Le Dialogue au Regard de l’IslamPar Dr Abbas Al-Jirari De la possibilité d’un dialogue contemporain Il est communément admis, et presque avec conviction, que le dialogue est une nécessité incontournable. Or, si ce dialogue signifie la conversation avec l’autre, quel qu’il soit, il ne signifie nullement la recherche d’un alter ego comme refuge, c’est-à -dire un autre que soi-même, le Moi étant somme toute bien enraciné. Il n’implique pas non plus le repli fanatique sur soi. Il n’engendre dans les deux cas que discorde et conflit tant avec soi-même qu’avec autrui. C’est ainsi que le dialogue doit écarter initialement tout élément de défi, endogène soit-il ou exogène, en vue d’assainir l’atmosphère et de mettre en évidence les occasions propices à la rencontre. Toutefois, si les chances de cette rencontre sont réelles, eu égard à la disposition des partenaires à s’y investir et à ouvrir des perspectives, l’assainissement, quant à lui, présuppose l’élimination de tous les aspects d’antipathie et de toutes les attitudes d’hostilité héritée à travers l’histoire. Il implique également l’effacement des incriminations tacites et franches, souvent lancées à la légère et de manière projective. Elle suppose enfin la nécessité d’écarter le désir ardent d’intervention et d’orientation qui traduit les desseins du plus fort qui s’évertue à exhiber sa supériorité, sa suprématie et partant sa domination qu’il impose à sa convenance. Ce faisant, il sombre dans l’erreur, en ce qu’il désire inféoder l’autre à sa volonté en lui reniant son identité et sa spécificité. Une telle attitude illustre la méconnaissance de l’un des principes élémentaires et des fondements du dialogue, à savoir l’acceptation de l’interlocuteur tel qu’il est, en cherchant des terrains d’entente dans le contexte de la différence. Cette vision de dialogue n’est nullement en contradiction avec l’esprit, les exigences et l’évolution de notre époque, lesquels ont occasionné l’acheminement vers ce qu’on désigne par "mondialisation". En effet, comme cette mondialisation est un phénomène contemporain, à caractère civilisationnel et culturel, elle ne doit pas impliquer l’élimination de tout ce qui en diffère. Plutôt, si elle vise l’universalisme, elle se doit de s’ouvrir sur d’autres phénomènes pour les mieux connaître, mieux communiquer avec et se faire féconder par leurs apports. C’est de cette manière que la mondialisation peut se parer du caractère humain qui constitue le lien entre toutes les civilisations et les cultures que l’homme a connues au fil de l’histoire, selon une spontanéité qui semble relever des principes immuables de l’univers. Parmi les implications premières de ces principes, il y a le fait que ces civilisations et ces cultures sont enclines à la cohabitation et à la convivialité, outre leur aptitude au dialogue et à la communication ; qu’elles sont fortes et dominantes ou faibles et dominées, et quelles que soient les confessions religieuses dont elles se réclament et auxquelles elles s’adaptent. C’est ainsi qu’est mise en évidence la valeur du dialogue au regard de l’islam, qui est conçu comme un modèle à la lumière duquel on peut asseoir un dialogue contemporain sur des bases saines et solides. C’est en effet ce que la présente étude cherche à mettre en exergue, à travers les deux sections qui la composent : La première section traite de l’importance du dialogue et des fondements de sa réussite. Y sont appréhendés également les conditions du dialogue, ses données historiques, sa nécessité et comment il doit être établi. La seconde section traite le dialogue tel qu’il est préconisé dans le Saint-Coran, à travers les termes et les vocables qui le signifient. Il y est également question de la méthodologie du dialogue avec des exemples qui l’illustrent. L’importance du dialogue et les fondements de son succès :
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