Le Masnavi et le Coran



Quiconque demeure loin de sa source aspire à l’instant où il lui sera à nouveau uni." [7]

La clé du bonheur de l’homme est donc la connaissance de soi, car cette connaissance est elle-même la clé de la connaissance de Dieu, selon un célèbre hadith de l’Imâm ’Ali : "Qui se connaît, connaît son Seigneur." [8] Seule cette connaissance permet l’union, la "rencontre" et le "retour" vers Dieu évoqués dans ces vers et décrits par le Coran : "Ô homme ! Toi qui t’efforces vers ton Seigneur sans relâche, tu Le rencontreras alors." (84:6) ; "Ô toi, âme apaisée, retourne vers ton Seigneur, satisfaite et agréée." (89:27-28)

Sans cette connaissance qui donne un sens à sa vie, l’homme n’est plus qu’un étranger à lui-même : "Ne soyez pas comme ceux qui ont oublié Dieu ; [Dieu] leur a fait alors oublier leur propres personnes." (59:19). En se laissant absorber par les désirs de ce monde, l’homme oublie petit à petit sa véritable identité, et n’a plus de l’homme que l’apparence. Le but de la révélation est donc de lui rappeler qui il est, ce à quoi il est destiné, et de l’aider à avancer dans ce sens. Dans cette optique, le véritable enfer n’est pas un brasier extérieur, mais l’ignorance même de l’homme vis-à-vis de ses origines et ses conséquences. L’enfer n’est donc pas "les autres", pour reprendre l’expression d’un célèbre philosophe, mais bien une réalité que l’on crée en soi-même, en limitant son horizon à ce monde et en obéissant à ses penchants les plus bas :

"Ô rois, nous avons tué l’ennemi extérieur,

Mais en nous demeure un ennemi pire que lui.

Tuer cet ennemi n’est pas l’œuvre de la raison et de l’intelligence :

Le lion intérieur n’est pas vaincu par le lièvre.

Cette âme charnelle (nafs) est l’Enfer, et l’Enfer est un dragon

Dont le feu n’est pas diminué par des océans […].

Considère comme de peu de valeur le lion qui détruit les rangs des ennemis :



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