Le Masnavi et le CoranLe désir ferme l’oreille et l’empêche d’entendre ; l’attachement à soi-même ferme l’œil et l’empêche de contempler. De même que, dans le cas de l’embryon, le désir du sang qui est sa nourriture dans cette ville L’empêchait de prêter l’oreille aux nouvelles de ce monde. Il ne connut d’autre nourriture que le sang." [5] Dans divers passages de son œuvre, Mowlavi fait référence à l’absurdité de la dénégation de ceux qui ne croient pas à la vie future, ni à la faiblesse de leur argument, "puisque celui-ci consiste à dire : "Nous ne voyons aucun autre monde que celui-ci"". [6] En utilisant l’image du fœtus, Mowlavi exprime en ses propres termes le thème coranique récurrent évoquant le refus de l’être humain de croire en ce qui le dépasse et qu’il ne peut saisir par ses sens : "Mais vous aimez plutôt [la vie] éphémère, et vous délaissez l’Au-delà ." (75:20-21) Le vers "Ceci est absurde, c’est une tromperie et une illusion" fait écho aux versets coraniques citant directement les paroles de ces dénégateurs : "Ce n’est là que notre vie présente : nous mourons et nous vivons ; et nous ne serons jamais ressuscités." (23:37) ; “Quand nous mourrons et serons poussière et ossements, serons-nous ressuscités ?" (56:47) ; “Qui va redonner la vie à des ossements une fois réduits en poussière ?" (36:78). Dans le prolongement du Coran, Mowlavi invite à ne pas nier les aspects cachés de l’existence qui nous sont pour l’instant voilés. Il désigne également la cause de cette cécité : les passions, le désir et l’attachement à soi-même, qui aveugle et rend sourd : "Ceux qui refusent de croire ressemblent à [du bétail] auquel on crie et qui entend seulement appel et voix confus. Sourds, muets, aveugles, ils ne raisonnent point." (2:171) ; "Vois-tu celui qui prend sa passion pour sa propre divinité ? Et Dieu l’égare sciemment et scelle son ouïe et son cœur et étend un voile sur sa vue. Qui donc peut le guider après Dieu ? Ne vous rappelez-vous donc pas ?" (45:23) L’importance de la connaissance de soi
Pour échapper aux passions, l’homme doit entreprendre une introspection accompagnée d’une réflexion sur lui-même et le monde afin de découvrir qui il est réellement, et quels sont ses besoins réels. La connaissance de soi est en quelque sorte le fil conducteur du Masnavi et son thème d’ouverture, en ce que, selon Mowlavi et dans le prolongement du Coran, l’oubli de l’homme de ses origines peut être considéré comme la racine de l’ensemble de ses problèmes et souffrances : "Ecoute le ney (la flûte du roseau) raconter une histoire, il se lamente de la séparation : "Depuis qu’on m’a coupé de la jonchaie, ma plainte fait gémir l’homme et la femme "Je veux un cœur déchiré par la séparation pour y verser la douleur du désir.
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