Récit du martyr de l'Imam HusseinL'Imam Hussein, regardant tout autour, découvrit sa petite fille, Soukeina, qui tenait les pattes avant du cheval en murmurant : -Zuljanah, je t'en supplie, n'emporte pas mon père sur le champ de bataille d'où personne n'est revenu aujourd'hui. Zuljanah mon oncle Abbas est parti chercher de l'eau, mais il n'est jamais revenu. Zuljanah, j'ai entendu parler mon père : il veut partir pour toujours et ne reviendra jamais. Zuljanah, n'emporte pas mon père, si tu ne veux pas me voir orpheline, sans personne pour m'aimer ni s'occuper de moi. L'Imam Hussein sauta à terre et prit Soukeina dans ses bras. -Soukeina, ma chérie, pourquoi n'es-tu pas restée sous la tente ? Ta mère a besoin que tu la consoles, après la mort d'Abdallah. Soukeina regarda son père dans les yeux. -Papa, dis-moi : ne pars-tu pas, pour ne jamais revenir ? N'es-tu pas sur le point de laisser ta Soukeina pour toujours ? Papa, comment ta Soukeina pourra-t-elle survivre sans toi ? Quand tu as ramené le corps sans vie de mon frère Akbar, j'ai cru que j'allais mourir de chagrin. Mais tu étais là , mon petit Papa. Tu étais là , et tu m'as consolée. Quand tu m'as dit que mon oncle Abbas était parti pour le Paradis et que je ne le verrai plus, j'ai cru devenir folle de tristesse, mais tu as su encore me réconforter. Dis-moi, Papa : quand tu seras parti, qui restera pour me parler, pour me rassurer. Qui partagera mes peines, qui me dira quelques mots de réconfort ? Je ne te laisserai pas partir, Papa. Tu ne partiras pas ! Rassemblant tout son courage, l'Imam Hussein répondit à sa fille : - Soukeina, ma chérie ! Comment pourrais-je t'expliquer que je dois partir pour combattre et être tué ? Comment pourrais je te faire comprendre que je dois mourir pour la Cause de la Justice et de la Vérité, et que pour cette Cause, je dois sacrifier tout ce que j'aime le plus au monde ? Tout ce que je peux te dire, c'est que la vie dans ce monde ne dure pas très longtemps. Ma chérie, je ne fais que partir un peu avant toi, mais tu viendras me rejoindre bientôt au Paradis. Maintenant Soukeina, il faut que tu me laisses partir. Ne me retiens pas. Mais adresse moi plutôt ton plus joli sourire pour me dire au revoir ! -Papa, tu dis que je te rejoindrai au Paradis. Promets-moi , Papa, que ce sera bientôt, très bientôt ! Promets-moi de demander à Dieu que nous ne soyons pas séparés longtemps. Et promets-moi encore, mon petit Papa, puisque je ne te verrai plus, de venir dans mes rêves toutes les nuits. Promets-le moi, Papa ! S'il te plaît, promets-le moi ! - Je te le promets, ma chérie. Je te le promets. Soukeina se laissa glisser des bras de son père. Elle l'embrassa, et resta debout prés du cheval. L'Imam Hussein enfourcha Zuljanâh. Il eut un dernier regard pour sa petite fille, un dernier sourire baigné de larmes.
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