Récit du martyr de l'Imam Hussein



Obeydoullah vit que tous, presque sans exception, admiraient le courage de cette femme, et il se dit qu'elle était bien capable de soulever la ville entière contre lui ! En hurlant, il lui ordonna de se taire, menaçant des pires châtiments elle-même et les autres captifs si elle n'obéissait pas. Zaynab continua de plus belle. Elle parla des mérites de son frère, l'Imam Hussein, qu'elle mit en parallèle avec les vices du fils de Moawiyah. Elle dénonça les, atteintes que le dictateur omeyyade portait à l'intégrité du Message de l'Islam. Elle décrivit en détail les atrocités commises par les hommes de main du Calife à Karbala.

Obeydoullah appela ses gardes, leur dit de faire sortir immédiatement les prisonniers. Il ordonna à Chamir dé prendre à l'instant même la route de Damas, sans laisser un moment de plus Zaynab et les autres a Koufa. Et lui-même, fou de colère, sortit du palais pour aller à la Mosquée.

Du haut de la chaire, Obeidoullah regarda la foule qui était massée à ses pieds. Il était ivre d'orgueil d'être Gouverneur de cette ville, autant que de la perfide victoire que ses troupes venaient de remporter. Il voulait chasser la fâcheuse impression que lui avait laissée le discours de Zaynab. Cette femme lui avait gâché le plaisir qu'il pensait tirer de son succès. Il prit la parole, s'adressant aux habitants de Koufa :

- Gloire à Dieu, Qui a fait triompher la Vérité et ses partisans, Qui a donné la victoire au Commandeur des Croyants, Yazid, et Qui a tué le menteur, Hussein, fils du menteur, Ali, ainsi que ses Chiites!

Une voix lui répondit. faisant trembler les murs de la Mosquée :

- Tais-toi, ennemi de Dieu ! Cesse de blasphémer ! Tu es un menteur, de même que ton père, et de même que celui qui t'a nommé à ce poste et que le père de celui-ci ! Tu as assassiné les descendants des Prophètes, et maintenant tu oses monter à leur place ici, sur cette chaire !

- Obeidoullah pâlit, incapable de poursuivre :

- Attrapez-le !

Les soldats se saisirent de l'homme, Abdallah fils de Afif, qui était un Chiite de l'Imam Ali. Mais Abdallah lança le cri de guerre de sa tribu, les Azd. Immédiatement sept cents guerriers se rassemblèrent, l'épée à la main. Obeidoullah fut contraint de relâcher Abdallah. Mais la nuit venue, ses hommes de main s'introduisirent chez le courageux Chiite. Ils le tuèrent, et le crucifièrent sur la porte de sa maison.

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