Le Dialogue au Regard de l’Islam



C’est dans ce contexte qu’on peut apprécier l’importance que revêt le dialogue entre les religions. Aussi est-il opportun de méditer sur sa pertinence, de l’appréhender à travers de ses données historiques, notamment le rapport entre musulmans et chrétiens, et de mettre l’accent sur son extrême nécessité et sur les modalités adéquates de sa mise en œuvre.

Le dialogue : données historiques

Le dialogue entre musulmans et chrétiens a toujours été constant et ininterrompu, depuis l’avènement de l’islam jusqu’à nos jours. Toutefois, des affrontements conjoncturels en dehors du cadre des deux religions, ont fait que ce dialogue n’a pas toujours eu une évolution positive à travers les époques.

Le dialogue s’est manifesté dans les espaces de cohabitation entre les musulmans et les communautés d’autres religions révélées. L’Andalousie faisait figure de proue des contrées où régnait alors le climat de coexistence et de tolérance. Il en est de même de certaines régions du Mashreq (l’Orient), notamment Jérusalem, terre propice pour une telle convivialité. Le Maroc, quant à lui, était réputé pour le traitement favorable qu’il réservait aux gens du Livre parmi les juifs, sachant qu’il n’a pas connu la moindre expansion du christianisme.

Le dialogue était également de rigueur dans les débats religieux au sein des cercles scientifiques et dans les mosquées. Certains écrits en ont fait état, comme ce fut le cas de celui paru au VIIe siècle de l’hégire par Sa’d ibn Mansûr ibn Kamûna Al-Yahûdî, intitulé : "La révision des recherches sur les trois confessions : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam". C’est un ouvrage édité auquel on peut reprocher un certain ressentiment à l’encontre de l’Islam. A cela s’ajoute tout ce que les musulmans ont connu comme écrits sur les confessions et les doctrines, notamment pendant le rayonnement de la dialectique (‘ilm al-Kalâm).

Pour les musulmans, l’Histoire contemporaine a connu un lien entre le christianisme et l’expansion du colonialisme qui encourageait les campagnes d’évangélisation et combattait l’Islam dans de nombreux pays colonisés.

L’ère contemporaine est une période où plusieurs instances ont entrepris l’initiative du dialogue, notamment le Vatican qui semble être à l’avant-garde en la matière. Ses invitations au dialogue trouvaient souvent un écho favorable auprès des musulmans, en dépit de quelques réserves dues à la fragilité des positions du Vatican vis-à-vis de certaines causes arabes, en particulier, la spoliation du droit arabo-musulman à Jérusalem, en Palestine, et la dérive génocidaire perpétrée en Bosnie-Herzégovine.

Les aspects saillants de ce dialogue peuvent ressortir des éléments suivants :

1. La déclaration du Vatican, du 15 octobre 1965 sur "la relation entre l’Eglise et les religions non chrétiennes". Elle a été suivie de plusieurs conférences islamo-chrétiennes. La première et la seconde ont été tenues à Cordoue, respectivement, en septembre 1974 et en mars 1977. En outre, le Pape a organisé, en 1986, une réunion avec les représentants des différentes religions, durant laquelle des prières ont été célébrées selon les rites de chaque confession.

Ce qui est à souligner au sujet de l’action du Vatican, c’est bel et bien le fait que l’autorité pontificale a mis en place un Conseil pour le dialogue entre les religions (Pontifcium Concilium Pro Dialogo inter Religiones). Ce Conseil édite un bulletin et une revue intitulée "Etudes Islamo-Chrétiennes" (Islamo Christiano), dans laquelle sont publiés des articles en arabe, en français et en anglais.



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