Récit du martyr de l'Imam Hussein*** L'ordre arriva enfin de conduire les captifs au palais. Quand ils parurent devant lui, Yazid ne put croire que c'était là la Famille du Prophète. Quoi, ces gens hagards, décharnés, presque des fantômes... Ces squelettes en haillons recouverts de poussière, saignant par endroits des dernières blessures infligées par les chutes ou les coups de fouet... Ces spectres enchaînés, affamés, épuisés... - Omar fils de Saad ! Tu t'es moqué de moi ! Ce ne sont pas là les sœurs et les filles de Hussein... Où as-tu acheté ceux-ci, et où as-tu caché les autres ? Yazid était ivre. Il était assis sur un trône élevé. A ses pieds, dans un plat d'or massif, il avait fait placer la tête du petit-fils du Prophète. A la main, il tenait une coupe de vin qu'un échanson remplissait avant qu'elle soit vide. Yazid écumait de rage, les yeux injectés de sang. Omar fils de Saad se jeta à ses pieds. - Aie pitié de moi, Commandeur des Croyants ! Ton humble esclave a agi exactement selon tes ordres. Ceux qui sont devant toi sont bien Zaynab et Kolsoum, les sœurs de Hussein, Omm Layla et Omm Rabab ses veuves, Soukeina et Rokayya ses filles, et les autres sont les parentes et les orphelins de ses proches et de ses Chiites. Et devant toi j'ai amené aussi Ali Zayn Abidine, le fils de Hussein Yazid regardait les captifs. Il ne pouvait dévisager les femmes qui, toutes, cachaient leur visage derrière leurs cheveux. L'une d'elles semblait en outre se cacher derrière une très vieille femme. Yazid la désigna du doigt : - Celle-là là -bas qui se cache ! Qui est-ce ? - Majesté, c'est Zaynab, répondit Omar, qui s'était relevé. C'est la fille d'Ali et de Fatima. La vieille qui la cache s'appelle Fizza. Elle se glorifie de se nommer elle-même l'esclave de Fatima et de Zaynab ! Yazid éructa :
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