Eléments de Science du HadithParmi ceux qui ont refusé d’accorder un caractère d'argument à la doctrine du Compagnon, figure le philosophe al-Ghazâlî qui a dit à ce propos: «Quiconque est à même de commettre une faute ou une erreur, et dont on n'a pas établi l'infaillibilité, sa parole ne saurait servir d'argument légal. Comment dès lors pourrait-on considérer leur parole (la parole des Compagnons) comme une preuve légale, alors qu'ils peuvent se tromper? Comment pourrait-on prétendre qu'ils sont infaillibles sans qu'il y ait une preuve admise unanimement de leur infaillibilité? Comment pourrait-on concevoir l'infaillibilité d'individus dont les opinions respectives (sur un même sujet) sont différentes? Et comment, enfin, des gens prétendument infaillibles pourraient-ils émettre des jugements divergents sur un même sujet? Ceci ne saurait se concevoir lorsqu'on sait que les Compagnons eux-mêmes étaient tombés d'accord pour dire que chacun d'eux puisse avoir une opinion différente des autres sur un même sujet. La preuve en est le fait qu'Abû Bakr et `Omar Ibn al-Khattâb, n'aient pas renié à d'autres Compagnons d'avoir une opinion différente de la leur sur un même sujet. Bien au contraire, ils ont imposé à chaque mujtahid (Compagnon capable d'émettre une opinion personnelle) de suivre sa propre opinion relativement aux questions susceptibles de faire l'objet de divergence d'opinions. En bref, l'absence de preuve de l'infaillibilité (des Compagnons), le fait de l'existence de divergence entre les Compagnons, et le fait qu'ils aient admis officiellement que chacun d'eux puisse avoir une opinion différente des autres, sont les trois preuves incontestables de la "non-argumentalité" de la doctrine du Compagnon.» D'autres savants ont émis le même jugement qu'al-Ghazâlî à ce sujet. Contentons-nous de citer ce qu'a dit à ce propos le savant hanbalite Al-Âmedî en s'appuyant sur les opinions semblables exprimées par d'autres imams d’écoles juridiques: «Tous sont tombés d'accord que la doctrine (l’opinion) du Compagnon sur les questions de l'ijtihâd ne saurait servir de preuve irréfutable pour un autre Compagnon capable d'exprimer une opinion personnelle (mujtahid), peu importe qu'il soit imam, gouvernant ou juge légal. Mais ils ont divergé quant à savoir si la doctrine du Compagnon constitue ou non un argument légal aux compagnons des Compagnons (Compagnons de 2ème génération = “tâbi`înâ€) et aux mujtahid qui leur ont succédé : les Ach`arites et les mu`tazalites, al-Karkhî, al-Châfi`î (selon l’une des deux opinions qu’il a exprimées à ce sujet), Ahmad Ibn Hanbal (selon l’un des deux récits qu’on lui impute relativement au même sujet) ont répondu par la négative. J'affirme donc qu'elle ne constitue absolument pas un argument obligatoire...» «Il s'agit de savoir maintenant s'il est permis de suivre la doctrine d'un Compagnon, lorsqu'il est établi qu'elle ne constitue pas un argument obligatoire? Je réponds à ceci qu'il est absolument interdit de le faire» La Sunnah des Ahl-ul-Bayt
S'appuyant sur des Textes (du Coran et de la Sunnah du Prophète) qui font autorité, les adeptes d'Ahl-ul-Bayt, quant à eux, considérèrent la Sunnah de l'Imam `Ali Ibn Abî Tâlib, de ses deux fils al-Hassan et al-Hussayn, et des Imams descendant de ce dernier, comme étant le prolongement de la Sunnah du Saint prophète, et l'expression de cette celle-ci. C'est pourquoi ils l'ont adoptée comme une source de Loi après le Livre d'Allah et la Sunnah du Messager d'Allah. Les uléma de l'École d'Ahl-ul-Bayt fondèrent ce principe sur l'infaillibilité des Imams d'Ahl-ul-Bayt et leur dépouillement de tous péchés, ainsi que sur le fait qu'ils avaient été associés au Livre d'Allah et à la Sunnah du Prophète, et que ce dernier avait demandé à la Ummah (la Communauté musulmane) de se rattacher à eux et de suivre leurs instructions après sa dis. L’un des arguments sur lesquels les uléma de l'École d'Ahl-ul-Bayt fondèrent leur croyance à l'obligation de suivre la Sunnah des Imams d'Ahl-ul-Bayt est le verset coranique suivant (dit le Verset de Tat-hîr ou de Purification) qui décrète la pureté de ces Imams: «O vous les Ahl-ul-Bayt (Les Gens de la Maison du Prophète)! Allah veut seulement éloigner de vous la souillure et vous purifier totalement» (Sourate al-Ahzâb, 33 : 33). Les différents livres de Tafsîr (exégèse) et les différents hadith s'accordent pour souligner que les personnes visées dans ce verset sont les membres de la famille du Saint Prophète, en l'occurrence: `Ali Ibn Abî Tâlib (cousin et “frère†du Messager d'Allah), Fâtimah al-Zahrâ', la fille chérie du Prophète et l'épouse de l'Imam `Ali, ainsi que leurs deux fils, al-Hassan et al-Hussayn. En effet, selon al-Suyûtî al-Châfi`î, dans al-Durr al-Manthûr: <Al-Tabarânî a rapporté ce témoignage d'Om Salamah: «Le Messager d'Allah demanda un jour à Fâtimah: “Appelle ton mari et ses deux filsâ€. Elle s'exécuta. Le Prophète les couvrit alors d'un manteau de Fadak, et posa sa main sur eux en disant: “O Allah! Ce sont les Ahl Mohammad- ou les Âle Mohammad, selon une autre version- (la famille de Mohammad)! Que Tes Prières et Tes Bénédictions soient donc sur les Âle Mohammad comme elles avaient été sur les Âle Ibrâhîmâ€. Et Om Salamah de poursuivre: «J'ai alors relevé le manteau pour me joindre à eux, mais le Prophète l'a retiré de ma main en disant: “Tu es bien à ta placeâ€Â»>. Et selon al-Tirmithî: «Le Verset d'al-Tat-hîr (33 : 33) a été révélé dans la maison d'Om Salamah. Le Prophète appela alors Fâtimah, al-Hassan, al-Hussayn et `Ali. Il les plaça derrière son dos, les couvrit d'un manteau et dit: “O Allah! Ce sont les Gens de ma Maison (Ahl-u Baytî), éloigne d'eux donc la souillure et purifie-les totalementâ€.
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