tant le pas au Messager, nomma Oumar de son vivant. Souleymane ibn Abdoul Malik agit de la mأھme maniأ¨re pour Oumar ibn Abdoul Aziz. Telle est la mأ©thode pour laquelle nous avons optأ©, au dأ©triment d’autres mأ©thodes qui, selon nous, paraissent inadmissibles.

Cette mأ©thode, continue-t-il, prأ©sente un lien commun entre l’imamat et la gestion administrative des affaires islamiques et tranche en mØ£Ú¾me temps des sأ©ditions et des divergences dont l’expectative finit par provoquer l’anarchie et le dأ©sordre dans la faction de la communautأ© opposأ©e Ø£  cette forme de nomination.[8] La confirmation de la succession d’Aboubakr dans le saint Coran, les hadiths authentiques ou un quelconque testament verbal est la piأ¨ce qui manque Ø£  ce puzzle. De mØ£Ú¾me, ni le saint Coran, ni la sunna, encore moins un testament verbal ne revendiquent non plus la succession d’une tierce personne Ø£  la base. D’oأ¹ la nأ©gation de la communautأ© sur l’absoluitأ© d’une intervention des textes dans ce genre de problأ¨me. Quiconque chercherait Ø£  s’opposer Ø£  la mأ©thode de la nomination d’Aboubakr en particulier doit s’arranger Ø£  renier l’أ©vأ©nement de Saqأ®fa, complأ¨tement ou partiellement, rأ©futer les hadiths mentionnأ©s dans les آ«six livres de base sunnitesآ»[9], rapportأ©s sur cet أ©vأ©nement par des personnes telles qu’Aboubakr, Oumar, Ali, Zabأ®r… Il doit aussi, par consأ©quent, saper l’ensemble de l’idأ©ologie sunnite sur l’imamat. Cette thأ©orie a un fondement unique Ø£  l’origine: l’allأ©geance Ø£  Aboubakr Ø£  partir d’une forme de dأ©signation qui vit jour lors de l’أ©vأ©nement de Saqأ®fa, ainsi de suite. Tout est parti du principe d’une consultation entre les acteurs de la communautأ©. Renier cette mأ©thode revient alors Ø£  admettre l’invraisemblabilitأ© de la rأ©alitأ© circonstancielle qui y eut lieu. C’est-Ø£ -dire dأ©clarer purement et simplement queآ«le saint Coran et la sunna ne s’accordent aucunement sur la lأ©gitimitأ© de la succession d’Aboubakrآ»[10]

Alghazalأ®, prenant le contre-pied d’Ibn Hizam s’أ©rige contre ces propos en s’interrogeant: آ«N’أھtes-vous pas en train de soutenir que le Prophأ¨te (أ§) ou le calife doit procأ©der Ø£  une dأ©finition testamentaire de son successeur afin d’en finir avec ce vieux conflit dأ©passأ©? Nous sommes d’accords que si c’أ©tait une obligation le noble Prophأ¨te (أ§) l’aurait fait (ce qu’il n’a pas fait), de mØ£Ú¾me qu’Oumar.[11]

Lorsque Hizam أ©volue dans l’argumentation de ses assertions on constate qu’il rejette carrأ©ment le fondement de la Shourأ¢ et les prأ©rogatives des acteurs, en soutenant que le calife est une affaire qui doit se traiter par les textes (le saint Coran, la sunna ou tout autre testament de l’autoritأ© en place). Sa prأ©sence dans les textes s’avأ¨re plus rassurante, quand bien mأھme les textes ont jugأ© mieux rendre uniforme le problأ¨me et la rأ©alitأ©, sans aucune justification.

En effet, les textes ne peuvent se dأ©rober pour toujours dans ce principe parce que la Shourأ¢ n’est pas une attitude absolue Ø£  adopter ici. Les acteurs n’ont pas le droit d’أ©lire qui ils veulent inconditionnellement, car la Shourأ¢ exige des canevas et une dأ©ontologie notoire des textes. On avance que l’imamat est conditionnأ© par une appartenance Ø£  la tribu du noble Prophأ¨te (أ§), c’est-Ø£ -dire les Quraychites, justifiant cela par les dأ©claration d’un hadith du vأ©nأ©rأ© Prophأ¨te (أ§) qui soutiennent: آ«Les imams son de la tribu des Quraychitesآ». Il affirme encore: آ«Les Quraychites devancent et ne sont point devancأ©sآ». Ces hadiths sont incontestables et aucune autre dأ©claration ne s’y oppose.[12]

Il faut Ø£Ú¾tre Quraychite de descendance, c’est-Ø£ -dire avoir pour ancØ£Ú¾tre Nadhr ibn Kinأ¢na, 12أ¨me aأ¯eux du Prophأ¨te Mohammad (أ§).[13]



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