Le Dialogue au Regard de l’Islam* "L’homme cependant, est de tous les êtres le plus grand disputeur"(8); et * "Ton peuple s’en détourne, en disant : ‘Nos dieux sont-ils meilleurs, ou bien lui ?’ Ce n’est que par polémique qu’ils te le citent comme exemple. Ce sont plutôt des gens chicaniers"(9). Quant aux deux notions de "jidâl" (éristique) et "mujâdala" (polémique), elles admettent la même acception sémantique qui peut couvrir l’idée de la défense de la vérité (al-haqq) ou la tentative d’imposer le faux (al-bâtil). Or quand la polémique a comme dessein d’asseoir le faux, elle prend un caractère négatif en ce qu’elle n’engendre que la dissension et la querelle. C’est le cas des mécréants qui s’employaient à combattre la vérité en exigeant des miracles et en pressant le châtiment pour prendre en dérision les Signes d’Allah. C’est ce qui ressort du propos du Tout-puissant qui a dit : * "Et ceux qui ont mécru disputent avec de faux arguments, afin d’infirmer la vérité et prennent en raillerie Mes versets (le Coran) ainsi que ce (châtiment) dont on les a avertis"(10). Le Saint-Coran ne mentionne que deux occurrences du mot "al-jidâl" (au sens de "dispute"), et ce, respectivement dans les deux versets suivants : * "Le pèlerinage a lieu dans des mois connus. Si l’on se décide de l’accomplir, alors point de rapport sexuel, point de perversité, point de dispute pendant le pèlerinage"(11). * "Ils dirent : Ô Noé tu as disputé avec nous et multiplié les discussions. Apporte-nous donc ce dont tu nous menaces, si tu es du nombre des véridiques".(12) Cependant, le Saint Coran fait mention du verbe "jâdala" (discuter, controverser, polémiquer, tergiverser), conjugué aux formes de l’accompli (mâdî), l’inaccompli (mudâri’) et l’injonctif (‘amr), et ce dans vingt-cinq versets. Parmi ces derniers, à titre d’exemple, celui mentionné plus haut où Nohé est interpellé. Le verbe en cause est à la forme accomplie. Signalons également l’ouverture de la sourate "Al-Mujâdala" (La discussion) évoquée précédemment et où le même verbe est à la forme de l’inaccompli. En outre, le verbe dans sa forme injonctive figure dans le verset où le Très-Haut dit : * "Par la sagesse et la bonne exhortation appelle (les gens) au sentier de ton Seigneur. Et discute avec eux de la meilleure façon. Car c’est ton Seigneur qui connaît le mieux celui qui s’égare de Son sentier et c’est Lui qui connaît le mieux ceux qui sont bien guidés"(13). 3. Al-mirâ’ et ses dérivés signifient : la dispute, la querelle ou la contradiction. Il s’agit de manifester son désaccord à l’égard des assertions du locutaire. En arabe, l’origine de ce terme vient du verbe marâ, qu’on reconnaît dans l’expression "mary an-nâqata", et qui veut dire : "presser le pis de la chamelle pour qu’elle donne du lait". Dans le contexte qui nous concerne ici, l’emploi est métaphorique, en ce sens qu’il s’agit en effet d’une tentative de la part de chacun des deux interlocuteurs de "presser" son partenaire pour qu’il extériorise le maximum de ses arguments.
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