Récit du martyr de l'Imam HusseinLes tambours de guerre retentirent dans la plaine de Karbala. L'armée omeyyade annonçait sa victoire... *** La clarté de la lune ne parvenait guère à traverser l'épais manteau de poussière qui avait envahi le ciel. La nuit était sombre sur la plaine de Karbala, où les tentes du campement de l'Imam Hussein achevaient de brûler. Peu après le Martyre de l'Imam, la horde sans âme s'était ruée à l'assaut. Tout avait été pillé, dévasté. La Famille du Prophète n'accumulait pas les parures ni les objets de valeur, et les pillards avaient été frustrés du butin qu'ils escomptaient. Ils avaient quand même arraché aux veuves et aux orphelins tout ce qu'ils avaient pu leur prendre, et s'étaient vengés de leur déception en les frappant, en les fouettant... Avant de quitter le campement qu'ils avaient mis à sac, les suppôts de Yazid avaient incendié les tentes. Zaynab, à qui l'Imam Hussein avait confié les survivants du massacre, s'était précipitée vers Ali Zayn Abidine, qui gisait sans connaissance. Elle l'avait secoué, réveillé, lui avait demandé : -O fils de mon frère ! O notre Imam ! Les monstres ont mis le feu au campement. Devons-nous rester dans les tentes, et abréger ainsi nos souffrances, éviter les outrages, les humiliations ? Où devons-nous sortir pendant qu'il est encore temps ? Rassemblant ses faibles forces, Ali Zayn Abidine s'était redressé : - Ma tante, c'est notre devoir religieux de faire tout notre possible pour rester en vie, aussi pénible et peu désirable que puisse être ce qui nous attend ! Maintenant, ce qui restait de la Famille du Prophète s'était regroupé dans les débris d'une tente à moitié épargnée par l'incendie. Zaynab avait rassemblé les enfants, environ une quarantaine, et les femmes les comptaient, les identifiaient un par un pour s'assurer qu'aucun ne manquait. Quelle ne fut pas la consternation de Zaynab, d'Omm Rabab, et de tous les survivants en s'apercevant que Soukeina n'était pas là ! Laissant le campement à la garde des autres, Zaynab et Kolsoum se lancèrent à sa recherche. Longtemps elles errèrent dans la nuit sombre, marchant au hasard dans le désert. Elles appelaient : - Soukeina ! Où es-tu ? Soukeina ! Réponds !
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