Pphilosophie de l’Islam (Livre 2) 1En outre, la différence entre la morale et les règles de conduite ne doit pas être négligée. La morale a trait à la discipline et à la promotion d'une qualité des sentiments, des émotions et des tendances, alors que les règles de conduite sont des règles pratiques de comportement, qui sont soumises à nombre d'autres considérations et conventions, bien qu'elles se conforment, évidemment, parfois aux critères moraux. Par exemple, le respect de soi, la persévérance, le courage sont des qualités morales. Elles étaient de bonnes qualités il y a des milliers d'années et elles le restent encore. D'autre part, les règles conventionnelles de la table et de l'habillement sont le plus souvent locales et relatives. Elles ne sont pas directement liées aux systèmes moraux. Ainsi, ni la mauvaise exploitation des enseignements moraux, ni la divergence d'opinion les concernant, ne peuvent être avancées comme arguments pour prouver que ces enseignements n'ont pas une base solide. Il en va de même pour la diversité des traditions et des règles de la vie sociale prévalant parmi différents peuples. En tout cas, bien que les principes moraux soit universels et stables, ils sont plus ou moins flexibles. Par exemple, la véracité est un principe moral incontestable de l'Islam. Mais au cas où dire la vérité met en danger la vie, la propriété ou la situation de quelqu'un, on peut omettre de la dire. En tout cas, l'existence de cas exceptionnels où on se trouve devant un dilemme moral, ne diminue pas la valeur d'un principe. En somme, la véracité est une excellente qualité morale et spirituelle. On ne doit pas normalement s'écarter de la règle de dire toujours la vérité, sauf au cas où l'observation de cette règle engendre un conflit avec un autre principe moral. Nous savons tous que la prière est un acte de dévotion obligatoire en toutes circonstances. Mais sa forme est cependant réduite et simplifiée dans le cas de voyage ou de maladie. Le jeûne est un autre acte de dévotion toujours obligatoire. Mais il y a des circonstances dans lesquelles il n'est plus obligatoire de l'observer. Si une telle chose atteste la relativité de la morale, on peut dire que les enseignements islamiques aussi sont relatifs. En tout cas, cela ne signifie pas que la morale, n'a pas, en principe, une base ferme et qu'elle est purement conventionnelle. La morale a été définie comme une bonne pensée, une bonne parole et une bonne action. Est-ce une définition adéquate ? Beaucoup d'actes sont moraux et souhaitables du point de vue de certaines écoles, mais ils sont immoraux pour d'autres. Par exemple une école recommande la soumission à la force et la considère comme un devoir moral. Elle professe que si on vous frappe sur la joue droite, vous devez tendre la joue gauche. Mais il y a une autre école qui dit que si quelqu'un vous fait du mal, vous devez riposter et lui rendre la pareille. Toutes les deux écoles considèrent la réaction qu'elles recommandent respectivement comme étant la bonne. Malgré toutes leurs divergences de vues, chaque école appelle l'attitude ou la qualité qu'elle propose comme "une bonne parole" ou une "bonne action". De là , si l'action morale est définie comme "une bonne action", cette définition ne sera pas une formule qui s'explique d'elle-même. On dit parfois que c'est des qualités morales que dépend la perfection humaine. L'homme peut-il accéder à la perfection par la fortune et le confort matériel ? Peut-il acquérir la perfection par l'accession au pouvoir, l'acquisition de la connaissance, l'obtention d'une position sociale, la satisfaction des plaisirs personnels, ou par sa serviabilité sociale ? Ou bien est-ce en ayant toutes ces choses qu'il acquiert la perfection ? Ou bien encore, la perfection signifie-t-elle quelque chose d’autre ? C'est pourquoi la question la plus importante discutée par l'éthique est la détermination des critères et de la vraie infrastructure de la morale.
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