Le retour vers le Coran, référence de l'unité de l'Oummah islamique



Au cours de l'histoire de la civilisation islamique, le retour vers le Coran a eu des significations et définitions différentes. Dans le présent article, nous allons en évoquer les plus importantes, avant d'en présenter la nôtre.

Les définitions les plus pertinentes qui ont été présentées pour le concept du « retour vers le Coran » sont les suivantes :

3-1- Le « retour vers le Coran », en prenant le Coran en tant que la seule et unique source de la charia :

Le retour vers le Coran en estimant le saint Coran comme l'unique et seule source de la Charia (loi islamique) signifierait ici le refus d'utiliser les autres sources de la loi islamique comme la Sunna (tradition du Prophète), le consensus, etc. Les oulémas qui soutiennent cet avis estiment que les hadiths ne constituent pas – du point de vue de documentation – des références tout à fait fiables. Pour appuyer leurs opinions, les partisans de cet avis évoquent que pendant des siècles, de nombreux récits et hadiths ont été inventés ou falsifiés, par les transmetteurs qui ne cherchaient qu'à assurer leurs propres intérêts personnels.

Au sujet de hadiths, le penseur contemporain Hassan Hanafi (1935) a écrit : « La collecte des hadiths – comme il l'a dit – se réalisait souvent sans qu'il y ait des documents et des preuves légales, et uniquement dans le sens des intérêts politiques. C'est la raison pour laquelle ce genre de hadith seraient dépourvus de légitimité du point de vue de la Charia. Cela nous amène à dire que le noble Coran est la seule et unique source à laquelle nous devons nous référer. » (Introduction de Hassan Hanafi à l'œuvre de Ghassem Ahmad, 1997, p. 8).

Mais il faut souligner que cette perception de la religion n'est pas sans danger, et qu'elle risque de porter préjudice à une partie importante de la religion musulmane, c'est-à-dire la Sunna (tradition du vénéré Prophète). En outre, ce regard pessimiste et excessif à l'égard des récits et des hadiths n'est ni conforme aux principes de la justice, ni compatible avec les méthodes érudites et savantes.

Il n'y a pas l'ombre d'un doute que pendant les différentes périodes historiques et pour diverses raisons politiques, un grand nombre de hadiths ont été injustement inventés ou falsifiés. Pourtant, il ne faut pas négliger l'importance des efforts sans arrêts de très grands savants et érudits musulmans qui ont longtemps travaillé dans le domaine de la collecte et de la transmission des récits et des hadiths. En se soumettant aux règles et aux principes stricts des méthodes savantes qui leur permettaient de distinguer les vrais et les faux hadiths, ces grands érudits ont considérablement réussi à collecter des recueils de hadiths fiables, bien que la critique thématique et analytique des hadiths n'ait pas été aussi développée que la critique de la véracité et de la documentation des hadiths et des transmetteurs. Dans le domaine de la Sunna (tradition), il existe de très nombreux hadiths qui font l'objet d'un large consensus en raison de leur fréquence. Par conséquent, il n'est pas possible de condamner l'ensemble de la Sunna du vénéré Prophète de l'Islam (saws), en raison de l'existence d'un nombre de hadiths faux et falsifiés. Cela nécessite un jugement impartial et savant sur la base de la justice. Ceci étant dit, cette perception du « retour vers le Coran » ne serait pas un élément unificateur, mais il créera par contre de sérieux obstacles devant le projet de l'unité islamique.

3-2- Le « retour vers le Coran », dans le sens d'effort pour sortir le Livre saint d'isolement et d'oubli apparents :

De ce point de vue, l'argument qui est avancé par les partisans de ce concept consiste en la nécessité de sortir le noble Coran du domaine des cérémonies religieuses et des étagères de bibliothèque, pour l'amener sur le devant de la scène sociale. Ainsi, il faudrait envisager l'enseignement du noble Coran au même titre que les autres sciences (jurisprudence, principes religieux, logique, philosophie, …). Autrement dit, le Coran doit être quotidiennement vu, lu et entendu. (Bastekar, 1999, p. 186 ; Esfandiyari, 2004, p. 331 ; Moradi, 2008, p. 70).

Cette définition du « retour vers le Coran » s'appuie sur une attention particulière portée sur les différents aspects des savoirs et des techniques coraniques, dont la lecture, la sémantique, l'éloquence et la lexicologie. En outre, il faut souligner que cette approche n'est aucunement en contradiction avec l'importance d'autres sources de la Charia (loi islamique) dont la Sunna, c'est-à-dire la tradition du Prophète (saws).



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