Le Consensus (Ijma)Ceux qui affirment que le consensus est une source de la loi utilisent, pour prouver leur point de vue, des textes du Coran et de la sunna. a- Les textes du Coran
Le texte coranique le plus important qui a été utilisé dans ce but est le suivant : Quant à celui qui se sépare du prophète après avoir connu la vraie Direction et qui suit un chemin différent de celui des croyants, nous nous détournerons de lui, comme lui-même s’est détourné ; nous le jetterons dans la Géhenne : quel détestable retour final ! (Coran, An-Nisa, 115). Comment se fait la déduction ?
Le verset indique textuellement que celui qui suit un chemin différent de celui des croyants mérites la punition et le châtiment, ce qui prouve l’illicité de son action et l’obligation de suivre le chemin des croyants. La chose la plus importante qui peut être considérée comme un chemin des croyants est nécessairement présenté lorsque ces derniers sont en accord total, en ce qui concerne une question donnée. Par conséquent, respecter et suivre cet accord, ce consensus, devient un ordre divin, ce qui constitue une façon de dire que le consensus est une source de la loi. Cette thèse fut réfutée de plusieurs points de vue :
1- Selon le sens littéral du verset, le chemin des croyants est ce qui leur a été légiféré par Dieu en manière de qualification, dans les différents domaines de vie, telles que ces qualifications, sont déterminées par l’Islam. Ceci ne consiste une preuve sur le fait que le chemin des croyants est ce qu’ils choisissent eux-mêmes en matière de qualifications, que celles-ci soient ou non l’objet d’un consensus. Par la suite, ce verset ne prouve en rien la question qu’on cherche à prouver. 2- Le fil des éléments des versets montre que l’action de « faire scission avec le prophète » et celle de « suivre une chemin différent de celui des croyants » sont une seule action et non pas deux ; la preuve est donnée par l’unité de la punition, dans le verset : « Nous nous détournerons de lui, comme lui-même s’est détourné ; nous le jetterons dans la Géhenne » alors que les conditions sont nombreuses : « celui qui fait scission… les croyants ». Lorsque les conditions sont nombreuses et la punition unique, cela veut dire que les conditions sont unies du point de vue de leur cause, sauf dans le cas où il existe un indice montrant le contraire ce qui n’est pas le cas dans ce contexte. Par la suite, le fait de suivre quelque chose qui n’est pas « le chemin des croyants » ne peut pas servir, tout seul, comme cause de l’interdiction. Pour servir comme cause, il faut qu’il soit joint à la « séparation avec le prophète ». Le verset ne prouve donc pas ce qu’on cherche à prouver. A ce propos, al-Ghazali dit : « Il paraît que la signification du verset est celui qui combat le Prophète, s’oppose à lui et suit quelque chose qui n’est pas le chemin des croyants en se refusant de soutenir le Prophète, de l’aider et de le protéger contre ses ennemis… Nous nous détournons de lui ». Il ne s’agit donc pas de renoncer à s’opposer au prophète, mais il faut aussi suivre le chemin des croyants en l’aidant, en le défendant et en lui obéissant. Voilà le sens apparent et qui s’impose, avant tout autre, à l’esprit. » 3- Faire de telle sorte que la punition qui sera administrée, par Dieu, au Jour de la Résurrection, à celui qui s’oppose au Prophète et suit ce qui n’est pas le chemin des croyants est que Dieu se détournera de lui et lui fera suivre ce qu’il avait suivi dans ce monde-ci, c’est-à -dire le chemin qui n’est pas celui des croyants, ne peut être interprété à partir d’une considération selon laquelle le chemin des croyants serait le consensus. Le verset n’aurait plus ainsi, aucun sens, sauf celui selon lequel Dieu lui fera suivre l’opinion qu’il suivait dans ce monde-ci et qui est contraire au consensus. Pour cette raison, le sens de « ce qui n’est pas le chemin des croyants », dans le verset, doit être « le chemin des autres qui sont les incrédules et les hypocrites », et le verset ne donne aucun indice allant dans le sens du « consensus ».
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