Récit du martyr de l'Imam HusseinRevêtu des habits de noce de son père, Qasim en était le vivant portrait. Il embrassa sa mère, salua sa tante Zaynab, puis vint embrasser avec respect les mains de son oncle Hussein L'Imam Hussein eut à cœur de tenir lui-même la bride du cheval pendant que Qasim montait en selle. Il le salua de ces mots :- Qasim, je ne serai pas long à venir te rejoindre ! Qasim s'avança vers la horde hurlante. Quand il parla, le silence se fit. Son éloquence était celle de son grand-père, l'Imam Ali. Les mots que portait sa voix juvénile faisaient baisser vers le sol les regards de ces brutes sans âme. Les vestiges de quelques qualités humaines étaient remués par le discours du jeune homme à peine âgé de quatorze ans. Omar fils de Saad perçut le danger et, une fois encore, fit appel aux plus bas instincts des plus cupides de ses hommes de main pour faire taire la voix qui réveillait quelques consciences. Qasim se battit, puisqu'il fallait se battre ! Il se battit avec tant de fougue et tant d'habileté que son oncle Hussein, qui observait le combat de loin, ne put retenir un cri d'admiration ! Plus un seul mercenaire n'osait l'affronter maintenant. Il avait beau les défier tous, tous se récusaient. Alors Omar fils de Saad ordonna de lancer l'assaut contre le jeune homme... Toute une armée contre un enfant de quatorze ans à peine ! Des centaines, des milliers de poignards, d'épées, de lances, de flèches venant de toutes les directions, pour venir à bout d'un enfant ! Qasim, couvert de blessures de la tête aux pieds lança son dernier cri d'adieu à son oncle. L'Imam Hussein sauta en selle et chargea, sabre au clair. Il se fraya un chemin au milieu de la horde de lâches, et seul le souvenir des charges de l'Imam Ali à la bataille de Siffine peut donner une idée de la violence avec laquelle il mit en fuite l'armée du tyran. Dans leur course éperdue pour sauver leurs vies minables, les soldats de Yazid piétinèrent le corps sans vie de Qasim. Quand le champ de bataille fut nettoyé de tous ces couards, et qu'il put enfin s'approcher de son neveu, l'Imam Hussein découvrit que le corps du garçon avait été déchiqueté en lambeaux ! - Mon Dieu ! Qu'est-ce que ces lâches ont fait de mon Qasim ? Il fallut un long moment à l'Imam Hussein pour se ressaisir. Il entreprit de rassembler les morceaux du corps de Qasim dans un morceau de tissu. Il chargea le paquet sur ses épaules fatiguées, et c'est d'un pas pesant qu'il repartit vers le campement : Mon pauvre Qasim ! Ta mère t'a envoyé au combat vêtu comme un jeune marié, et je te ramène à elle le corps coupé en morceaux ! En approchant du camp, il s'exclama encore : - Mon Dieu ! A-t-on jamais vu un oncle transporter le corps de son neveu dans un tel état ?
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